Seuls ?
Seul dans un monde hostile ?
Je ne sais pas si vous connaissez la BD « seul » qui a été adaptée au cinéma il y a quelques mois. C’est l’histoire d’un groupe d’enfants et d’adolescents qui se réveillent un matin … complètement seuls. Tous les adultes autour d’eux se sont mystérieusement volatilisée. Plus une trace… Ils doivent se serrer mes coudes pour espérer comprendre ce qui s’est passé et tout simplement survivre.
Hé bien c’est un peu la situation des Apôtres… imaginez un peu, vous avez suivi Jésus pendant plusieurs années… vous avez traversé l’épreuve de la croix… vous avez pleuré, il est ressuscité et il faut qu’il reparte encore… Ce dimanche nous sommes entre l’Ascension et la Pentecôte, c’est-à-dire que Jésus est parti et que l’Esprit Saint n’est pas encore arrivé, du coup les apôtres ils se sentent un peu seul, Pierre, Paul, Jacques et compagnie ils se retrouvent un peu bête, ils ont plus le patron pour leur dire ce qu’ils faut faire et quand ils voient le souk que c’est dans le monde. Et encore eux n’avaient pas BFM TV, iTélé ou Facebook pour leur faire vivre en direct l’attentat à Manchester, la demi-finale du Top 14 ou les menaces en Corée du nord… Bref ils sont au cénacle bien barricadés dans la pièce la plus haute et ils se disent qu’il ne fait pas encore un temps à mettre un Apôtre dehors.
Et il faut avouer que nous sommes de temps en temps dans le même état d’Esprit que les Apôtres quand on regarde notre monde contemporain. Et face à l’état de notre monde il est 3 attitudes possibles :
- Il y a celui qui se dit que le monde est un danger : tout part à volo, c’était quand même mieux avant, qu’il vaut mieux se barricader dans l’église pour être sur que rien d’impur ne puisse y entrer. Le monde est mauvais il faut surtout s’en protéger, il faut lire de bons livres, regarder de la bonne télévision catholique… avoir des bons amis…
- Il y a celui qui baisse les bras tout de suite et qui se dit « de toute façon c’est foutu » On a misé sur le mauvais cheval, le vent tourne, c’est le « sens de l’histoire » alors autant profiter de l’instant présent.
- Il y a donc celui qui s’enferme et celui qui baisse les bras… et puis il y a celui qui se relève les manches. Celui qui sait dans quel monde il vit, et qui sait qu’il n’en changera pas, il ne s’agit pas de transplaner comme on peut le faire dans Harry Potter … hop un coup de baguette magique et vous vous retrouver ailleurs.
C’est ce troisième homme que le Christ nous appelle à être « Vous êtes dans le monde mais vous n’êtes pas du monde » dirait il un peu plus loin dans l’Evangile. « Vous êtes dans le monde », autrement dit, ne cherchez pas à vous échapper, à fuir la réalité qui est la votre aujourd’hui. Pourquoi ? parce que c’est moi qui vous ai posé en 2017, dans la belle ville de Vannes. Et c’est ici et maintenant que j’ai besoin de vous. C’est ici et maintenant que je veux faire de vous des saints. C’est ici et maintenant que je veux vous donner l’Esprit Saint.
Trois conditions pour demeurer dans le monde
Je crois que les 3 lectures de ce jour nous donnes comme trois clefs pour être dans le monde sans être du monde, selon l’ordre du Seigneur.
La première condition c’est la prière. Avez-vous remarqué dans la première lecture, nos apôtres un peu esseulés se réunissent pourtant dans la salle haute, une des premières église et Luc, l’auteur des Actes des Apôtres nous dit : « tous d’un même cœur était assidus à la prière ». Autrement dit alors qu’ils sont dans l’attente de l’Esprit, qu’ils paraissent bien seuls dans un monde qui part à volo… les Apôtres prient et se reposent sur Dieu. Pour prendre une comparaison la prière c’est un peu comme le sachet de thé dans l’eau… on a besoin de laissé infuser suffisamment longtemps pour que le thé ait du gout. De même si un chrétien ne laissent pas la parole de Dieu raisonner dans son cœur chaque jour… il est un thé un peu fade, il n’a pas de saveur pour le monde.
La deuxième condition c’est l’humilité. Vous me direz c’est un peu paradoxal car Jésus ne parle que de gloire dans l’Evangile ? Pourtant la gloire de Jésus s’établie par la croix, par l’abaissement, par l’effacement vis à vis de son père auquel il ne cesse de renvoyer. Pour nous chrétien l’humilité ne consiste pas à se laisser trainer dans la boue injustement, mais bien à ne cesser de renvoyer à un mystère qui nous dépasse. Nous ne prêchons pas notre propre parole, mais celle de Dieu. L’humilité du chrétien c’est aussi de savoir qu’il ne sauve pas le monde tout seul. Sauver le monde c’est l’œuvre de Jésus et cet œuvre est déjà accomplie.
La troisième condition c’est d’annoncer la vie éternelle : « la vie éternelle c’est qu’il te connaissent »… autrement dit qu’ils connaissent le Père. Si c’est valable pour nous qui sommes chrétiens… c’est aussi une belle invitation à faire connaître le Père. C’est le sens de l’Evangile d’aujourd’hui, nous avons accès au Père, nous sommes capable de dire « Notre Père ». Cette annonce de la vie éternelle est une vraie et grande bonne nouvelle pour notre temps. Face au mystère de la mort, nos contemporains et nous même sommes souvent violement désappointés. Nous avons là comme chrétien un rôle unique dans le monde : annoncer aux hommes une vie qui a un sens véritable parce que la mort a un sens véritable, parce que la vie ne se termine pas entre 4 planches mais dans la vision de Dieu dans un face à face d’amour.
Ces 3 conditions, prière, humilité et mission nous aide à demeurer ajusté au Seigneur en étant dans le monde… Elles nécessitent pourtant un don premier qui est celui du baptême.
Etre baptisé dans l’Esprit Saint
Car au fond nous ne sommes pas comme les héros de la bandes dessinée … seul abandonnés de tous ? Et bien non frères et sœurs bien aimés ! La plupart d’entre nous avons reçu le baptême. Et Saint Paul nous le disait dans la 2nd lecture « heureux êtes vous parce que l’Esprit de Dieu repose sur vous ». Dans quelques instants je vais conféré au petit Théophile ici présent ce beau sacrement de l’Amour de Dieu. Dès lors ce petit garçon de quelques semaines seulement va devenir le Temple de l’Esprit Saint, la demeure de Dieu. Dieu va habiter en lui et lui va habiter en Dieu. Théophile du haut de ces quelques cm va « connaître Dieu » au sens biblique le plus profond : il va s’unir personnellement à Dieu et Dieu va s’unir personnellement à lui. Il pourra porter son nom en plénitude « Théophile, ami de Dieu » « je ne vous appelle plus serviteur… je vous appelle mes amis » avait dit Jésus peu avant de souffrir sa passion. Et Théophile va donc recevoir le seul armement véritablement utile pour être chrétien dans le monde : l’Amour de Dieu en plénitude. Il va être greffé sur une plante qu’aucune tempête, qu’aucun attentat ou qu’aucune tristesse ne pourra ébranler : la Vigne véritable, le Christ.
Ce don de l’Esprit au baptême et à la confirmation l’Eglise nous propose de le demander à nouveau frais chaque année pour la fête de la Pentecôte que nous célébrerons dimanche prochain.
D’ici là et pour nous y préparer nous pourrions par exemple choisir un des fruits du Saint Esprit (je vous en redis quelques uns mais ce sera l’occasion d’aller chercher après la messe quels sont les 12 fruits du Saint Esprit…) : amour, joie, paix, patience, sens du service, bonté, confiance dans les autres, maitrise de soi, fidélité, modestie… Bref choisir un fruit de l’Esprit et pendant les jours qui nous sépare de la Pentecôte le demander avec une ferveur nouvelle : « Seigneur Esprit Saint, toi que le Seigneur nous a promis, descend sur moi et donne-moi … la paix dans mon travail, la bonté, la joie du quotidien, la patience vis à vis de mes enfants… ».
Dans un moment de silence réfléchissons au fruit de l’Esprit que nous désirons. Prions pour qu’il nous aide à être « dans le monde sans être du monde ». Prions enfin pour ce petit enfant qui va être baptisé pour qu’il demeure chaque jour fidèle aux promesses de son baptême.
Amen !