Voir, être vu, accueillir

Cette petite page de l’Evangile de Saint Luc est certainement une des plus connues. Elle entre dans le best of du catéchisme sans doute parce qu’elle est très visuelle et qu’on s’imagine facilement Zachée perché sur son arbre, la grande foule qui acclame Jésus, et la visite de Jésus dans sa maison. Nous pourrions aisément en rester à cela : une belle histoire pour les enfants du catéchisme, une jolie rencontre. Bon dimanche et à la semaine prochaine.

Cependant, il me semble qu’il y a un peu plus dans cet Evangile et j’aimerais avec vous ce matin relever 3 attitudes dans l’histoire de Zachée : voir, être vu et accueillir.

Voir

Voilà un homme, Zachée qui veut voir Jésus. Il part bien déjà dans la vie. Il a le désir de voir qui est Jésus, sans doute qu’il y a un peu de curiosité derrière cela, mais qu’importe. Il a entendu parler depuis un petit moment de cet homme-là et se dit : allons voir. Bref, Zachée est un chercheur d’une certaine manière. Il n’est pas indifférent à l’événement : voilà une de ses qualités. Combien de fois, frères et sœurs, sommes-nous simplement indifférents, c’est un peu la maladie de notre temps : « chacun fait ce qu’il lui plait » « après tout, s’il a envie » « tant qu’il ne dérange personne»… Combien de fois passons-nous devant les autres dans les foules anonymes du train, du métro ou du bus, sans prêter attention à l’autre. Voir, Chercher. Voilà une qualité toute chrétienne. Vendredi, nous fêtions la Toussaint. Nous pouvons nous interroger : qui sont les saints ? les saints sont d’abord des chercheurs de Dieu. Le désir de Zachée de « voir Jésus » doit nous interroger : est-ce que j’ai envie dans mon cœur de voir Jésus ? Saint Augustin le dit dans une de ses phrases les plus célèbres : « tu nous a fait pour toi et notre cœur est sans repos, tant qu’il ne repose en toi ». Est-ce que notre cœur est comme tendu vers la vision de Dieu. Voilà la première question que nous pose le petit Zachée. Oses-tu sortir de ta maison, de chez toi, de ta famille de ton confort pour chercher Dieu ? pour désirer le voir ? 

Être vu

La deuxième attitude, c’est celle du Christ. Imaginez un instant une foule compacte, style Transilien en heure de pointe un jour de grève, ou pour les plus jeunes, l’escalier du collège au retour de la récré. Jésus est là, il avance au milieu de toute cette foule. Il aurait très bien pu ne pas voir Zachée. D’ailleurs, Zachée lui-même a sans doute du mal à se regarder en face : il est complexé par sa petite taille, il se demande s’il vaut quelque chose. Patron des collecteurs d’impôts pour le compte de l’occupant romain, il était haï de tous, honni de partout. Il est seul. Certainement que son honnêteté douteuse ne lui  a pas attiré que des amis. Et pourtant, au milieu de cette foule, le regard de Jésus se pose sur lui. Par sur le voisin, sur lui. Alors oui, il était monté sur un arbre un peu étrange : le sycomore. Et ce détail a son importance : le sycomore, une sorte de figuier est un arbre bien particulier. Très résistant, il repousse sans cesse quand on le coupe. Il est comme l’image de la régénération. Comme si déjà en montant sur son arbre, Zachée était entré dans une vie nouvelle. 

J’aime à imaginer ce regard de Jésus. Un regard doux, un regard aimant, un regard vif, un regard droit, un regard bienveillant. Zachée est vu par quelqu’un, plus précisement Jésus, regardé par Jésus. Je crois profondément que ce regard de Jésus sur Zachée a transformé la vie de ce petit collecteur d’impôts. Dans le regard d’un instant, il goûte la bienveillance, la douceur, l’amitié, il sort de sa solitude et découvre la joie d’être aimé par quelqu’un.  

Comme j’aimerais que tous, vous comme moi, soyons capable de grandir dans la bienveillance du regard, de porter sur les autres un regard qui sauve et pas un regard qui condamne. A l’école, comment est-ce que je regarde le garçon ou la fille qui est différent ? En entreprise, comment je regarde le petit jeune qui arrive dans mon service? A la maison, est-ce que j’apprends à regarder avec bienveillance mes frères et sœurs ? mes enfants ? mon conjoint ? Ce regard de bienveillance, frères et sœurs, c’est celui de Jésus ! Adoptons-le ! 

Accueillir un Sauveur 

La troisième attitude, c’est celle de Zachée qui accueille un Sauveur. Zachée pouvait intérieurement se sentir perdu définitivement. Collaborateur, collecteur d’impôts …

On a vu meilleur titre de gloire. Il choisit cependant d’accueillir le salut. Il aurait pu se dire : non, c’est bon je n’ai pas besoin de lui. On encore «je ne suis pas digne d’être sauvé »… à la parole de Jésus « Descends » il ne réfléchit pas longtemps : il descend. En fait, il descend de son arbre, mais finalement : de son piédestal. Il entre dans un chemin d’humilité : oui, il a besoin d’être sauvé ! 

En ce dimanche, nous pouvons avec Zachée nous demander : qu’est-ce que le Seigneur doit sauver chez moi. Est-ce que je désire être sauvé ? Est-ce que j’ai conscience que j’ai besoin d’être sauvé ? 

Parfois, les évènements tragiques ou angoissants de notre vie nous plongent plus vite dans cela : j’ai besoin d’être sauvé. J’ai besoin d’un sauveur. Seul je n’y parviendrai pas.  

C’est le but même de la mission du Christ : « Le fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu ». Oui, frères et sœurs, nous avons tous des pents de notre vie qui ont besoin d’être sauvé. Ni l argent, ni le pouvoir n’y pourront rien. Le seul qui peut donner le salut : c’est Jésus.

Puissions-nous le croire vraiment ! Puissions-nous en ce dimanche accueillir Jésus comme notre sauveur, et lui présenter au moment de l’offertoire nos souffrances, nos blessures, nos péchés pour que lui, le Sauveur vienne nous sauver.