La joie du Baptiste
Non je n’ai pas succombé aux assauts de la fashon week version sacerdotale, je ne suis pas non plus devenu un fan inconditionnel du stade Français au point d’en prendre les couleurs. Je ne suis pas non plus un nostalgique de piaf qui voyait « la vie en rose » et je n’ai pas pour projet de partir m’exporter dans le diocèse de la ville Rose… si je porte du Rose aujourd’hui, avec le risque de ressembler à une tranche de jambon, c’est pour une signification bien plus profonde et bien plus spirituelle. Ce dimanche, c’est le dimanche de Gaudate ! Le dimanche de la joie ! Et toutes les prières de la liturgie sont orientées dans ce sens.
Le temps de l’Avent, vous le savez, est un temps d’attente. Mais qu’attendons-nous ? Quelle joie nous attend ? la fin de l’homélie ? les cadeaux de Noël ? La fin de la grève ? Notre attente la plus profonde ce n’est pas une victoire du Stade Français ou du Paris St Germain (bon quoi que s’ils pouvaient gagner la Ligue des Champions, on ne serait pas mécontent). Croyez vous que 100 euros de plus par mois vous donnerait la joie ? Et bien, en ce dimanche, l’Eglise et le Seigneur nous offrent la recette de la joie véritable. Oh, pas la joie fugace d’un bon repas entre amis au coin de la cheminée, mais la joie durable, la joie que rien pas même la mort ne pourra nous ravir. Le rose de cette chasuble nous parle de cette joie car mettre un peu de blanc dans le violet nous permet de l’obtenir… comme ci déjà, en ce dimanche, la perspective de la fête de Noël illuminait nos cœurs comme elle illumine nos sapins et nos crèches.
La joie véritable, c’est la joie du Baptiste
De la joie, nous en connaissons de toutes sortes. Celles des amoureux qui se retrouvent après une longue séparation. Celle du jeune, qui reçoit une belle note à un travail qui lui a demandé de nombreux efforts. Celle des amis qui passent ensemble un moment de vacances étonnant. Celle des naissances ou des mariages, celle des rires aux éclats et des sourires discrets. Toutes ces joies sont belles et elles sont dans nos vies la trace d’un amour plus grand, mais pour autant la joie que nous celébrons en ce dimanche est encore d’un autre ordre. C’est la joie de Jean-Baptiste.
« Attendons mon père, Jean-Baptiste n’a pas de raison objective d’être dans la joie. Voyons, il est enfermé dans sa prison, il a déplu à Herodiade, la maitresse du roi … et nous le savons bien que sa tête finira sur un plat… alors bon, on a vu mieux comme perspective de la joie.
Et puis, entre nous, Jean-Baptiste, un original d’accord, un peu fou sur les bords, au régime bio bobo école sauterelle, miel sauvage et peau de chameau… il mériterait plutôt le titre de la ravis de la crèche que de modèle de la joie. » Peut-être pensez-vous cela ! Et ce n’est pas faux par certains aspects. Mais Jean-Baptiste ne cherche pas d’abord sa joie à l’intérieur de lui-même. La joie qu’il cherche, c’est la joie du salut. Et c’est le sens de sa question : « es-tu celui qui doit venir ? ». Notre brave Jean est fatigué et usé. Il a annoncé le salut de Dieu dans le désert. Il a été la voix de la joie. Mais il n’était pas la joie lui-même. Et Jésus va lui répondre : « Allez annoncer à Jean
ce que vous entendez et voyez : les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés,et les sourds entendent, les morts ressuscitent, les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. ». Le joie de Jean : c’est la joie du salut ! Oui l’œuvre de salut se manifeste dans le monde. La joie véritable, c’est que la force qui nous sauve est déjà sur la terre. En action.
La joie du salut
Comme j’aimerai que chacun d’entre nous puisse faire l’expérience de cette joie de Jean-Baptiste De cette joie profonde. Je l’ai goûté plusieurs fois dans ma vie . J’ai un souvenir de joie profonde que j’aimerai vous partager. Dans la paroisse où je servais la messe plus jeune, j’ai souvenir d’avoir expérimenté quelque chose de la joie de la liturgie dans la nuit de Pâques. Ce n’était pas par l’hilarité des chants mais par la profondeur du mystère que l’on célébrait. De sentir que, se jouait là quelque chose d’essentiel lorsque retentissait dans l’église vide la nuit de Pâques le chant de l’Exultet : « Exulte de joie dans le ciel la multitude des anges ».
Cette joie du salut pour Jean, c’est aussi la joie de la conversion qu’il nous prêchait le WE dernier. La conversion, ça a un côté un peu rude, un peu aride, celui qu’on refuse en général. Mais sans cette part qui nous revient, il n’y a pas de joie possible. Mais en même temps cette part, ce n’est pas la joie, c’est ce qui prépare la joie.
Pourquoi ? Parce que la joie, elle n’est pas au bout de nos efforts ; la joie, ce n’est pas quelque chose que nous pourrions mériter ou produire. La joie, elle s’accueille. D’ailleurs, la joie ce n’est pas quelque chose à faire ou à mériter, la joie c’est quelqu’un à aimer. Reconnaitre que celui que j’attends depuis toujours c’est Jésus. La source de la joie, elle est dans la crèche.
Joie et désir de la crèche
En contemplant la crèche, chez vous, dans la rue avec les 38 crèches de notre concours de crèche paroissial ou encore dans cette église, vous pouvez constater qu’il manque quelque chose. Et c’est criant. Il manque Jésus. C’est pour ça qu’il est important cette semaine, chaque fois que vous passerez devant cette crèche, de vous y arrêter une minute et de vous agenouiller et de dire au Seigneur : « Seigneur, il manque quelque chose dans cette crèche. Seigneur, il manque quelqu’un dans ma vie. Fais que je sache laisser cette place vacante, que je ne cherche pas à la combler par autre chose que toi, car je le sais Seigneur, c’est toi, ma joie. »
Mais ce serait une erreur de croire que Jésus doit seulement venir plus tard… au mieux à Noël. Non le Christ est déjà venu dans notre vie. Et ce temps de l’Avent est propice à la mémoire spirituelle qui nous donne la joie du Christ. Les anciens, et parmi eux, ceux qui ont eu la délicate attention de bâtir cette chapelle, connaissent peut être le film « la vie est belle ». Non pas celui de Roberto Benini mais celui de Franck Kapra sorti en 1946. C’est un magnifique antidote contre la morosité. Il met un scène un ange appelé au secours d’un honnête homme au bord du suicide. C’est un homme proche des pauvres dont il est l’agent immobilier mais qui en proie à des difficultés économiques et qui vient de se disputer violemment avec sa femme. L’ange, un peu idiot semble-t-il, n’a même pas d’ailes : s’il sauve cet honnête homme, Dieu les lui a promises. Pour convaincre notre héros que sa vie n’est pas inutile, l’ange a soudain une idée : il lui fait visiter la ville, où il a vécu, telle qu’elle serait s’il n’avait jamais vu le jour. Il découvre alors sa femme vieille fille, des pauvres sans logement… L’ange ramène notre homme ébahi et terrifié à la fois sur le pont qui devait être celui de son suicide. L’homme désormais convaincu qu’il devait vivre, car « la vie est belle », revient dans sa famille en ce soir de Noël fou de joie, car il a pris conscience qu’au-delà de toute difficulté : il vit et que la vie est belle.
La joie de ce dimanche, c’est de reconnaître que Jésus a déjà agit dans vos vies pour vous transformer. La joie de ce dimanche, c’est de reconnaître Jésus comme notre Sauveur. Si vous n’avez pas le Christ dans votre crèche intérieure, il vous manque l’essentiel.
Alors c’est cela la bonne nouvelle :
C’est que celui qui est capable de cette transformation, de notre conversion, il est venu.
C’est que celui qui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu, il est venu.
C’est que la source de notre joie, elle est venue.
C’est qu’il y a deux mille ans le peuple était en attente de celui qui devait venir.
C’est qu’aujourd’hui il est venu.
Nous n’avons plus à l’attendre.
C’est lui qui nous attend.
C’est Jésus.