Une drôle d’annonce

Comme Marie se laisser surprendre. « Il fut toute bouleversée » 

Elle était là confinée dans sa chambre, dans le secret de sa maison. Elle avait été fiancée à Joseph,  un homme juste et bon. Si elle était née en l’an 2000 elle aurait été sur son smartphone, à discuter avec ses amis pendant ce temps de confinement. Mais ce jour là ce n’est pas un sms qu’elle reçoit mais une visite. Qui donc pourrait venir à cette heure là, sans même y être invité… Ce n’est pas celle de son fiancé ni quelqu’un de sa maison… non c’est un ange de Dieu. 

Cette toute jeune femme s’attendait elle à recevoir la visite de Dieu ?  certainement pas. C’est le propre des visites de Dieu d’ailleurs que ce soit dans notre vie ou dans l’écriture sainte : elles nous surprennent. Au sens le plus positif du terme. Ces visites nous offrent une heureuse surprise. Heureuse Marie d’avoir recu la visite de l’ange. Heureuse Marie d’avoir ouvert assez son cœur à Dieu pour que Dieu puisse la visiter et lui parler comme un ami parle à un ami. Heureuse Marie d’avoir accepté que le Seigneur vienne un peu chambouler le court de sa vie tranquille. Heureuse Marie de s’être laisser surprendre et visiter.  En cela elle ne ressemble pas à Sarah la femme d’Abraham qui à la visite de l’ange avait, par quelques ricanements, douté de la visite de Dieu et des anges. Elle ne ressemble pas à Eve apeuré par la visite de Dieu après avoir croqué le fruit du péché. Elle ne ressemble pas non plus à nous même qui si souvent doutons de la présence et de la visite de Dieu. Pourtant, en venant en Marie, à l’aube des temps nouveau, en venant se cacher dans le sein maternel et protecteur le Sauveur venait surprendre l’humanité. Et c’est l’inouïe et la surprise du mystère que nous célébrons ce matin : l’incarnation de Dieu. Dieu infini, immense, tout puissant, qui vient se cacher, se faire minuscule, embryon dans le sein de Marie. C’est Dieu qui vient s’enfermer, se limiter dans le corps de Marie car il veut vivre chaque étape de notre vie humaine. 

Comme Marie faire confiance : sois sans crainte 

« Sois sans crainte, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu ». Quelle merveilleuse Parole que l’ange adresse à Marie. Mais finalement à travers elle c’est à l’humanité tout entière qu’il s’adresse. 

L’Annonciation c’est la fête de la sollicitude divine pour chacun d’entre nous. 

C’est tout de même paradoxal, dans un monde, le nôtre, qui s’est vanté qu’il était interdit d’interdire, qu’il fallait clouer au pilori les règles, et bien je ne cesse d’entendre : « mon père j’ai peur de rater mon examen, j’ai peur que ma fille fasse cela ou ne fasse pas cela, j’ai peur de changer de travail, j’ai peur de rater ma vie, j’ai peur que maman meurt, j’ai peur de ceci… » J’ai peur, j’ai peur, j’ai peur ! Nous vivons dans un monde terriblement angoissé, terriblement angoissé. Et nous le subissons tous. 
En fait, ce virus de la peur nous contamine bien vite, et bien facilement car il est une œuvre de Satan. Dieu ne parle jamais par la peur. Dieu attire à lui par sa grâce, Dieu nous aimante dans l’amour. Celui qui fait peur, celui qui angoisse, c’est le satan, le malin, le démon. A ce virus de la peur, à cette angoisse qui peut nous saisir à tout moment le Seigneur, avec Marie nous dit « sois sans crainte ». Car avec l’Incarnation du Seigneur, Dieu s’est penché d’encore plus prêt sur notre réalité humaine, parce qu’en descendant dans le sein de Marie, en venant se faire homme parmi les hommes Jésus devient notre compagnion de route. Parce qu’il se fait proche de nous. Notre assurance à nous chrétien ce n’est pas d’être certain de ne jamais rencontrer d’obstacle notre assurance c’est d’avoir à nos cotés le Sauveur. 

Comme Marie, accepter la souffrance et le salut 

« Qu’il me soit fait cela ta parole ». pleine de confiance, pleine de grâce Marie accepte de signer un chèque en blanc au Seigneur. Elle ne négocie pas les termes du contrat : « ok alors Seigneur, je prend la maternité, par contre niveau congés payés, primes spéciales… ca se passe comment ? » non Marie accepte tout. Elle ne sait pas où elle va. Mais elle veut faire confiance. 

C’est mystérieux peut être mais j’en suis convaincu  En disant « oui » Marie choisie de faire confiance au Seigneur. Comme dans le Mariage elle dit oui « pour le meilleur et pour le pire ». Alors oui dans la vie de Marie ce « fiat » passera pas la joie de la naissance et de la vie caché de Nazareth. Mais ce fiat de Marie inclu aussi la douleur de la croix. 

En fait c’est très cohérent. En disant « oui » à la parole de l’Ange Marie fait confiance et donne sa vie à Dieu. Elle accepte par avance le glaive que Syméon lui annoncera. Elle accepte par avance la souffrance de voir son fils mourir sur la croix. Elle accepte par avance que sa vie ne sera pas un long fleuve tranquille. Elle accepte en fait le chemin de salut que Dieu a choisi pour nous. Non pas d’être un sauveur masqué et capé qui volera dans le ciel en combinaison bleu et rouge pour sauver le monde. Non pas d’être un sauveur kafkayen jugeant le monde de son fauteuil céleste. Non pas d’être un sauveur bourré de potion magique d’un druide d’Armorique. Mais un Sauveur de l’intérieur un Sauveur qui décide de vivre chaque étape de la vie humaine : de la conception à la mort. Ainsi donc notre joie de l’Annonciation c’est cela : non pas seulement d’admirer Marie confiance, d’admirer Marie qui se laisse surprendre, mais surtout de savoir que notre Sauveur est proche de nous. Que notre Sauveur se fait l’un de nous. Que dans toutes les étapes de notre vie, jusque dans la souffrance et dans la mort il est là. 

Dans ces temps difficiles que nous vivons, dans ces temps où la maladie et la mort semble frapper autour de nous dans nos pays. Soyons des apôtres de cette bonne nouvelle. Le Seigneur se fait proche. Le Seigneur se fait tout proche, en particulier de ceux qui souffre. Et demandons à la vierge Marie la grâce de posséder, pour nous même et pour le monde, les dispositions de son cœur : se laisser surprendre par Dieu et lui faire confiance pour toute notre vie.