Le microscope du baptisé
J’ai une grande révélation scientifique à vous faire. Une que Fred et Jamy dans les 559 émissions de C’est pas Sorcier n’ont pas reussi à vous faire découvrir… C’est que Jésus est pour le chrétien ce que le microscope est pour le biologiste… A quoi sert un microscope ? A nous permettre de voir ce qui est invisible à l’œil nu. Que ce soit pour observer les atomes ou pour analyser les cellules du corps cette invention du 17ème siècle a certainement bien révolutionné la biologie et la médecine. Alors là, vous vous dites que définitivement la messe du dimanche soir, c’est une mauvaise idée pour le Père, qu’il faut aller faire une pause… Et bien non, parce qu’en réalité le Christ est le microscope de nos vies chrétiennes. Et je vais vous expliquer pourquoi.
En effet, cela ne vous a pas échappé que ce dimanche est le dimanche du baptême du Seigneur. Souvenez-vous, Jean-Baptiste, le Jourdain, cuit-cuit les petits oiseaux, la voix qui se fait entendre… tout cela, on le connaît par cœur. Pourquoi ressace t-on encore le même évangile, la même rengaine. On va finir par chanter «Comment puis-je oublier ce coin de paradis… », au début de la messe à ce rythme-là. Parce que l’Evangile est comme un microscope pour nous. Si Jésus est baptisé, et si cela se voit tant, c’est peut-être pour nous manifester ce qui se passe dans nos vies lorsqu’à notre tour nous sommes baptisés. Autrement dit, quand nous voulons savoir ce que veut dire être baptisé…
Regardons le Christ !
Le baptisé, c’est celui qui est appelé par Dieu
Le premier coup d’œil dans le microscope spirituel nous fait voir que le baptisé est d’abord celui qui est appelé par Dieu. Nous l’entendions dans cette magnifique lecture du livre d’Isaïe : «Moi, le Seigneur, je t’ai appelé selon la justice ; je te saisis par la main, je te façonne. » Bien sûr, ce texte nous parle du Christ. Il est le premier appelé par Dieu à entendre cette si belle phrase : « Celui-ci est mon Fils bien aimé, en qui je trouve ma joie ». Le Fils véritable, celui qui est appelé par le Père depuis tout éternité : c’est le Verbe de Dieu. C’est le Christ. Mais comme chrétien, nous sommes appelés par le Père. Nous sommes les enfants bien aimés du Père. Avons-nous conscience de cela ? Parfois au baptême, nous aimons chanter ce cantique « tu es devenu enfant de Dieu », c’est pittoresque et sympatique. Mais au fond, croyons-nous vraiment que nous sommes aimés, comme des enfants bien aimés d’un père aimant. Croyons-nous que notre vie fait la joie de Dieu. Pas notre vie rêvée, notre vie idyllique, mais notre vie réelle fait la joie de Dieu. Croyez, je vous en supplie, que votre présence dans cette église aujourd’hui fait la joie de Dieu ! Pourquoi pensez-vous que vous êtes ici ? Pourquoi êtes-vous nés dans une famille chrétienne ? Pourquoi avez-vous été baptisé ? Parce que Dieu vous a choisis et préférés de toute éternité, afin de vous combler de ses grâces. Si l’Evangile d’aujourd’hui nous rappelle l’amour éternel du Père pour le Christ, c’est pour nous redire avec force l’amour éternel du Père pour nous-même.
Le baptisé est consacré
Replongeons les yeux dans notre microscope spirituel… Jésus est celui qui est consacré par la puissance de l’Esprit. Consacré, cela veut dire mis-à-part. Quand je consacre une église, je la dédie exclusivement à un usage liturgique, je mets à part ce lieu, pour en faire la demeure de Dieu. Si l’Evangile nous dit que Jésus « vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui », c’est pour nous rappeler cela. L’Esprit du Seigneur vit dans nos âmes. Le pensons-nous vraiment ? Est-ce que quand je me lève le matin, je me rappelle que mon âme est le temple de l’Esprit Saint. « Ah mon père, tout de même, vous exagerez, le matin il faut déjà se reveiller et on pense au boulot, à la famille… ». Je le conçois, mais je crois que ça nous ferait du bien de nous rappeler cela. Et de passer notre journée en ayant conscience d’être porteur de l’Esprit Saint ! Par l’Esprit Saint, le Christ, est celui qui est « oint », consacré. A notre tour, depuis notre baptême, nous sommes consacrés, mis à part. Nous sommes marqués, non pas au fer rouge mais marqués d’un amour indéfectible. Bien des fois dans notre vie, nous nous éloignons de Dieu. Bien des fois, nous sommes infidèles à ce baptême, mais la marque de l’amour de Dieu est indélébile. Le pire des criminels comme le plus grand des saints, s’il est baptisé, est marqué du sceau de l’amour de Dieu. De Dieu qui nous dit chaque jour : « tu as du prix à mes yeux… et je t’aime ». D’un Dieu qui nous appelle et nous dit : « Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu qui a toute ma faveur. »
Le baptême ouvre le ministère public de Jésus
Un troisième regard dans notre microscope spirituel nous offre une nouvelle information décisive. Par son baptême, Jésus commence à se manifester comme étant « l’alliance du peuple et la lumière des nations ». Autrement dit, le baptême du Christ ouvre son ministère public. Désormais Dieu se révèle à la face du monde en son fils. C’est dans l’Evangile un tournant : Jean-Baptiste va désormais se retirer, c’est le Christ lui-même qui va annoncer l’Evangile. Alors si le baptême du Christ est le microscope de notre propre baptême, c’est donc que notre baptême à un rapport avec l’annonce de l’Evangile. Pourrait-on dire de nous, que nous sommes « la lumière des nations » ? En paraphrasant Baden Powell, le fondateur du scoutisme, il nous faudrait dire : là où est un baptisé, il doit y avoir quelque chose de changé et de changé en mieux ! Là, où vit un baptisé, c’est la lumière du Christ qui doit apparaître. Alors attention, il ne s’agit pas de se prendre pour ce que nous ne sommes pas, mais simplement de prendre au sérieux notre baptême. Si Jésus a démarré sa mission par le baptême, si nous sommes chrétiens, cela veut dire que nous avons entendu l’appel du Christ à le suivre, et nous sommes appelés à cette mission. Et nous pouvons nous demander : que vais-je faire pour annoncer l’Evangile en 2020 ? Faire du porte à porte un samedi par mois ? inviter mon voisin à l’Abbé Mousse Papa/Maman ? parler du parcours Alpha ou du dimanche Gabriel ? Parler de ma joie à vivre la messe du dimanche. C’est cela être baptisé. Imaginez un seul instant que le Christ en sortant du Jourdain soit allé se reposer …
« Bon, allez les gars, c’est bon, je vais garder l’amour du Père pour moi même… ». Et bien, nous serions très malheureux, nous serions toujours dans l’attente d’un Sauveur.
Chers amis, frères et sœurs bien aimés, à y regarder de près, le Christ est un vrai microscope pour nous. Il nous révèle ce que nous sommes en vérité : des hommes et des femmes appelés par Dieu. Des hommes et des femmes consacrés par Dieu, mis à part car nous avons du prix à ses yeux. Des hommes et des femmes envoyés pour témoigner de la vie divine.
En ce dimanche puissions nous le croire… et le vivre vraiment !