Le repos du juste

Il avait du mal à trouver le repos, notre ami Joseph. Ce n’était pas lié à l’excitation de l’arrivée de Noël ni au dernier épisode de la Casa del Papel qu’il avait regardé la veille sur Netflix. Non, c’était autre chose, de plus profond et de plus personnel. Cela faisait déjà quelques jours qu’il reflechissait. C’était à propos de Marie, sa fiancée. Non qu’il ne l’aimait pas sa Marie ! Ah rien que d’y penser, son cœur se soulevait. Il se rappelait de leur première rencontre enfant à Nazareth. Les moments partagés. Et puis, son visage et son cœur radieux. Mais il y avait tout de même une tâche, enfin quelque chose de gros, d’énorme même au milieu de ce tableau mirifique… c’est que Marie était enceinte. Et pas de lui… Ca Joseph le savait bien. Alors, le cœur brisé, dans la maison neuve où il pensait accueillir sa chère et tendre dans quelques semaines, il avait dû ce soir-là se rendre à l’évidence. Et prendre sans doute la décision la plus dure de sa vie d’homme adulte. Il avait rêvé qu’elle porterait ses enfants, que ceux-ci pourraient jouer dans la grande salle de la maison …

Ce soir-là, Joseph est abattu, recroquevillé dans sa souffrance, il dort d’épuisement. La nuit à venir… longue, remplie de ces rêves lourds, plus sombres que la nuit, ces rêves qui font de la vie un cauchemar.

Or sans le savoir, le cœur de Joseph veillait comme le dit l’écriture « je dors mais mon cœur veille ». Et c’est à ce moment-là qu’il reçut la visite intérieure de l’ange. Une visite toute pure, toute douce, qui porte la Parole de Dieu. Une visite qui va changer sa vie.

Il faut se souvenir tout de même, ce Joseph, ce n’est pas n’importe qui ! C’est un homme de la décendance du Roi David, le grand Roi, celui qui a donné ses lettres de noblesses à Israël. Et puis, Joseph lui aussi attendait le messie annoncé par les prophètes depuis des années. Et dans cette petite nuit, nuit si banale de palestine, sa vie va basculer dans une aire nouvelle. Lui n’a pas demandé de signe. Tout comme Acaz le roi paien, dont nous parle le livre d’Isaïe dans la première. Non, lui vivait sa vie tranquillement. Il ne demandait rien, mais Joseph avait le cœur ouvert. Ouvert à l’imprévu de l’amour de Dieu.  Ouvert à l’Emmanuel. « Dieu avec nous »… « Dieu avec nous … » vraiment ? 

Alors oui, Joseph s’est reveillé en sursaut. Le corps, le cœur et l’esprit rassemblés, les blessures cicatrisées, réunis, recollés, pacifiés. La joie, celle-là même qu’il voyait dans les yeux de Marie. Une joie faite de ciel. Il a continué à travailler à sa maison pour qu’elle soit une demeure digne de l’Emmanuel. Il ne pouvait cesser de penser au visage radieux de Marie, visage rempli de l’œuvre de l’Esprit Saint. 

Il avait alors compris une chose essentielle : il aurait à veiller sur Dieu. Non pas à ce que Dieu veille sur lui… non mais à veiller sur Dieu. En un instant, il avait pris conscience du mystère insondable de l’Incarnation : Dieu se ferait petit enfant, et c’est Marie sa femme qui le porterait et lui en serait le Père.  Tout est prêt pour l’alliance nouvelle. Elle, belle, Vierge qui accouche de l’enfant-Dieu. Lui, un peu en retrait, silencieux, les yeux grands ouverts. Il est prêt à protéger jusqu’au bout cet enfant, ce Dieu qui l’a créé et qui vient le sauver. Dieu s’est fait homme pour que l’homme par grâce, vienne vivre éternellement avec lui dans son Royaume !

Dieu dans l’histoire 

Qu’a-t-il compris Joseph ? Je crois qu’il a compris une chose essentielle qui nous concerne également. C’est que Dieu intervient dans l’histoire des hommes. Dieu n’est pas indifférent à nos vies, à nos souffrances, à nos espérances. Mais ses interventions ne sont pas despotiques ou désordonnées. Les interventions de Dieu dans l’histoire des hommes sont délicates et légères. Le roi Acaz est dans une situation d’extrême faiblesse. Il a tué son fils. Il est attaqué au Nord par Israël et à l’Est par la Syrie. S’il perd la guerre, sa dynastie sera oubliée. Il n’ose pas demander un signe à Dieu et bien, c’est Dieu lui-même qui lui accorde ce dont il a besoin pour être encouragé.  A Joseph qui n’ose pas prendre Marie pour femme, Dieu dévoile son plan d’amour et de salut. 

Pensez-vous frères et sœurs que Dieu soit déjà intervenu en votre faveur ? Êtes-vous capable de vous souvenir des 3 ou 4 moment clefs de votre vie où Dieu était présent, délicat. 

Par un songe, Dieu est venu guérir le cœur de Joseph, donné du sens à sa vie à son présent et à son avenir. Par un intervention délicate Dieu est venu pour donner la joie à Joseph. 

Désirer l’Emmanuel 

Et quel est l’objet de la joie de Joseph ? C’est la naissance à venir de l’Emmanuel : Dieu avec nous. Depuis quelques semaines nous nous préparons à Noël, nous avons vu poindre dans nos maisons et à nos balcons des crèches. Nous avons peut être fait le ménage dans nos cœurs par la confession. Nous avons fait les courses et acheté des cadeaux. Tout cela est juste et bon. Mais la vraie joie de Noël c’est celle d’accueillir l’Emmanuel. « Dieu avec nous ». Car la promesse de Dieu s’est accomplie bien au délà des espérances du Roi Acaz …. Acaz voulait être sauvé politiquement. Ce « Dieu avec nous » qu’il reçoit, c’est un encouragement. Dieu sera à ses cotés dans ses combats. Et c’est un fils humain qui lui a été donné. Un fils pour poursuivre sa lignée à la manière des hommes. Mais à Joseph, l’ange vient annoncer autre chose, pas juste la prolongation d’une dynastie royale, pas non plus seulement un prophète, mais la présence de Dieu lui-même au milieu de nous. Avec le nom de Jésus que Joseph reçoit de l’ange, c’est l’annonce d’une présence plus grande et plus forte. Pas juste un Coach qui nous encourage « je suis avec vous », mais un Sauveur qui vient au plus près, qui prend sur lui nos péchés. Avec l’Incarnation, nous comprenons que si Dieu est avec nous, ce n’est pas que pour soutenir nos projets humains, c’est pour porter plus haut nos regards.

 Les promesses de Dieu se réalisent toujours par surabondance. Dieu est capable d’intervenir dans nos vies, pour notre véritable bien. Même si parfois ses chemins, comme pour Joseph, ne sont pas nos chemins ou nos manières de faire. Mais ne craignons donc pas, en cette période de Noël qui s’approche, de demander hardiment au Seigneur ce dont nous avons besoin, en sachant que nous serons toujours exaucés d’une façon plus merveilleuse et plus inattendue que tout ce que nous pouvions prévoir !