Autorité ?

D’un côté il y a Rambo : son tee-shirt est trop petit pour contenir la qualité de muscle qu’il héberge, il a une énorme arme automatique à la main, il mesure 1m90… Bref, le gars que tu ne veux pas emmerder quand tu le croises dans la rue. De l’autre, il y a Jésus, petit gars de Galilée, fils d’un charpentier pas bien connu des faubourgs de Nazareth …  Et pourtant, c’est bien le second qui semble vraiment faire autorité autour de lui. « Il enseignait en homme qui a autorité et non pas comme les scribes » au point que mêmes les démons semble lui obéir. C’est donc qu’il y a en Jésus un truc de plus qu’en Rambo. 

C’est une question d’autant plus intéressante que nombre d’entre nous sommes en situation d’autorité : les parents sur les enfants, les chefs scouts sur leur scouts, les cadres en entreprise vis-à-vis de leur subordonnés … et que nous sommes dans une époque qui semble refuser les autorités … ou en tout cas les vivre différemment. 

La cohérence entre le dire et le faire 

Qu’est-ce qui peut frapper à ce point chez Jésus ? D’abord la cohérence ! La cohérence entre le dire et le faire. C’est d’ailleurs un des péchés les plus graves dénoncés par Jésus chez les responsables religieux de son époque : « ils disent et ne font pas ». C’est grave. Pour illustrer ce que je dis je vous raconte une petite histoire qu’on doit au père Petitclerc. C’est l’histoire de cet ado de 13/14 ans à qui son père refuse la permission de sortir le soir dans la cité car c’est objectivement dangereux, ce à quoi l’ado rétorque : « écoute, moi je me fatigue toute la journée à aller au collège pendant que tu glandes devant la télé… j’ai bien le droit de me détendre un peu ». Dans notre vie chrétienne nous pouvons nous interroger sur cette cohérence. La semaine dernière, j’ai parlé de l’importance de la Parole de Dieu, de ce que l’on entend de Dieu… cette semaine il faut se poser la question de ce que nous disons et vivons concrètement. Je professe la foi et j’invite à la justice sociale, à la charité, à la prière, à la chasteté… mais est-ce que je veux vivre tout cela… ou au moins essayer de le vivre ? Si Jésus devait me rencontrer aujourd’hui, me trouverait-il pharisien ? Quand je parle de foi autour de moi, est-ce en cohérence avec ma vie ? 

Alors bien sûr, vous ne tuez personne physiquement, vous ne volez pas dans les magasins et vous essayez d’avancer sur un chemin avec Dieu… mais je me risque à donner un domaine où beaucoup d’entre nous tombons facilement : celui de la médisance. On entend dans l’Évangile que le Verbe se fait chair, on nous apprend la bonté de la bienveillance… et souvent nous représentons un gros contre-témoignage par notre médisance et nos critiques. On critique le curé, le voisin, la voisine, le collègue… tout en prônant que c’est pas bien de dire du mal. Voilà une première blessure dans la charité, une première difficulté à avoir une parole d’autorité dans le monde d’aujourd’hui.

Les paroles du Verbe 

Ce qui frappe aussi chez Jésus à travers les pages de l’Évangile, c’est la puissance de la Parole du Christ. « Même les démons lui obéissent ! ». Nous le disions la semaine dernière, la Parole de Dieu ce n’est pas rien, c’est un cadeau qui nous est fait. Un cadeau que nous pouvons recevoir en disciples, en followers… ou un cadeau que nous pouvons bouder ou déformer. En effet, être disciple du Christ ce n’est pas simplement reconnaître que Jésus est Jésus. Même le démon est capable de cela : « Tu es le Saint de Dieu » disent-ils… Franchement pas mal… et pas évident à trouver. Il faudra 8 chapitres à Saint Pierre pour en dire autant. Cette parole de Dieu, cette parole d’autorité est aussi libérante ! Nous sommes tous un peu dans la situation de l’homme impur qui a besoin d’entendre une parole forte de Jésus ! Quand nous allons nous confesser, nous entendons du Christ « je te pardonne tous tes péchés ». Cette parole de Jésus est « performative », elle fait ce qu’elle dit et c’est une bonne nouvelle. 

C’est une véritable parole d’autorité car c’est une parole qui cherche le bien de l’autre, parce qu’elle fait grandir et qu’elle libère. On peut se demander dans la gestion de nos relations humaines si nos paroles d’autorité sont des paroles qui font grandir. Comme le signifie l’origine-même du mot : augere signifie faire croître. La parole de Jésus fait grandir son auditoire et même quand elle est forte… elle cherche à faire croître. 

6 raisons pour que l’autorité du Christ soit une bonne nouvelle pour nous…

  • Première bonne nouvelle, Jésus est un maître qui n’a pas peur : l’auditoire n’a pu déceler en lui le moindre doute (souvenez-vous d’ailleurs qu’à 12 ans déjà il est retrouvé “assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant ; et tous ceux qui l’entendaient étaient stupéfaits de son intelligence et de ses réponses” – Lc 2, 47)
  • Deuxième bonne nouvelle, Jésus est véridique : ce qu’il dit, il le fait. Mieux : il l’est. Il est le Verbe auprès de Dieu par qui tout a été fait ! Quelle majesté et quelle leçon pour les Pharisiens comme pour nous qui sommes tentés par les faux-semblants !
  • Troisième bonne nouvelle, Jésus a du contenu à nous dispenser : il est la clé des Écritures ! Dans tout l’Évangile il manifeste ce contenu, il annonce le Royaume : une parole accompagnée d’actes de puissance, de signes de majesté.
  • Quatrième bonne nouvelle, Jésus nous donne part à sa vérité en nous libérant du mensonge : voilà de quoi décontenancer la jactance et l’ironie des esprits impurs qui résistent et agitent la classe. Paradoxe ultime : sa puissance d’exorcisme ne les condamne pas, mais leur donne accès à son enseignement (moyennant qu’ils soient « muselés » et libérés) !
  • Cinquième bonne nouvelle, Jésus est la clé du mystère de chacun d’entre nous. Le plus dur est bel et bien derrière ! Avec Jésus, nous marchons libres et sauvés, dans la longue dernière ligne droite qui nous prépare au bonheur du Ciel !
  • Sixième bonne nouvelle, Jésus associe ses disciples à son acte d’enseignement : enseignant les foules en leur présence, ceux-ci apprennent de lui sa manière d’enseigner : “Le disciple n’est pas au-dessus du maître; tout disciple accompli sera comme son maître” (Lc 6, 40) ; et : “Allez, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit” (Mt 28, 19-20).

Jésus est donc celui qui nous montre le chemin de l’autorité véritable car il est cohérent : il dit et il fait… Il exerce son autorité pour faire grandir les gens et non pour impressionner ou asseoir son pouvoir : son autorité est un service. Enfin, nous avons un maître et Seigneur sûr qui peut nous guider avec pleine assurance vers le chemin du Ciel… Alors moi entre Rambo et ses gros muscles, et Jésus… je choisis Jésus !