Connecté à l’essentiel
Hier j’ai eu la chance de faire la petite visite d’un domaine viticole dans le sud de la France. Et je dois vous avouer que ça aide un peu à comprendre l’Evangile de ce dimanche. Aujourd’hui, nous ne sommes plus très habitués à entendre parler de la vigne mais à l’époque du Seigneur, la vigne était courante. Tout le monde avait un petit lopin de terre avec un peu de vigne et un figuier.
Plusieurs types de sarment
A y regarder de près, il y a 3 types de sarments dans l’Evangile.
D’abord, les sarments tout secs. Ils sont comme les branches que l’on trouve dans la forêt de Fontainebleau et avec lesquels les enfants aiment jouer : cassants et faibles. Par contre, ils sont très utiles pour allumer le barbecue. Ils ne sont bons plus qu’à être brûlés ou à pourrir sur place. Ils ne laissent plus passer de sève. Ils sont morts. Dans chacune de nos vies, il y a des moments qui nous ont desséchés, des choix mauvais qui conduisent à la mort, des péchés ou des tristesses. Pour ceux -là, le Seigneur nous offre une perspective : le feu de la miséricorde de Dieu. Sainte Thérèse aimait à dire que nos péchés face à la miséricorde de Dieu étaient comme des gouttes d’eau dans un brasier ardent.
Heureusement, tout n’est pas sec sur la vigne. Il y a d’autres sarments qui ont des feuilles. Mais ils ne rapportent pas grand-chose. Ils prennent de la sève mais n’en profitent pas à 100%. Ils ont des feuilles, ils ont souvent une belle apparence… mais le vrai vigneron ne se trompe pas. Ces sarments là ne voient pas beaucoup de grappes au moment de la vendange car dans la vigne, plus une vigne est chargée et touffue… et moins elle produit de fruits. Dans chacune de nos vies, il y a ces sarments là, les moments où je choisis l’apparence plutôt que la vérité. Où j’embrasse la croix avec ferveur mais ne me convertis pas sur un point sur lequel je sais que je suis pas en accord avec le Seigneur, où je dis à tout le monde que je suis chrétien au lycée mais ne respecte pas mes éducateurs.
Enfin, il y a des sarments féconds. Ceux-là ne sont pas détachables de la vigne, ils sont fermement ancrés dans la vigne. Ils reçoivent de la vigne, de Jésus donc, la sève véritable, et ils la font fructifier. Jésus en parle largement dans l’Evangile, c’est le croyant qui demeure en Jésus et en qui Jésus demeure. Le disciple fermement ancré dans le commandement de l’amour.
Connecté à la vie véritable
La question de l’Evangile de ce jour est donc : « Qu’est‑ce que je fais de la sève du Christ ? de la présence du Christ en moi ? ». Cela revient à se demander : est-ce que je capte vraiment le Seigneur? Ou bien est-ce que dans ma vie chrétienne, je suis toujours un vieux mobile en edge qui a du mal à capter le réseau pour envoyer son Whatsapp? C’est la question qu’il faut nous poser, lucidement, spécialement lorsque nous nous tournons vers lui pour la prière, et lorsque nous venons le recevoir dans l’Eucharistie. Question qui retentit, et qu’il faut faire retentir, dans notre vie de famille ou de communauté : Que faisons‑nous de la sève du Christ ? De la verdure inutile ? Des vrilles qui s’accrochent un peu partout ? Des grappes fluettes qui essaient de mûrir de façon anarchique, chacune dans son coin ? Du bois qui, chaque automne, va rallonger la vigne sans l’enrichir ?
Ou dit encore autrement, que faisons des grâces que le Seigneur nous accorde ? Nous aimons prier, pour obtenir des grâces : guérison, réconcilation, paix, joie, protection divine… Nous aimons bénir nos objets. Mais que faisons-nous des grâces que le Seigneur nous donne ? Toute cette sève que le Seigneur nous accorde. Sommes-nous comme un smartphone vieillot connecté à un réseau 5G ? qui ne tire pas profit de la connexion ?
Porter du fruit
Que serait une vigne sans raisin ? Ce serait une vigne qui ne sert plus à rien, un objet de décoration, une vigne vierge bonne pour décorer nos façades. Mais à Dieu le bon vin et les fêtes entre amis. L’enjeu c’est donc de porter du fruit : « n’aimons pas en parole ni par des discours, mais par des actes et en vérité » entendions-nous dans la 2èmelecture. De la même manière, Saint Paul est reconnu à ses fruits, lui, l’inconnu des Apôtres, appelé par le Seigneur, et prend lui même sa place parmi les Apôtres grâce aux fruits de grâces et de prédication.
A notre tour, le Seigneur nous invite à porter du fruit. Qu’est-ce qu’un fruit pour un chrétien ? Eh bien, c’est un acte concret d’amour ou de charité. Au fond c’est ce que sont les saints ? Nous aimons les prier, nous les admirons beaucoup ? En fait ils sont « justes » des sarments qui sont restés bien greffés sur la vigne et qui ont profité de la sève divine. Je suis frappé de voir combien à chaque époque le Seigneur suscite des saints pour nous montrer ce que veux dire « demeurer avec le Seigneur ».
A notre échelle de chrétien, je vous propose un petit exercice spirituel. C’est la mise en pratique. Chaque dimanche je peux choisir une parole de vie que je veux vivre pendant la semaine, sur lequel je vais faire un effort concret, pour lequel le Seigneur va me donner une grâce. Je reçois la sève de Dieu à chaque messe, dans chaque parole de Dieu. Et bien je vais porter un fruit cette semaine. La laisser grandir en moi et agir. Car le vrai fruit de notre dynamique spirituelle, c’est un acte d’amour. Chaque semaine à la messe je peux décider d’un acte de bonté, chaque soir à la prière pour le lendemain. Porter du fruit.
C’est difficile ? oui mais vous n’êtes pas seuls « celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui là portera beaucoup de fruit ». Faites-lui confiance ! C’est lui qui fournit la sève, vous il s’agit juste de lui faire porter du fruit… laissez-vous faire ! Il est bien meilleur qu’une antenne 4G… si vous vous tournez vers lui, vous, vous êtes sûr de rester connectés… à l’essentiel !