3 étoiles au Michelin ?
Les lectures du jour nous offrent une table digne d’obtenir 3 étoiles au guide Michelin. Vous savez le guide des restaurants les plus raffinés de France et du monde, la palme, le graal pour les restaurateurs. Entendez plutôt « un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés » « tu prépares la table pour moi… ma coupe est débordante »… Lorsque j’entends cela, j’imagine le festin, les noces préparées longtemps pour marier son enfant… bref la fête qu’on ne peut pas rater : « the place to be » comme on dit. Et chose rare dans notre société actuelle : point de facture ni de prix à payer.
Une invitation large… mais peu entendue
Tout d’abord l’invitation est large puisque le festin est préparé pour « tous les peuples ». Dieu convoque donc à un festin le monde entier… un festin qui n’aura pas de fin, un festin en forme de paradis où la nourriture comble véritablement. Où les barrières des peuples tomberont puisque tous ne feront qu’un dans le Christ Jésus.
Alors le Roi invite tout le monde. Les serviteurs sont partis porter la bonne nouvelle. L’événement facebook est créé, les faire-part sont postés, les amis prévenus. Comme dans une famille lorsque l’on célèbre le mariage du fils ou de la fille, les gens se passent le mot et bientôt le lieu du mariage devient une véritable ruche où grouille tous ceux qui veulent venir fêter les nouveaux époux. Mais ici il semblerait que les invités aient mieux à faire.
Il y a celui qui part au champ. Le champ c’est son domaine, sa propriété. Il reste sur ses terres, dans son canapé, devant sa télévision. Il préfère son petit confort à l’invitation. C’est son petit pré carré, son lieu de prédilection où Dieu est prié de ne pas mettre son nez.
Il y a celui qui part à son commerce. En ancien français le commerce désigne les relations, les affections, la séduction. Autrement dit il préfère ses petites relations, sa famille, ses amis, ses conquêtes à l’invitation du Roi.
Il y a ceux enfin qui, sans qu’on ne sache pourquoi, mettent la main sur les serviteurs et les réduisent au silence par la force. Comme si cette parole déjà était trop forte pour eux. Comme si il était interdit d’inviter. Ce sont ceux qui trouvent que les chrétiens sont de trop ou que leur parole n’a pas sa place dans l’espace public ou dans le pays.
Face à tous ceux qui désertent l’invitation, tous ceux qui méprisent le maître, il y a tous ces petits croisés sur les chemins. Ils sont si défigurés qu’ils ne ressemblent plus à l’image de Dieu. Ils forment ensemble comme une cour des miracles. Ils ont compris que ce n’est pas en raison de leur qualité personnelle que Dieu les invite… mais en raison de leur pauvreté. Le festin du ciel est un peu une cour des miracles de l’éternité. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus avait bien compris que Dieu s’intéresse d’abord aux tout-petits. Non pas qu’il préfère ceux qui vivent dans le péché ou la misère mais qu’il est pris de compassion pour celui qui est blessé, qui est pauvre. La pauvreté spirituelle n’est pas ici une question d’argent ou de nourriture, mais plus une disposition du cœur qui nous fait tout recevoir de Dieu, s’abandonner « Mon Dieu est mon tout ». « Dieu seul suffit » disait Sainte Thérèse d’Avila.
La messe : festin des noces de l’Agneau
Mais quel est donc ce festin auquel Dieu nous invite ? Une lecture un peu rapide nous ferait dire le Royaume des cieux, les Noces éternelles du Christ et de l’Eglise… bref quelque chose de lointain qui n’aurait pas grand-chose à voir avec notre vie sur la terre… En fait ces noces du Christ se déroulent déjà sur la terre.
Et ces noces, nous y sommes actuellement : les noces de l’Agneau, c’est la messe. Alain Ducasse ou Cyril Lignac peuvent bien revoir leur copie car face à la messe le menu d’un restaurant 3 étoiles, ou du plus beau mariage du quartier… ne fait pas le poids.
Je ne sais pas si vous avez remarqué mais juste avant la communion le prêtre dit « Heureux les invités au repas du Seigneur » ce qu’on pourrait traduire aussi par « Heureux les invités au festin des noces de l’Agneau ». Ce repas du Seigneur, celui auquel le maître nous invite, c’est celui du Sacrifice Eucharistique. Dans chaque messe, à chaque fois qu’une hostie est elevée entre ciel et terre par le prêtre, le Sauveur du monde se donne et les noces de l’Agneau sont rendues présentes. Le Christ s’oublie tout entier pour s’offrir pleinement à son Eglise sur la Croix. J’ai souvent été marqué par cette phrase : « la messe : c’est la croix qui s’avance dans l’histoire ». Chaque fois que j’assiste à la messe je suis comme plongé, déposé au pied du festin de l’Agneau, je suis transporté au pied de la croix du Sauveur.
Parfois on ne sait plus trop pourquoi on vient chaque dimanche à la messe. Cela devient au fil des années une bonne habitude. Mais a-t-on vraiment conscience qu’à la messe nous sommes au Festin des Noces de l’Agneaux ? Que le Roi nous invite à la table de son corps et de son sang ? A nous nourrir vraiment de sa parole et de son pain ? Avons-nous vraiment faim ?
En fait c’est peut-être cela la clef de l’Evangile du Dimanche, avons-nous vraiment faim de la nourriture du ciel ou préférons nous celle de la terre, celle de TF1 ou de Facebook ? Avons-nous vraiment soif ? Je ne sais pas si vous avez déjà fait des randonnés en montagne sous la soleil mais il est un moment où vous n’avez plus beaucoup d’eau, il fait chaud… et vous expérimentez vraiment la soif. Ai-je soif autant soif de Dieu quand je me présente pour la communion eucharistique que lorsque épuisé par l’effort je tombe sur une source rafraichissante ?
Un habit de lumière :
On imagine bien que les pauvres invités à la croisés des chemins avaient faim. Qu’ils n’étaient pas des blasés de la fête. Mais le roi ne les acceptent pas comme cela. Il ne suffit pas d’avoir faim pour être admis à la table du Roi, il faut encore s’y être préparé. On pourrait trouver cela un peu cruel : il a convié le banc et l’arrière banc mais n’accepterait pas celui qui dépareille ? Au festin des noces de l’Agneau on ne pourrait donc pas appliquer la devise de MacDo : « venez comme vous êtes » ? Dieu ne jugerait que selon l’apparence ?
Je crois que l’invitation au festin pose en fait une question : acceptes-tu vraiment d’entrer dans le jeu de Dieu ? Veux-tu vraiment venir de tout ton cœur à un festin de noce ? Je sais que dans la culture de chacun d’entre nous, quelle que soit notre origine, le mariage et la fête ont une grande importance. On peut parfois passer longtemps à choisir une tenue pour la fête ou la couleur de la nappe. Le vêtement de noce, c’est donc dans la parabole le sérieux avec lequel je reçois l’invitation. Ce n’est pas le mérite ou la perfection de l’apparence car Dieu sonde les reins et les cœurs.
Alors comment pourrions-nous revêtir un vêtement de noce convenable à nous chrétien du 21ème siècle. Je vous rassure nul besoin d’aller acheter un nouveau costume ou une nouvelle robe au Carré Sénart. Mais il convient de revêtir son âme des couleurs de la sainteté. Pour cela, prenez une dose de prière quotidienne, ajoutez une petite lecture de l’Evangile du dimanche pendant la semaine qui précède pour ne pas arriver en « touriste » à la messe du dimanche et enfin n’omettez prenez un bon bain d’Esprit Saint dans le sacrement de la réconciliation, enfin ouvrez votre cœur à l’amour du Père… c’est possible chaque mercredi soir dans cette chapelle.
Dans un moment de silence je vous propose, frères et sœurs bien aimés, que nous puissions dire au fond de notre cœur, notre désir de participer au festin des noces de l’Agneau avec un cœur nouveau et que nous puissions choisir pour cette semaine ce que nous allons faire pour mieux nous préparer à la messe de dimanche prochain.