Le message du Précurseur

La semaine dernière, Saint Paul nous exhortait à sortir de notre sommeil spirituel, à nous réveiller pour prendre en main notre vie chrétienne. Voici qu’aujourd’hui la liturgie nous offre l’étrange figure de Jean-Baptiste. Pensez donc, en plein mois de décembre, le voilà vêtu d’un slip en peau de chameau digne de l’homme de Cro-Magnon, qui s’époumone à travers le désert, et qui a un régime pas même digne de Koh Lanta : sauterelle et miel sauvage… on est loin du Chapon grillé de grand mère. Bref, que vient faire cet original dans notre préparation à Noël ? Est-il juste ce gentil cousin de Jésus, qui a été envoyé il y a 2000 ans, pour que Jésus n’arrive pas juste comme cela ?

La difficulté avec Jean-Baptiste, c’est que souvent on oublie son message principal. « Convertissez-vous ». Se convertir, mon père c’est pour le temps du Carême. Oui, là on fait des efforts, on se convertit … mais l’Avent, c’est la joie !

L’Avent, c’est la crèche, l’Avent, c’est les bougies et la dinde, voyons… Se convertir, voilà pourtant le message du prophète, en ce jour. Si je porte des vêtements violets en ce jour, c’est précisément pour cela !

Quand on parle de conversion, il y a plusieurs versions possibles :

  • Raoul et Marcel au Maryland, face à l’Eglise : tu vois, franchement, les retraites, ça ne s’arrange pas, la jeunesse aujourd’hui, ce ne sont que des fainéants, pas un pour rattraper l’autre, le monde ne changera pas, foutu pour foutu, moi je vais aux champignons. Il paraît qu’il en reste, près de la table du Roi.
  • Il y a l’option prière universelle tiédace : C’est toujours Raoul et Marcel, mais en version catholique. Ils ne commentent pas l’actu, mais ils demandent à Dieu de faire le boulot à leur place : « Seigneur, transforme nos hommes politiques » « Seigneur, enlève la misère du monde, en commençant par la Syrie » « Seigneur, nous te prions pour la forêt d’Amazonie, viens la replanter… »
  • Et puis, il y a l’option Jean-Baptiste.
    Qui n’est pas franchement le juste milieu. C’est la parole du prophète, et donc, celle de Dieu : produits un fruit de conversion !
    Ce n’est pas « change le monde », ce n’est pas « Dieu change le monde, s’il te plait »… C’est : convertis-toi !

Le monde ne changera pas, si nous ne changeons pas. Alors changeons ! Convertissons-nous ! Là, vous vous dites, que c’est joli mais que vous ne savez pas trop comment faire ! Et bien, j’ai un plan ultra simple et rapide pour vous : la confession. Car, à y regarder de près, c’est de cela dont nous parle l’Evangile : « Toute la Judée et toute la région du Jourdain se rendaient auprès de lui, et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain en reconnaissant leurs péchés. » …

Bizarrement de nos jours, à Melun, toute la région ne se précipite pas au confessionnal … ni d’ailleurs toute la paroisse !

La confession pourtant, c’est une grâce, et une joie. C’est un fruit de conversion. C’est reconnaître qu’effectivement ma vie n’est pas parfaite, que ma vie est blessée, que j’ai du mal à aimer, mais que je veux me tourner vers Dieu, une nouvelle fois. Que je ne veux pas vivre dans la boue plus longtemps. Imaginez-vous entrer chez quelqu’un qui ne s’est pas lavé depuis 1 ou 2 ans…. Imaginez juste un instant l’odeur et l’aspect… et bien, c’est l’aspect de nos âmes, quand cela fait longtemps que nous nous sommes confessés.

C’est dur de se confesser. Il faut le reconnaître. D’autant que le démon, le malin fait tout pour mettre dans notre tête des excuses, ou des fuites, à ce temps de grâce. Imaginez une jeune fille bien tranquillement assise sur le banc de l’Eglise, elle attend son tour, paisiblement… à l’extérieur, car à l’intérieur, c’est très agité : « Oh et puis non, et puis, il va penser quoi le père Bidule, si je lui raconte tout ce que j’ai fait ? Et puis, de toute manière, vu que ça fait dix ans depuis la dernière fois, je peux bien attendre quelques jours de plus, je suis sur que mercredi, je serai plus en forme, c’est pas bien grave, et puis moi, de toutes manières, je me confesse ! Ah oui, ça je me confesse, toute seule, comme une grande, j’ai besoin de personne (Ben si, pour se confesser, c’est comme pour faire l’amour, on a besoin de quelqu’un, si t’es seul c’est pas de l’amour – ça c’est la voix de sa conscience.). Et puis, je ne sais jamais trop quoi dire, ou plutôt si, je sais très bien quoi dire, mais j’peux pas le dire j’ai trop honte. J’vous dis, la dernière fois que je me suis confessé, et ben, c’était exactement le même péché, ben oui j’ai qu’un péché, et c’est toujours le même et je le fais toujours (Les autres péchés, ben non ! j’en ai pas d’autre, blanc comme neige, sauf une tâche.) Ah oui, ça c’est mon dernier argument contre, l’argument théologique, imparable : Ça ne sert à rien de se confesser, puisqu’immanquablement, on se confesse à nouveau, c’est bien la preuve que ça ne marche pas la confession ! »

(Vous savez, il n’y a que deux endroits sur terre, où quand tu te plantes, on t’applaudit, et on te dit de continuer, de repartir et de persévérer : l’Eglise catholique et si tu es entraineur de l’équipe de France de Rugby).

Frères et sœurs, toutes ses pensées nous font sourire… mais ce sont les nôtres, et ces pensées ne viennent pas de Dieu. Ces pensées nous empêchent d’avancer. Ces pensées sont mortifères, elle ne produisent pas en nous la vie. Ces pensées viennent du malin, du démon, qui sait tellement combien ca nous fait du bien de nous confesser. Pourquoi ? parce qu’en allant nous confesser, nous regardons notre petit nombril …

Nous oublions que nous allons au rendez-vous de l’amour. On va trop souvent se confesser comme quand on répond à la convocation du directeur du collège… on oublie que la confession est d’abord une étreinte amoureuse. Pour la vivre, 5 étapes clefs.

  • La première, c’est l’examen de conscience : laisser le Seigneur, par son Évangile, éclairer notre conscience : laisser le Christ faire la lumière dans nos vies.
  • La deuxième, c’est le regret. Le regret, ce n’est pas des larmes de tristesse, mais des larmes d’amour. Parfois, on se confesse toujours de la même chose, car en fait, on ne se convertit pas vraiment, on ne regrette pas vraiment. Demandons au Seigneur cette grâce : de regretter son péché… vraiment ! 
  • La troisième étape, c’est l’aveu. Simple, court, efficace. Sans confesser les péchés du voisin, du conjoint ou des amis… On confesse des actes, pas des tendances. 
  • La quatrième étape, c’est le ferme propos : trop souvent, on reproche aux catholiques que la confession, c’est trop facile (on voit bien que ceux qui nous reprochent ça ne doivent pas se confesser souvent) ! C’est trop facile, tu fais une connerie et hop tu te confesses, t’effaces l’ardoise et tu recommences. Concevoir la confession de la sorte, ce serait se foutre de la gueule de Dieu et tu le sais: on ne se moque pas de Dieu. Le ferme propos, c’est justement ça, ce que tu dis juste après la confession : « Seigneur je prends la ferme résolution de ne plus t’offenser » tu vas tout mettre en œuvre pour ne pas tomber à nouveau, ça ne veut pas dire que tu ne tomberas pas, mais tu vas chercher une stratégie de combat, tu ne vas pas te laisser avoir comme un bleu, tu vas chercher sans te lasser, sans te décourager et avec la grâce de Dieu tu vas trouver. 
  • La cinquième étape : c’est d’entendre une des plus belles paroles sur cette terre : « Que Dieu notre père vous montre sa miséricorde, par la mort et la résurrection du Christ, il a réconcilié le monde avec lui, et il a envoyé l’Esprit Saint pour la rémission des péchés. Par le ministère de l’Église, qu’il vous donne le pardon et la paix… et moi au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, je vous pardonne tous vos péchés »

Je peux en témoigner, ma vie a changé, lorsqu’à l’âge de 16 ans, j’ai retrouvé le goût de la confession, j’ai goûté à la joie profonde et véritable. N’ayez pas peur. Confessez-vous ! C’est tellement beau la joie du pardon. Car si devant Jean-Baptiste on se contentait de confesser ses péchés, avec le Christ, on en reçoit le pardon !

N’ayez pas peur, goûtez à la joie du pardon. N’arrivez pas à Noël sans cela.

Le Seigneur vous attend.