Du virus de la peur à la confiance de la foi

Ces jours-ci si vous voulez devenir fou un petit conseil : commencez par une petite dose de France Info le matin au réveil, enchainez avec BFM TV au petit dej., basculez sur CNEW et terminez la journée en lisant votre quotidien préféré. Petit à petit, la toux viendra mais surtout l’angoisse et la peur. À écouter les médias, je crois que le troisième épisode d’Hungers Games, la bataille du Gouffre de Helm, l’attaque de Poudlard par Voldemord dans Harry Potter 7, ou le livre de l’Apocalypse racontent de véritables parties de plaisir. Pourquoi tout cela est-il si difficile à entendre ? C’est que contrairement aux héros de nos films préférés du dimanche soir, nous sombrons vite dans la peur.


Etre saisi par l’angoisse…

C’est tout de même paradoxal, dans un monde, le nôtre, qui s’est vanté qu’il était interdit d’interdire, qu’il fallait clouer au pilori les règles, et bien je ne cesse d’entendre : « mon père j’ai peur de rater mon examen, j’ai peur que ma fille fasse cela ou ne fasse pas cela, j’ai peur de changer de travail, j’ai peur de rater ma vie, j’ai peur que maman meurt, j’ai peur de ceci… » J’ai peur, j’ai peur, j’ai peur ! Nous vivons dans un monde terriblement angoissé, terriblement angoissé. Et nous le subissons tous.
En fait, ce virus de la peur nous contamine bien vite, et bien facilement, car il est une œuvre de Satan. Dieu ne parle jamais par la peur. Dieu attire à lui par sa grâce, Dieu nous aimante dans l’amour. Celui qui fait peur, celui qui angoisse, c’est le satan, le malin, le démon.
Notre monde est angoissé, frères et sœurs, car il manque de foi. Nous sombrons dans la peur car nous manquons de confiance en Dieu.
La clef est là !

Alors nous prenons des mesures… toutes humaines. Nous nous assurons : assurance voiture, assurance habitation, assurance emprunteur, assurance retraite, assurance voyage, assurance annulation, assurance smartphone, assurance santé… assurance, assurance… assurance… mais la vie est un risque à courir ! Il y a quelque chose de perfide dans cette logique d’assurance. C’est croire que tout est monétisable, que je peux refuser tout risque parce que j’ai de l’argent ou parce que je paye. Non, frères et sœurs ce n’est pas cela. Oui, c’est dangereux d’envoyer son enfant à l’école ! Oui c’est dangereux qu’il fasse du rugby ! Oui c’est dangereux qu’il aille en colo ou en camp scout. Oui c’est dangereux de prendre la voiture ou de manger tel ou tel produit. Oui la vie est dangereuse. Oui vous allez mourir, comme moi, comme chacun de nous . Cette logique d’assurance est perverse car elle veut éloigner de nous la perspective de la souffrance et de la mort. Elle veut nous faire croire qu’elles n’existent pas.

…ou être saisi par le Christ


C’est le contraire de la logique chrétienne. Dans la première lecture Dieu dit à Abraham « Quitte ton pays, ta parenté… » Abraham aurait pu répondre : je peux souscrire l’assurance annulation ? Et si ca se passe mal, je pourrai aller voir maman ? Et si je dois m’occuper de… et si et si. Non il part. Et fais confiance à Dieu. Abraham est saisi par la foi dans le Seigneur.

Abraham s’appuie sur cette foi. Foi qui est aussi inébranlable que la montagne de la transfiguration, mais foi qui ne dispense pas de la souffrance et de ma mort. En emmenant les disciples sur la montagne, Jésus veut les préparer à la Croix. Il sait que la souffrance et la mort font partie de notre condition humaine. Que l’on ne peut y échapper et qu’elles viennent toujours d’une manière imprévue et douloureuse. Les épidémies, comme les guerres, les attentats et autres accidents nous renvoient toujours à cette réalité de notre finitude.
Alors Jésus veut leur donner des forces. Il veut leur dire, mais à travers eux, c’est à nous qu’il veut parler, que ces temps de tribulation, que même la mort n’aura pas le dernier mot, que lui, par la puissance Divine est plus fort que tout cela. C’est le sens profond de la Transfiguration. Sur la montagne sainte de la Transfiguration, Jésus donne à voir quelque chose de la Gloire à venir. C’est comme l’apéritif de la résurrection. La mise en appétit. Les prémices des biens à venir. Si Jésus se présente à Pierre, Jacques et Jean dans toute sa gloire, c’est pour leur montrer combien la souffrance et la mort, si elle sont vécues avec lui, sont un passage vers une joie nouvelle, plus profonde et plus belle. Être chrétien c’est croire que la mort n’aura pas le dernier mot.
Être chrétien, c’est croire que la puissance de la lumière de Dieu est plus forte que nos angoisses et que nos peurs.

Ceux qui connaissent la Formule 1 le savent : Rouler à 300 km/h sur un circuit, ça consomme… il faut régulièrement faire un arrêt au stand pour changer les pneus ou faire le plein… La transfiguration, c’est le passage au stand, plein de foi et de confiance pour Pierre, Jacques et Jean.

Confiance, confiance, confiance
« Relevez-vous, soyez sans crainte » dit Jésus à la fin de l’Evangile. Il nous le dit à nous. Dans un monde angoissé : reveillez-vous, chrétiens ! Ne sombrez pas dans la peur et l’angoisse ! Vous n’avez pas à avoir peur de la mort ou de la souffrance, car je l’ai vécu avant vous et pour vous. « Confiance, n’ayez pas peur ! ».

Vous savez, certaines personne passent un carême entier à se demander, quel est leur péché dominant. Moi je vais vous le dire, comme ça, vous gagnerez du temps… l’orgueil et le manque de foi. Nous manquons si souvent de foi en Dieu !
Nous oublions si souvent qu’il est capable de tout! Serions-nous capable, en ce temps troublé pour l’Eglise, pour notre pays, pour notre monde, de dire avec St Paul « je peux tout, en celui qui me fortifie » et d’entendre Jésus nous dire « ma grâce te suffit, car ma puissance se déploie dans ta faiblesse ». Et de continuer dans notre cœur avec ces propos de Ste Thérèse : « La confiance et rien que la confiance, qui doit nous conduire à l’Amour… »
Chers amis, dans ce temps de Carême, avec Jésus, montons sur la montagne de la Transfiguration, pour y recevoir une foi nouvelle, renouvelée, vivante, illuminée par le Christ. Sainte Thérèse l’avait compris lorsqu’elle résumait toute sa spiritualité en disant : « c’est de ne s’inquiéter de rien ». De dire, consciemment, quand notre esprit divague, quand l’angoisse nous saisit : « Jésus, tu es là, rien n’arrive, pas un cheveu de notre tête ne tombe, sans ta permission. Je n’ai pas le droit de m’inquiéter. Je veux te faire confiance. »

Chers amis, les lectures de ce jour nous invitent à nous poser la question : avons-nous la foi, ou sommes-nous des hommes de la logique de l’assurance ? Monter sur la montagne avec Jésus pendant ce temps de Carême, c’est prendre un risque. C’est prendre le risque que la grâce de Dieu nous délivre de toute peur. Et que nous puissions dire avec foi :
« Le Seigneur est ma lumière et mon salut, de qui aurai-je crainte ? Le Seigneur est le rempart de ma vie, devant qui tremblerai-je ? »