Chercheur…

Ceux qui me connaissent bien savent que je suis fana et que je cite souvent en homélie deux sagas essentielles à notre culture contemporaine… le Seigneur des Anneaux et Harry Potter. Et dans ces deux sagas je suis frappé par une chose essentielle : les héros, qu’ils soient de jeunes hobbits aux pieds velus ou des apprentis sorciers, se lancent dans une quête avec force et persévérance.  Les uns sont prêts à quitter leur maison tranquille de la Comté pour une aventure pleine de risque mais dont le but est le salut du monde. Les autres sont prêts à renoncer à l’école, à leurs études brillantes, à une réussite sociale certaine… se cacher et chercher activement les fameux Horcrux qu’il leur faut détruire. 

Vous admirez ou détestez ces héros de la fantasy moderne et pourtant ils nous enseignent quelque chose de la vie spirituelle et que Jésus exprime dans les paraboles du jour. 

Le Seigneur nous dit que le Royaume des cieux est ce qui est le plus important. Ce qui est premier. Ce qui fait renoncer à tout. 

Se mettre en route et chercher .

Pour le trouver, ce trésor inestimable… il faut commencer par se retrousser les manches. Le négociant n’a pas trouvé sa perle par hasard, en restant dans son canapé. Le découvreur de trésor a dû creuser puisque le trésor y était caché. Il se sont bougés. Dans nos vies spirituelles, chers amis, ne sommes-nous pas souvent des loukoums de la vie intérieur ? 

Je le dis souvent aux étudiants que je croise : ils sont capables de faire 800 km de voiture en stop pour aller passer une soirée avec leur belle… mais quand il s’agit d’être à l’heure à la messe ou à l’aumônerie, il n’y a plus personne.

L’Évangile d’aujourd’hui nous invite donc à nous mettre en route. Et cela tombe bien, alors que parmi nous un certain nombre d’étudiants partent en pèlerinage. Car l’été est ce temps privilégié où nous pouvons profiter de nos vacances ou de nos loisirs pour nous sanctifier davantage. Pour chercher davantage le royaume de Dieu comme une perle de grand prix. 

La difficulté que nous avons souvent, c’est que nous cherchons des choses avec ardeur … mais pas toujours ou pas souvent le royaume des cieux. On cherche la réussite sociale, on cherche à plaire à une belle ou un beau, on cherche à être riche ou puissant, on cherche à être populaire, on cherche à être en bonne santé, on cherche la gloire dans des études brillantes… mais est-ce qu’au fond nous désirons le Royaume de Dieu ? Est-ce que nous voulons le chercher ? La liturgie de ce dimanche nous offre un bel exemple de chercheur du Royaume… c’est Salomon. 

La valeur du royaume des cieux 

Qu’a-t-il découvert, Salomon ? Il a découvert qu’au fond, une seule chose était importante. Salomon est Roi, puissant, établi sur un trône, celui de son père. Il est jeune, il a votre âge, 18-25 ans. Il a compris une chose : s’il a Dieu avec lui, au fond de son cœur, il ne se trompera pas de vie. Il ne ratera pas sa vie. Il demande donc à Dieu la sagesse ou, dit autrement, l’Esprit de Sagesse, pour qu’il demeure après de lui. Comme avec le génie de la lampe, il aurait pu demander la santé, la richesse, l’iphone 11 pro, ou un voyage gratuit à Marrakech… Cela peut nous interroger sur nos rêves… est-ce que nous rêvons de la sainteté ou de la gloire ? De l’amitié du Christ ou simplement d’une réussite humaine… ? 

Le royaume des cieux est ce trésor qui comble toute la vie d’un homme.

Parfois comme prêtre, on me demande ce qu’on fera au ciel. Au ciel, on sera comblé, tout entier comblé par l’amour de Dieu. Ceux qui ont connu l’amour passionel sur la terre, se disent oui, enfin bon… c’est un peu abstrait tout cela. Eh bien, chers amis, à coté du bonheur du Royaume des cieux que nous connaitrons dans l’éternité, nos amours de la terre, qu’ils soient charnels ou platoniques, sont bien plats et bien fades. Ils sont de la nioniote. 

La sagesse … un trésor qui vient de Dieu 

Eh bien chers amis, j’aimerais vous annoncer une bonne nouvelle… ce royaume des cieux qui est infiniment plus que ce que vous pouvez espérer ou imaginer… eh bien il est en vous. C’est en tout cas l’expérience que décrit St Augustin après sa conversion : « Bien tard je t’ai aimée, ô beauté si ancienne et si nouvelle, bien tard je t’ai aimée ! Et voici que tu étais au-dedans, et moi au-dehors et c’est là que je te cherchais, et sur la grâce de ces choses que tu as faites, pauvre disgracié, je me ruais ! Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi ; ». Ces paroles de St Augustin peuvent être si souvent les nôtres. Nous cherchons notre bonheur ailleurs que dans le royaume des cieux : dans la jouissance éphémère d’une sexualité débridée, dans la consommation ou dans les fêtes, dans l’affection des autres. 

Ce qu’a compris Saint Augustin dans son expérience de conversion, c’est précisément ceci : « C’est pourquoi tout scribe devenu disciple du royaume des Cieux est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien. ». Il a pu relire toute son histoire à la lumière du Christ ressuscité, son Ancien Testament, sa vie d’avant, remplis d’égarement en tous genres. Sa vie d’après, son Nouveau Testament, dans lequel il s’est donné à Dieu en vérité et humilité comme prêtre, comme évêque, comme saint. Être chercheur du royaume de Dieu, ce n’est pas devenir une sainte nitouche, ou renoncer à vivre, c’est changer l’ordre de ses priorités. C’est recherche d’abord la sagesse et le royaume, convaincu que le reste viendra après, en surabondance.

Chers amis qui allez partir en pèlerinage, j’aimerais vous le dire solennellement. Ces 9 jours de pélé sont une grâce pour vous. Dieu veut déposer dans votre cœur cette perle de grand prix qui germe déjà depuis votre baptême. Il veut vous faire advenir disciple du Royaume. Ne gâchez pas ce temps qui s’ouvre à vous. Dieu est capable de tisser pour vous un fil nouveau dans votre vie si vous le laissez faire. Lâchez prise, laissez ici vos fardeaux, vos soucis, faites-lui confiance ! 

Alors vous serez comme ce chercheur de trésors. Vous ne serez pas des Harry potter ou des Frodon qui veulent détruire des objets maléfiques, mais vous serez comme ce négociant, vous vous approcherez du Royaume et du bonheur que rien, pas même la mort, ne pourra vous ravir.

Amen !