Fidèle ?

La fidélité n’a pas vraiment bonne presse. Selon un sondage 55 % des hommes admettent avoir déjà été infidèle et les murs du métro parisien s’emplissent régulièrement de publicité pour des applications de rencontres extra-conjugales. L’autre jour  à la télévision j’entendais la recommandation d’un professionnel : en matière d’abonnement telecom la fidélité ne paye pas bien au contraire : soyez infidèle à votre opérateur téléphonique pour faire des économies. Et pourtant au fond de notre cœur nous avons comme le désir de vivre une vraie fidélité : fidélité à nos engagements pris, fidélité dans le couple, fidélité dans l’amour familial, fidélité amicale, fidélité dans le travail. La fidélité serait-elle une idéal impossible à atteindre, un de ces choses que les mauvais curés vous présentent pour vous faire culpabiliser ? 

Le juste vivra par sa fidélité 

L’écriture sainte nous donne une clef pour ce dimanche, c’est le dernier verset de la première lecture « mais le juste vivra par sa fidélité ». Cette parole s’adresse à un peuple qui vit une situation catastrophique : déportation, perte de Jérusalem, exil… Le peuple d’Israël n’est pas au comble de sa forme. Dieu semble lointain, absent, alors le Seigneur, par son prophète invite à regarder plus loin, à être fidèle, à garder la foi. 

Car entre fidélité et foi il y a une racine latine commune :  « fides ». Etre fidèle, dans l’amitié ou dans le couple, être fidèle à sa parole ce n’est autre qu’être confiant dans une autre personne et mériter sa confiance. Les scouts en témoignent à leur manière en disant dans leurs grands principes : « le scout met son honneur à mériter confiance ». 

Avoir la foi, c’est donc être fidèle à la relation d’alliance avec Dieu, c’est faire confiance à Dieu qui se révèle. Car dans toutes nos vies, la promesse de Dieu met du temps à s’accomplir. Nous sommes dans un monde rapide, et nous aimerions presque que tout se réalise dans l’instant, que nos prières soient exhaussées selon le mode d’Harry Potter par un coup de baguette magique. Mais la promesse de Dieu est bien plus grande et bien plus longue que cela. 

Paul exemple de la fidélité

Saint Paul lui même, dans la 2nd lecture nous invite à entrer dans cette dynamique. Il nous invite à une plus grande confiance dans l’œuvre de Dieu « ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné mais un esprit de force ». Combien nous avons besoin d’entendre ces paroles. Le monde romain du premier siècle n’était pas plus favorable à la vie chrétienne que notre monde contemporain. Saint Paul lui-même est mort décapité. Mais s’il est parvenu à rester fidèle, à ne pas renier sa foi à la dernière minute ou sous le coup des lances c’est précisément par grâce. Parce que le Seigneur lui a donné d’être fidèle. Lui le persécuteur, sauvé par Dieu, racheté au prix du sang du Christ, devenu apôtre reste fidèle. Et il invite Timothée, mais au fond avec Timothée c’est nous qu’il invite, à demeurer fidèle à la grâce que nous avons déjà reçue de Dieu : « je te le rappelle, ravive le don gratuit de Dieu
ce don qui est en toi depuis que je t’ai imposé les mains ». Chacun d’entre nous, à l’exemple de Timothée, nous avons reçu cette imposition des mains et ce don gratuit au baptême et à la confirmation.  Lorsque nous disons « Amen », nous disons en réalité un mot hébreux qui signifie « je crois » qui exprime notre fidélité, notre attachement à ce qui a été dit, de la fiabilité, de la solidité, nous renouvelons d’une certaine manière cet attachement au don gratuit de Dieu. 

Seigneur augmente en nous la foi. 

Hélas nous ne sommes pas tous comme Saint Paul, nous manquons souvent de foi, nous sommes épris par le doute ou l’angoisse. Et finalement c’est aussi la situation des apôtres lorsqu’ils se sont écriés : « augmente en nous la foi ». Entre nous, aurions-nous vraiment demandé cela ? et pas plutôt la richesse, le succès, une belle famille, la résolution de nos problèmes, une promotion au travail ?  A cette question bien légitime des apôtres, Jésus répond par la parabole du grain du grand arbre dans la mer. Au fond, personne n’a jamais vu d’arbre se planter dans la mer. Mais au fond avant Jésus, a-t-on déjà vu quelqu’un ressusciter d’entre les morts ? Notre foi repose d’abord sur la confiance que nous voulons faire en la parole de Dieu. Croyons-nous vraiment, frères et sœurs bien aimés, que Jésus est capable dans notre vie de faire toute chose nouvelle ? croyons-nous vraiment que Jésus nous promet la vie éternelle, un bonheur sans fin ? Croyons-nous vraiment que le Christ est notre Sauveur ? 

Notre foi véritable repose là dessus : voulons-nous faire confiance au Christ qui nous offre son salut ? Qui nous sauve ? Qui transforme nos vies. Si nos églises se vident, si l’église semble en crise c’est sans doute parce que nous manquons de foi. Alors oui, nous aussi avons besoin que le Seigneur « augmente en nous la foi ». 

Mais notre prière pour demander à Dieu la foi, c’est à dire la confiance en lui, la fidélité dans notre vie chrétienne doit s’accompagner d’une certitude : notre foi ne repose pas d’abord sur nos qualités personnelles  mais elle est un don de Dieu. Ma fidélité personnelle s’appuie d’abord sur la fidélité de Dieu : « car il est fidèle celui qui vous appelle ». La foi c’est le centre de la foi chrétienne, c’est cette confiance en Dieu, primordiale. Que le Seigneur de gloire, lui qui nous sauvé par la croix de son fils augmente en nous la Foi pour nous donner la vraie joie.