Apocalypse et espérance

Le temps est à l’Apocalypse. l’Évangile d’aujourd’hui, c’est un peu stupeur et tremblement. Lorsque je l’entends, je ne peux que penser à la description que le cinéma nous offre d’une forme d’Apocalypse dans des films comme Docteur Folamour (1964), Terminator Independance Day (1996), ou plus récemment, et mieux connu des jeunes : le dernier Hunger Games, ou encore la série ultra réaliste Chernobyl. Dans ces films, la guerre fait rage,  les catastrophes surviennent, il devient difficile de discerner quelles sont les intentions des différents personnages, le monde est en proie à une violence réelle et l’espérance semble avoir laissé place à un immense chaos, où seule la mort peut avoir son mot à dire. Si dans le cadre du cinéma, de tels scénarios offrent une distraction plaisante pour un dimanche soir, comment ne pas trembler en entendant dans la bouche du Christ ces paroles terribles « on se dressera nation contre nation » «il n’en restera pas pierre sur pierre, tout sera détruit ».  

Un rapide détour par les réseaux sociaux ou les journaux télévisés nous font parfois apercevoir quelque chose de ces temps apocalyptiques. Rien que sur le plan économique. J’ai 33 ans et je crois n’avoir entendu dans les médias que les mots de crise économique depuis que je suis en âge de comprendre quelque chose à l’actualité. Et je ne parle pas des crises dans l’Eglise, des attentats récurrents, des grêves à venir, de la baisse de la pratique religieuse, du nombre de prêtres en chute libre, des scandales divers et variés, les lois anti familiales…. 

Face à cela, le lecteur assidu de l’Ecriture Sainte se souviendra sans doute de cette affirmation de Saint Pierre : « Soyez toujours en mesure de rendre compte de l’espérance qui est en vous ». Mais pour donner de l’espoir à ce monde qui brûle, il faudrait en avoir en stock et un sacré stock. Avouons-le, nos réserves d’espérance chrétienne dans le monde actuel semblent parfois limitées !

Deux tentations

Face à cette réalité spirituelle, face à ce monde qui semble brûler et devant lequel nous nous sentons impuissants, nous pouvons avoir plusieurs réactions qui sont des tentations : la tentation du castastrophisme, la tentation de l’aquabonite. Vous pouvez être plus attirés par l’une ou plus par l’autre, cela dépend. 

La première tentation, c’est de croire que c’était mieux avant : « je vous le dis, mon bon monsieur, au bon vieux temps, les gens étaient chrétiens ».

« A moi, j’aurais aimé vivre au Moyen-Âge, là au moins, tout le monde était chrétien »…
Nous rêvons d’une chrétienté qui a disparu ou qui n’a vraiment jamais existé.  Mais quand nous regardons l’histoire de l’Église, de l’Ascension du Seigneur à aujourd’hui, nous sommes bien loin d’un équilibre parfait entre la société et l’Evangile. Nous constatons plutôt qu’il s’agit d’une lutte continuelle entre les deux. Allant de la lapidation d’Etienne, jusqu’aux témoignages des martyrs de notre temps, tués à cause de leur fidélité à l’Évangile. « On vous traduira devant les tribunaux, on vous mettra à mort et en faisant cela, on croira servir Dieu » (Lc 21, 12). Voici le climat et la situation réels dans lesquels nous sommes appelés à vivre notre fidélité quotidienne à Dieu ! Du coup, dans cette situation, nous nous raidissons, nous nous enfermons sur nous-même, nous fermons la porte de notre cœur, convaincus que nous sommes les derniers des Moïcans, et qu’autour de nous le monde court à sa perte, qu’il faut donc s’en protéger …

La deuxième tentation, qui nous guette aussi par moment, c’est de nous laisser décourager dès que nos convictions sont ébranlées par une majorité ou une minorité autour de nous.  C’est l’aquabonite. A quoi bon… Allons-nous baisser les bras en disant : « Puisque personne n’est d’accord, je ne vais pas changer le monde à moi tout seul, et je préfère me mettre d’accord avec les autres puisque qu’ils ne veulent pas se mettre d’accord avec moi » ? Pour échapper à cette hostilité ou cette indifférence à l’Évangile, allons-nous peu à peu intérioriser notre foi et nous habituer à vivre une vie comme si le Christ n’était jamais venu ? Je deviens un chrétien « sous marin » voulez-vous devenir de bons citoyens, un bon collégien lambda, un bon salarié sans histoire, comme les autres, sans problème et sans question, qui se réunissent de temps en temps dans une église pour faire des dévotions qui leur permettent d’exprimer leur foi, pourvu que personne ne le sache, pourvu qu’en vous voyant sortir de votre maison le dimanche matin, vos voisins croient que vous allez faire votre marché ? C’est peut-être ce qui nous plairait parfois, mais ce n’est pas ainsi que l’Évangile porte du fruit. 

Non Non et Non ! Ces deux tentations conduisent à des impasses et à une tristesse durable. Le Seigneur vous a placé ici, dans cette école, dans ce quartier dans cet entreprise. Le Seigneur a mis un chrétien, il a planté notre vie en 2019, à Melun… et il attend quelque chose de nous. Il espére pour nous !

L’ancre de l’espérance c’est la Victoire du Christ 

Chers frères et sœurs, comme chrétien la solution n’est pas une vie d’équilibre entre ces deux excès. Face aux tribulations que nous vivons, et que toutes les époques depuis le Christ ont vécu à leur manière, notre ancre, notre espérance, c’est Jésus Christ. 

Notre espérance de chrétien n’est pas l’espoir que la situation s’améliorera sur tel ou tel pant. Non, l’espérance chrétienne est en forme de Croix, l’espérance chrétienne, c’est la personne même de Jésus. Notre espérance s’appuie sur la Victoire du Christ. « Je suis venu pour que vous ayez la vie et la vie en abondance ». Durant tout l’Ancien Testament, et dans toute la prédication du Christ le Seigneur nous promet un salut. Mais attention pas un salut sucré façon DisneyLand « ils se marrièrent et eurent beaucoup d’enfants ». Ça c’est joli, pour se distraire le dimanche soir. Mais le salut que Dieu nous offre, c’est la vie éternelle.
Là encore, pas sur un petit nuage, non mais la vie pleine, la vie comblée, la vie débordante, qu’on a du mal d’ailleurs à imaginer ici-bas. En fait espérer pour un chrétien, c’est croire que la victoire du Christ sur la mort donne un sens nouveau à notre vie. Que notre vie est polarisée désormais par autre chose que Légo Magazine, que Netflix, que ma voiture de sport, mon club de foot ou de tricot … Les lectures de ce jour nous invitent en réalité à tourner le regard de notre cœur, sur le vrai but de notre vie. A tourner notre regard vers celui qui nous a sauvé vraiment. Le seul qui peut sauver. Le Christ. 

Frères et sœurs, comme chrétien, est-ce que le Christ est le but de notre route ? Est-ce que tout notre cœur, nous désirons ce jour de la rencontre ultime ? Au milieu des épreuves de tous les âges, nos anciens, les saints, ont tenu car ils avaient le regard fixé sur Jésus ! Saint Paul le dira à sa manière « Je peux tout, en celui qui me fortifie ». Je peux tout. Si je crois vraiment que Jésus est mon Sauveur, si je crois vraiment qu’il est le sens de ma vie, que ma vie trouvera son accomplissement qu’avec lui, si j’ai le regard tourné vers le ciel. C’est dans la relation à Jésus que mon stock d’espérance se refait, c’est en prenant le temps de le contempler, de lire et de relire l’Ecriture qui me dit sa victoire, que j’aurai la force d’écarter les tentations de l’aquabonisme et du catastrophisme, que je goûterai à la joie de l’Espérance et que je pourrai à ma mesure illuminer le monde.