La goélette de l’Amour !

Vous nous avez invités sur le port de Fouesnant pour que nous soyons témoins de votre départ vers les flots. Vous allez gagner vos galons de jeunes mariés dans quelques instants. Vous sortez tout juste de l’école des mousses conjugaux où pendant plusieurs mois vous avez appris qu’on ne se marie pas parce qu’on s’aime… mais bien parce qu’on a décider de s’aimer. Mais une question demeure pour nous tous. Pourquoi donc avoir convoqué Dieu à votre mariage ? Il vous aurait suffi de demander à Cécile de venir chanter… « S’il suffisait qu’on s’aime, s’il suffisait d’aimer… » ou encore à Jacques « quand on n’a que l’amour à offrir en partage au temps du grand voyage qu’est notre grand amour » ou éventuellement à Jean … « que ferais-je sans toi qui viens à ma rencontre, que ferais-je sans toi que ce balbutiement »… Mais Dieu voyons ? nous perdons une précieuse heure sur cette belle journée de mariage breton. C’est peut être que l’auteur de l’amour n’est autre que Dieu lui-même . Nous l’entendions dans l’Evangile il y a quelques instants : « comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés ». Vous le savez bien, chère Flavie et cher Henry, Dieu n’est pas d’abord un petit bonhomme assis sur son nuage (breton ?) qui gouvernerait le monde de sa hauteur, mais il est d’abord celui qui nous montre son amour.

Faire confiance : Il vous aime ! 

Car pour voguer sereinement sur les voies du mariage, il vous faut d’abord faire confiance  et lâcher prise car vous ne saurez pas à l’avance comment les vents souffleront dans les voiles de votre goélette. Faire confiance à celui qui vous aime et qui a donné sa vie pour vous. Car si vous avez invité Dieu à votre mariage, où plutôt si vous lui avez donné la première place, c’est parce que la foi que vous partagez et que vous vivez depuis votre baptême vous pousse à faire confiance à ce Dieu qui vous aime. Et dans l’ordre de l’amour, Dieu ne se contente pas de quelques chansons romantiques du 20ème siècle… il montre son amour sur la croix. Chaque fois que vous verrez sur le bord du chemin… en Bretagne ou en forêt près de Senlis une croix rappelez-vous l’amour de Dieu pour vous. Rappelez vous qu’en ce jour de votre mariage, vous avez choisi de Lui faire confiance. Vous avez choisi que votre vie de couple allait s’appuyer sur Lui… car Lui, Jésus, nous montre le chemin de l’amour véritable : Il a donné sa vie par amour pour vous sur la croix : voilà le gage de notre confiance en Dieu : la croix !

Notre vie contemporaine est une vie assurantielle… On fait des investissements financiers pour assurer l’avenir, on se « sécurise »… Mais si tout est bordé, tout est contrôlé, tout est organisé, où est la place pour Dieu ? De même, où est la place pour l’ami qui arrive à l’improviste ? Quelle place pour la personne qui vient frapper à votre porte ? Et si vous ne faites que ce qui est prévu, où est la place pour l’amour ? n’est-ce pas un « tue l’amour » que de tout prévoir ? Le chemin de l’amour de Dieu, y compris dans le mairage est un chemin de confiance. Se faire confiance l’un à l’autre et faire confiance ensemble à la Providence. Prenez des risques, soyez audacieux au nom de Dieu : le monde attend de votre part, cher Henry et chère Flavie que votre couple témoigne d’une foi audacieuse et confiante… cette foi qui vous fait vous engager aujourd’hui pour toute votre vie. Qui vous fait prendre le large sans savoir où cela vous mènera !

Garder le cap … pour la joie ! 

Je ne suis pas un expert en navigation maritime, mais il me semble qu’on apprend, à l’école Navale à « garder le cap ». Ainsi donc, pour garder le cap et éviter les icebergs de l’Atlantique nord, il vous faut, cher Henry et chere Flavie, rester vigilants. Car votre goélette ne manquera pas d’être secouée par les vagues de la vie. Rester vigilant cela signifie revenir sans cesse à ce jour béni de votre mariage et aux paroles si profondes et si grandes que vous allez prononcer dans quelques instants. « je te recois et je me donne à toi ». Je te reçois avec ce que tu es, avec tes qualités et des défauts, avec ton histoire et tes richesses. Et je me donne à toi . Dans votre couple, n’ayez pas peur de donner. De donner du temps à l’autre. De donner de l’attention à l’autre. De donner vos qualités profondes à l’autre. Dès lors que vous donnez en abondance, vous ressemblerez à Dieu et votre amour aura toutes les chances de porter du fruit. Mais sur les flots de l’amour la tempête a deux origines : l’égoïsme et l’orgueil. Chaque fois que vous penserez à vous d’abord, chaque fois que vous ferez primer votre petit plaisir égoïste avant le bien de l’autre, avant le bien de la famille que vous désirez fonder… vous empêcherez votre bateau d’avancer, vous affalerez les voiles et risquerez la dérive. Pour l’heure, votre amour est encore bien proche du port. Bien sûr cela fait quelques années que vous vous êtes rencontrés, que vous avez appris à vous aimer. Mais votre amour, par la grâce du mariage, doit encore grandir. 

Ainsi donc pour barrer dans la bonne direction, voici quelques petites pistes pour chaque jour, chaque semaine, chaque mois et chaque année. 

  • Chaque jour, vous réajusterez le cap et recalant vos appareils… c’est-à-dire vous ferez tout pour prier ensemble. Il est bien plus facile de s’unir dans la chair que de prier ensemble. Pourtant prier en couple dilate l’âme et vous rappelle qu’en ce jour béni de juillet 2021 vous vous êtes donnés l’un à l’autre devant Dieu. 
  • Chaque semaine, vous referez le plein de vivre pour ne manquer de rien : vous vivrez la messe comme une communion d’amour avec Dieu. Et vous vous donnerez aux autres dans l’Eglise et dans le monde. Car un couple fécond est un couple ouvert sur le monde et les autres : que les mutations auxquelles la royale vous soumettra ne vous servent pas d’excuse pour éviter de vous donner dans le service. 
  • Chaque mois : la réunion de votre équipage prendra la forme d’un « devoir de s’assoir », c’est-à-dire d’un vrai temps pour vous parler, sans boulot, sans téléphone, sans enfant. Comme Jésus dans l’Evangile prend le temps d’aller au désert pour dialoguer avec son père, prenez le temps loin des investissements immobiliers, des copains, ou du smartphone…
  • Chaque année : vous déposez votre bateau pour un véritable « carénage »… au bassin vous revivez votre mariage… par une petite retraite de couple et un petit voyage, loin des enfants ou des amis pour vous retrouver jeune mariés. 

Bon vent… vers l’éternité ! 

Alors chère Flavie et cher Henry, je dois vous souhaiter : « bon vent ». Car un mariage religieux n’est pas un aboutissement triomphal, mais un humble départ. Départ non pas vers l’inconnu mais vers le ciel. Car votre mariage, si beau soit il, merci papa, merci maman, n’est qu’un pâle reflet des noces éternelles : celles du Christ de l’Eglise. Des noces dont aucune chanson de Céline Dion ou de Jacques Brel ne pourra rendre compte. Car en donnant sa vie sur la Croix le Seigneur épouse l’Eglise et inaugure des noces éternelles. Des noces dans lesquelles chacun d’entre nous es appellé à entrer dans la joie du ciel. Nous nous réjouissons en ce jour pour Flavie et Henry qui se marient mais ce mariage devrait nous rappeler que le Seigneur désire aussi épouser notre âme pour toute l’éternité. Il veut que chacun d’entre nous puisse lui dire, selon la formule scoute bien connue « je veux t’aimer sans cesse, de plus en plus ». 

En fait, Flavie et Henry, en prenant le large sur la goélette de l’amour et en demandant à Dieu de bénir votre union, vous dites au monde non seulement que le mariage est une belle aventure mais encore que vous faites confiance à Dieu, et que le but de votre voyage est la patrie céleste. Plus encore, si vous vivez vraiment le mariage chrétien, le don mutuel de votre vie prendra une forme plus grande encore, vous deviendrez « icône de la communion des personnes divines », c’est-à-dire que vous reflèterez l’amour de Dieu sur la terre. Voilà le sens de votre mariage en ce jour : que votre amour reflète pour le monde l’amour de Dieu. 

Alors en ce jour de fête, dans ce joli port, mettez les voiles vers les rives célestes, aimez-vous de tout votre cœur en renonçant à l’orgueil et à l’égoïsme. Donnez-vous l’un à l’autre par amour, donnez-vous aux autres et à l’Eglise dans le service et surtout soyez heureux, le reste on s’en fout ! Bon vent au nom du Christ !