Passage de témoin

Tous les quatre ans, nous avons la joie de vivre un été sportif avec les jeux olympiques. De quoi occuper joyeusement les soirées de juillet ou d’août, tandis que l’on rentre plus tôt du travail ou qu’on profite de la mer ou de la piscine pendant les vacances. Et bien, l’Evangile d’aujourd’hui ressemble à un épreuve des jeux olympiques d’été … Mais laquelle ? … Je vous laisse réfléchir 30 s… personne ? …

Et bien, c’est le relais ! Vous savez le relais 4 fois 100 m. Le plus dur de cette épreuve, c’est le moment délicat du passage de témoin. A partir de ce moment, l’un s’arrête pour que l’autre puisse aller jusqu’à la victoire. 

Et bien, dans l’Evangile, nous voici précisément arrivé à ce moment-là. Dans un langage peut-être un peu compliqué, ce que vient nous dire Jean-Baptiste : Jésus, le Christ, est celui qui va désormais prendre le relais, pas juste pour courir un peu, mais pour terminer et finir, pour gagner la victoire. 

De Jean le prophète à Jésus, le fils bien aimé 

Jean, souvenez-vous un peu, c’est la star du moment. Le prédicateur en vogue, le curé que tout le monde va voir, le Bossuet de son époque. Il est à la vie juive, ce que M’Bappé est au foot… bon, je vous l’accorde, la comparaison n’est pas très théologique, mais qu’importe ! Jean, tout le monde se demande qui il est . Il faut dire que son style de vie Vegan, bobo écolo, qui se nourrit de sauterelle et de miel sauvage a de quoi surprendre. Mais Jean-baptiste reste à sa place. Jean a compris, qu’il n’était pas une star, une étoile filante comme cela. Il a compris que sa mission véritable consiste en autre chose, et c’est ce que nous enseigne l’Evangile d’aujourd’hui : le plus important dans l’affaire, c’est le Christ. C’est Jésus. 

Jean-Baptiste nous redit : l’essentiel est là, devant vous. Moi, mon job, c’est de l’annoncer. Mon job, c’est de révéler sa présence. D’une certaine manière, mon job se termine maintenant, car vous l’avez devant vous, celui dont je vous ai parlé depuis longtemps. Le voici, le Seigneur. C’est essentiel pour nous. Car Jean-Baptiste témoigne de cette présence de Jésus, il nous rapporte ce qui s’est passé au baptême du Seigneur. « J’ai vu et je rends témoignage c’est lui le fils de Dieu ». 

Il nous aide à nous poser la question essentielle à nous qui sommes dans cette église : qui est Jésus pour nous ? un agitateur politique ? un orateur brillant ? un guérisseur qui ferait fermer tous les hôpitaux de France en une minute ? Pour Jean, et pour nous qui sommes chrétiens, il est surtout le Fils de Dieu, il est surtout celui qui nous offre la victoire. 

De l’annonce à la victoire 

Oui parce qu’au JO, l’essentiel quand même, c’est la médaille d’or. Marseillaise, la gloire, le triomphe, la une de l’équipe… enfin la victoire quoi. Et dans le relais qui se passe entre Jean et Jésus, c’est bien de cela qu’il est question. De victoire. Mais de quelle victoire ? 

La victoire contre le péché. Oh le vilain mot, le péché. Ca, c’est désuet le péché… Mon père, quand même, et puis à la messe des fiancés. Bah, chers amis, je suis désolé mais le péché existe dans le monde : quand à 12ans, on se frappe pour un ballon dans la cours de récréation, quand à l’âge adulte, on trahit un ami, on trompe sa femme, on est malhonnête ou paresseux dans son travail… et bien, on vient blesser le cœur de Dieu. Car Dieu nous a crée pour la bonté, la douceur et l’amour. Et dès que je fais tout le contraire, la relation avec Dieu est blessé. C’est cela le péché. Le Job du Christ, la raison d’être de l’incarnation, le message essentiel que nous délivre Jean, c’est :  « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». Jésus est celui qui nous délivre par sa grâce. Jésus est celui qui peut nous sauver. Le croyez-vous vraiment, chers amis ? Croyons-nous vraiment que Jésus est celui qui nous sauve ? 

Cette expression étrange « d’Agneau de Dieu », que les japonais, entre nous soit dit appellent : «mouton magique », parce que le vocabulaire n’arrive pas à refléter cette réalité spirituelle, cette expression, que signifie-t’elle ? 

Elle fait référence à l’Ancien Testament, où le grand prêtre, chaque année, offrait un Agneau en sacrifice pour le pardon des péchés. Mais chaque année, il fallait recommencer, car le peuple et lui-même avaient bien du mal à être fidèle à l’amour de Dieu. Jésus lui est l’Agneau, offert par Dieu pour nous sauver en entier, définitivement, absolument. Avec le Christ, la victoire est sûre, la victoire est certaine, le pardon est total. Chacun de nous sait combien il est difficile de pardonner. Dans le couple, pourtant, et dans l’amitié, en général, le pardon est une composante essentielle: il est l’expression de l’amour véritable. J’oserai presque dire, que l’amitié ou l’amour véritables n’existent que, lorsqu’il a été éprouvé au creuset du pardon.

Ainsi donc, Jésus ne vient pas faire de la figuration mais si Jean lui passe le relais, c’est pour la victoire finale. Pour le pardon définitif.

L’humilité de Jean : délicatesse de l’Amour 

J’aimerai relever un dernier détail de l’Evangile d’aujourd’hui. C’est l’humilité de Jean. Jean n’est que relayeur. Celui qui passera au JT du monde entier pour le 4×100 m m, c’est le Christ, le finisseur, avec l’image de la ligne d’arrivée. Et bien Jean, lui, sait que sa mission s’arrête là. «Celui qui vient derrière moi est passé devant moi». Jean ne cherche pas une place qui n’est pas la sienne. Son job, c’est annoncer le sauveur, pas de faire semblant de l’être. Je crois que son attitude spirituelle d’humilité peut nous inspirer pour notre vie chrétienne ou pour notre vie de couple, en ce dimanche des fiancés. On peut résumer cette attitude en Jésus avant moi. Et pour nous dans notre vie de couple ou de famille : l’autre avant moi. C’est cela aimer. C’est choisir que l’autre prenne la première place. Que ma joie soit de faire la joie de l’autre. Pour les plus jeunes c’est un bon défi : choisir le jeu qui fera plaisir d’abord à l’autre, proposer le film qui fera plaisir à l’autre. Dans le mariage c’est un défi quotidien : donner sa vie à l’autre, choisir que l’autre est plus d’importance que nous, qu’il soit premier. « ll faut que lui croisse et que moi je diminue ». C’est aussi ce que Jésus va nous montrer dans sa vie. Il a donné sa vie par amour pour nous. Il a préféré mourir pour que nous nous ayons la vie, et la vie en abondance. 

Frères et sœurs bien aimés, chers fiancés, rendons grâce à Dieu pour le passage de relais entre Jean et Jésus. Parce qu’il est le chemin de la victoire finale.