Il reviendra dans la gloire !
Imaginez que dans un futur proche, une immense soucoupe volante envahisse le ciel terrestre, libérant un nombre infini de plus petites soucoupes qui prennent position au-dessus des plus grandes villes du monde. Un informaticien new-yorkais décrypte les signaux émanant des étranges voyageurs. Ils ne sont pas du tout amicaux et ces extraterrestres se préparent à attaquer la Terre.
Vous aurez reconnu le scénario du film Independance day, un film catastrophe dont Hollywood raffole et qui a fait des millions d’entrées en salle. Il pourrait résumer une partie de l’Evangile d’aujourd’hui. Fin de temps, stupeur et tremblement, mort, bref l’Apocalypse.
« En ces jours-là après une grande détresse, le soleil s’obscurcira et la lune ne donnera plus sa clarté, les étoiles tomberont du ciel et les puissances célestes seront ébranlées ». Charmant.
Si dans le cadre du cinéma de tels scénarios offrent une distraction plaisante pour un dimanche soir, comment ne pas trembler en entendant dans la bouche du Christ ces paroles terribles. Face à elles nous pouvons avoir plusieurs réactions.
Il y a la réaction de l’angoissé chronique : « Vous avez entendu, avec les manifestations, les attentats, et le dérèglement climatique moi je vous le dis, Madame, notre monde va pas bien et puis surtout c’est la fin des temps, j’en suis sûr… »
Il y a la réaction de l’intellectuel déconnecté de la réalité : « Toutes ces choses-là sont des images, elles sont bonnes pour la littérature et le cinéma, mais çà ne nous concerne pas le moins du monde… franchement ce serait désuet de s’y attarder davantage. Ces textes-là ne sont que pour faire peur au croyant afin qu’il donne davantage au denier du culte… »
Il y a la réaction du chrétien croyant : « Ces textes de la fin de l’année liturgique me parlent de Dieu et du Christ, ils m’annoncent une bonne nouvelle qu’il me faut discerner ».
Il reviendra dans la gloire
Cette Bonne Nouvelle, c’est que le Christ ne s’est pas contenté de venir un jour du temps, il y a 2000 ans pour repartir aussitôt et nous abandonner. Nous le disons chaque dimanche : « il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts ». Lorsque nous lisons ces textes, il ne faut nous rappeler que Jésus les prononce avant de vivre sa passion. Ne lit-on pas dans l’Évangile, à l’heure où Jésus est crucifié que le ciel s’obscurcit et que lorsqu’il meurt le sol tremble ? Et en même temps, ces textes décrivent quelque chose d’une réalité ultime. En mourant sur le croix le Christ a vaincu la mort, il a réconcilié l’homme avec Dieu. Pourtant, nous le voyons bien chaque jour, l’humanité toute entière ne vit pas encore de la vie de Dieu. Ce jour-là, au jour du fils de l’homme, le Christ récapitulera toute chose en lui. Il révèlera sa puissance à tout être pour faire la lumière sur chacune de nos vies. Faire la lumière pour Dieu c’est d’abord éprouver la puissance de sa miséricorde. Saint Paul, qui pensait au départ à un retour rapide du Christ, voyant ce jour tarder déclare : « c’est pour vous qu’il patiente afin que vous ayez le temps de vous convertir ». Lorsque le Fils de l’homme viendra nous juger, il viendra surtout mettre en pleine lumière notre vie, le désir profond de notre cœur, nos actes de bontés et nos péchés. Si nous vivons unis à lui dès maintenant, par la communion, si nous recevons le pardon de nos péchés régulièrement quelle crainte pourrions-nous avoir ? Nous pourrions déclarer comme Sainte Thérèse au soir de sa courte vie : « je ne meurs pas, j’entre dans la vie » !
En attendant ce jour du Seigneur où le Christ régnera sur toutes choses, un petit tour dans l’actualité nous rappelle bien vite à la dure réalité du monde. Attentats, affaires et scandales en tout genre, divorce, maladie, déchristianisation sont autant événements qui peuvent nous ébranler dès maintenant. Face à eux, nous pouvons être tentés d’au moins 2 manières :
La première tentation c’est de croire que c’était mieux avant. Que nous sommes quand même dans une époque où rien ne va plus. C’est la tentation du catastrophisme. Nous rêvons d’un univers harmonieux où tout le monde serait d’accord avec les préceptes de l’Évangile. Comme, hélas, il n’existe pas autour de nous, nous imaginons que cet idéal a existé par le passé. Mais quand nous regardons l’histoire de l’Église nous sommes bien loin d’un équilibre parfait entre la société et l’Evangile. Allant de la lapidation d’Etienne, jusqu’aux témoignages des martyrs de notre temps, tués à cause de leur fidélité à l’Évangile. « On vous traduira devant les tribunaux, on vous mettra à mort et en faisant cela on croira servir Dieu » (Lc 21, 12). Voici le climat et la situation réels dans lesquels nous sommes appelés à vivre notre fidélité quotidienne à Dieu ! Du coup, dans cette situation nous nous raidissons, nous nous enfermons sur nous-mêmes, nous fermons la porte de notre cœur, convaincus que nous sommes les derniers des Mohicans et qu’autour de nous le monde court à sa perte, qu’il faut donc s’en protéger … avouons-le c’est parfois un peu notre tentation. Dans l’Évangile d’aujourd’hui le Seigneur pourtant ne commande pas à ses disciples de fuir les tribulations ou de rester enfermé en petit club catho…
La deuxième tentation, qui nous guette aussi par moment, c’est de nous laisser décourager dès que nos convictions sont ébranlées par une majorité ou une minorité autour de nous. Allons-nous baisser les bras en disant : « Puisque personne n’est d’accord, je ne vais pas changer le monde à moi tout seul, et je préfère me mettre d’accord avec les autres puisque qu’ils ne veulent pas se mettre d’accord avec moi » ? Pour échapper à cette hostilité ou cette indifférence à l’Évangile, allons-nous peu à peu intérioriser notre foi et nous habituer à vivre une vie comme si le Christ n’était jamais venu ? Je deviens un chrétien « sous-marin » voulez-vous devenir de bons citoyens, un bon collégien lambda, un bon salarié sans histoire, comme les autres, sans problème et sans question, qui se réunissent de temps en temps dans une église pour faire des dévotions qui leur permettent d’exprimer leur foi pourvu que personne ne le sache, pourvu qu’en vous voyant sortir de votre maison le dimanche matin, vos voisins croient que vous allez faire votre marché ? C’est peut-être ce qui nous plairait parfois, mais ce n’est pas ainsi que l’Évangile porte du fruit.
Entre ces deux tentations, sur une ligne de crête, se situe la vie avec le Seigneur.
L’Évangile se réalise si nous sommes fidèles à la Parole du Christ, si nous ne vivons pas dans la crainte d’être submergés par l’adversité, ni dans l’idée que l’indifférence ambiante (voire même l’hostilité) devienne plus forte que notre foi, ou que quelques groupes fanatiques et fanatisés puissent venir détruire ce que nous avons construit. Voilà la véritable épreuve de la foi. Croyons-nous vraiment que la puissance de l’amour de Dieu, à l’œuvre à travers l’histoire des hommes, sera plus forte et finira par l’emporter ?
Cette force de la foi ce n’est pas celle d’un Captain America ou Superman chargé de sauver la terre en danger. Ce n’est pas non plus celle qu’on acquiert à grands coups de renforcement musculaire dans une salle de sport… C’est la force de l’Esprit Saint dans nos vies. Chaque communion, chaque confession, chaque moment de prière nous prépare à vivre la rencontre avec le Christ notre Sauveur… profitons-en pleinement. C’est le chemin de notre joie. Amen.