Conversion ?

Quand on fait du ski de rando dans les montagnes, il y a un grand danger : les barres rocheuses. Vous dévalez la belle pente dans la poudreuse en faisant de beaux virages sous le soleil des Alpes. Le rêve. Mais tout à coup, arrêt brutal, vous rencontrez une barre rocheuse un mètre en-dessous de vous. Il va donc falloir faire un petit demi-tour. C’est ce qu’on appelle en ski une conversion. Il faut passer un ski puis un autre. (Vous voyez, vous pourrez faire passer votre prochain séjour au ski pour une œuvre chrétienne !!!).  Si vous ne faites pas cette opération, vous allez glisser petit à petit, et ce sera le grand saut dans la vide… le grand saut dans la mort. Ainsi donc, dans ces moments-là, c’est le dilemme : la conversion ou la mort.

Voilà bien l’alternative de notre carême, chers amis. Le carême, ce n’est pas d’abord un truc pénible, ringard, douloureux, fait seulement de pénitence et de privation… Vous avez peut-être en tête le film Da Vinci Code avec le « moine » qui se flagelle. Or le carême, c’est un temps pour la vie, et plus précisément un temps pour vivre autrement. Pour vivre en fils et filles de Dieu. Pour quitter ce qui conduit à la mort, lentement mais sûrement.
Alors au début de ce carême je veux choisir la vie, quand l’horizon s’assombrit, je veux choisir la vie avec le Christ. Quand l’avenir est des plus incertain, je veux choisir la vie avec le Christ. Quand tout m’entraîne à baisser les bras, je veux choisir la vie, la vie avec le Christ.
Et aujourd’hui, le coach, ce n’est pas le pauvre prêtre que je suis. C’est Jésus lui-même dans l’Évangile. Il nous explique que pour vivre cette conversion, vous n’avez pas besoin d’aller aux Deux Alpes ou à Val d’Isère.

Mais il nous offre 3 moyens pour nous convertir et vivre cette conversion de l’intérieur. Toutefois, bien que par sa grâce il fasse une bonne partie du boulot… il a besoin de notre engagement, de notre volonté. Il a besoin que dès aujourd’hui nous puissions choisir. 

Le premier moyen : la prière. La prière, elle convertit mon rapport à Dieu, en me rendant plus intérieur. Oui, parce qu’en carême ce n’est pas mal de se rendre compte que ma vie ne se résume pas à boire, manger, acheter, travailler et prendre les transports en commun. J’ai une âme, un coeur qui est ce moyen pour revenir à Dieu — « revenez à moi de tout votre coeur » —, un cœur qui est le lieu de l’intimité avec Dieu, un coeur que le démon cherche à remplir, à étouffer, à assourdir à grand renfort de Netflix, de soirée entre potes et autres.
Alors choisissez de prier et de prier chaque jour de ce carême. Choisissez dès aujourd’hui la prière que vous ferez à laquelle vous vous tiendriez car « c’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie ». Ce peut être de venir à l’adoration en semaine, le mercredi ou vendredi le matin de 7h30 à 9h, un peu dans l’Esprit des messes Rorate… Un peu d’adoration pour bien commencer la journée.  Ce peut être d’aller à la messe de semaine une fois dans la semaine en plus du dimanche… Pourquoi pas chaque mercredi à 7h ? Ce peut être de dire les complies chaque soir avant de dormir, de lire un chapitre de l’Évangile chaque jour, de dire le chapelet… Il n’y a pas de chose meilleure ou moins bien que les autres, il y a ce qui va vous aider, vous… L’important c’est d’être concret, précis et fidèle ! 

Le jeûne, c’est le deuxième conseil de Jésus. Le jeûne me simplifie. On a tendance à laisser tellement les préoccupations matérielles au premier rang dans notre vie que le jeûne est comme un choc de simplification. Le jeûne me rend plus libre. Le jeûne peut aussi m’être utile pour maîtriser mes passions, mes ardeurs. Si je m’entraîne à être libre par rapport à mon corps avec la nourriture, il y a fort à parier que j’aurai plus de facilité à être libre à d’autres moments.
Alors choisissez un jeûne, chaque jour de ce carême, choisissez parmi toutes ces choses qui prennent trop de place dans vos vies et apprenez à vous en passer en y renonçant volontairement, librement, parce que c’est là que le jeûne agit, sur notre volonté, le jeûne vient fortifier notre volonté, et la volonté c’est ce qui fait les saints (avec la grâce de Dieu bien sûr). Jeûnez d’ordinateur, de votre téléphone, choisissez de le couper à 20h chaque soir, jeûnez de réseaux sociaux, jeûnez d’alcool, jeûnez de déplacements ou de soirée inutiles… Mais attention, choisissez un seul jeûne, soyez humble c’est la clé de la réussite (et pas seulement en matière de jeûne ou de carême), l’humilité c’est le chemin de la sainteté, visez petit, Dieu se chargera de faire de grandes choses pour vous. 

L’aumône, ou autrement dit le partage : c’est la troisième piste donnée par Jésus. C’est ce qui convertit mon rapport à l’autre, à mon prochain. Le partage fait que je ne me replie pas sur moi. Et il faut avouer qu’avec les confinements, le masque, la Covid… on a eu fortement tendance à confiner notre cœur, à nous replier sur nos cellules familiales ou amicales proches. L’aumône nous déconfine, l’aumône nous dilate le coeur, l’aumône nous agrandit, nous élargit, nous enrichit.
Alors pour ce carême, choisissez une aumône, un acte de charité quotidien. Ce peut être d’appeler ou d’écrire à une personne, de rendre un service (et Dieu sait que cela demande de l’ingéniosité, de la délicatesse, une acuité du regard pour voir ce dont mon prochain manque), ce peut être d’écouter l’importun, ce peut être enfin un don financier bien entendu mais trop souvent ce don financier est le masque bien pratique pour ne pas vraiment donner ce temps précieux dont je suis si avare. L’idée c’est que ce soit quelque chose qui nous décentre de nous-mêmes. À un étudiant qui donne un peu de son temps mais qui est avare de son argent … donner un peu de sous lui fera le plus grand bien spirituel. Par exemple en mettant de côté les sous économisés par le jeûne d’alcool pendant le carême. À une personne qui a plus de moyens financiers mais qui donne peu de temps… offrir de son temps dilatera sans doute plus son âme. À chacun de choisir.

Le jeûne nous rend plus libres. 

La prière nous rend plus intérieurs. 

L’aumône nous rend plus généreux. 

C’est cela que le Seigneur nous propose pendant cette sainte quarantaine… revenir vers lui pour goûter à la vie véritable. Pour cela, chers amis, deux petits conseils. Le premier : choisissez tout de suite ce que vous voulez vivre. Ensuite, notez dès ce soir ces trois résolutions sur un papier, notez-les et reprenez-les chaque dimanche avant la messe pour voir où vous en êtes et ne baissez jamais les bras, ce carême sera beau !

Soyez humbles, soyez concrets, soyez persévérants. 

La joie et la vie sont au bout du chemin.

Bon carême.