Moi je me bats pour devenir guetteur !

Depuis plusieurs mois, notre pays est en proie à une vraie détresse. Il y a eu les Gilets Jaunes, les grèves des transports puis la satanée Covid19, avec son lot de confinements, dé-confinement, chômage partiel et autres privations de messe. Le Président de la République, en mars dernier, nous parlait de nous battre dans une guerre d’un nouveau genre, une guerre sanitaire. Eh bien, chers amis, j’aimerais vous inviter à vous battre ce soir. À vous battre oui, mais à vous battre pour devenir guetteurs. À vous battre pour guetter le retour du Christ, pour veiller, comme nous y invite l’Évangile. 

Veiller…

Hier après midi, tandis que la rue de Rennes était bondée archi-bondée (avec 3 personnes par m2…) et que les boutiques rouvraient à peine, le petit sondage aurait été riche d’instruction : il y a ce jeune homme rencontré, légèrement boutonneux, et pour qui veiller… c’est surtout rester éveillé le plus longtemps possible, pour jouer avec ses copains sur un jeu en ligne le plus tard possible, lui qui aurait bien du mal à sortir de sa veille le lendemain matin à l’heure de la Messe à Saint Sulpice…
Il y a ce vieux monsieur qui se posait la question de savoir ce que voulait dire que son ordinateur sortait de la « veille prolongée », cet état pachydermique de l’ordinateur qui met en pause tous ses sens et qu’il faudra réveiller d’une pression sur le bouton power. Et il arrive que notre Avent, ce soit cela. Il y a aussi ce gardien d’hôtel à Paris, un peu désespéré de veiller tard pour des clients qui peut-être ne rentreront jamais ce soir, et qui joue inutilement sur son smartphone… Et il arrive aussi que notre Avent, ce soit une vaine attente, une attente du nouvel iPhone 14 Pro XS Max qui n’est pas encore sorti mais qui devrait sortir bientôt… Il y a enfin ces quelques scouts de Saint Sulpice, désespérés de ne pouvoir parcourir les bois, et qui se souviennent avec nostalgie des veillées du grand camp d’été :  les chants, les amis, et puis on est content d’être ensemble… Car il arrive que notre Avent ce soit cela : on est content d’être à nouveau ensemble, on s’occupe de soi…
Enfin il y avait cette dame « moi, quand je dis veiller, je pense à “j’y veillerai”, “j’y penserai” ». Je vais veiller à préparer la chambre de mes petits enfants qui, à défaut de pouvoir skier, viendront à Paris pendant les vacances de Noël.

Et c’est cela le sens de l’Avent : je vais me préoccuper des affaires du Seigneur, plus précisément du Sauveur ! Voilà la première des choses à faire dès aujourd’hui, pendant cette messe, en « présentiel » : choisir comment nous allons vivre notre Avent. 

Guetter le Sauveur qui vient déjà ! 

La veille sur laquelle il nous faut nous concentrer, c’est celle des lueurs du salut ! Oui, notre foi, chers amis chrétiens, c’est de croire, que rien – ni la mort ni la haine, ni aucune mesure injuste -, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ. 

C’est la longue promesse du livre d’Isaïe que nous avons lu en première lecture et qui nous accompagnera pendant tout ce temps de l’Avent : « Reviens, à cause de tes serviteurs, des tribus de ton héritage » « C’est toi, Seigneur, notre père ». Quel sens pour nous de lire encore ces textes alors que le Christ est venu il y a plus de 2000 ans, serait-on en train de jouer aux nostalgiques gâteux qui ressassent sans cesse la même rengaine ? Parce que le temps de l’Avent ne nous prépare pas à un anniversaire. Parce qu’il n’y a pas qu’une seule venue du Christ mais bien trois. Oui le Christ est venu dans le crèche un jour du temps. Il est venu, annoncé et espéré par le prophète, révéler la grandeur de l’amour de Dieu pour les hommes et sa proximité dans leur détresse. Ça c’est la crèche. 

Oui, car nous le disons chaque dimanche : « Il reviendra dans la Gloire pour juger les vivants et les morts » (ça c’était l’épisode de la semaine dernière). Mais surtout parce qu’il vient aujourd’hui et maintenant, dans ta vie, sur cet autel, dans notre monde, pour nous sauver. 

La promesse du Seigneur, c’est que le Seigneur est le Sauveur pour aujourd’hui. Pour notre période de Covid. Et c’est d’ailleurs le sens de la grande prière de neuvaine que notre Archevêque nous propose dès la semaine prochaine : prier 9 jours pour demander à Dieu son salut dans notre pays bien blessé, meurtri et affaibli par tant de mois de crise ! Oui chers chrétiens, c’est notre devoir, notre mission de porter les intentions de notre monde qui n’attend même plus de Sauveur.

Être un guetteur c’est savoir déceler dans les situations les plus difficiles de notre vie, les germes d’Espérance que Dieu nous donne. Car il ne nous abandonne pas. 

En cette première semaine de l’Avent voici un bon exercice spirituel que nous devrions faire : noter chaque soir sur notre carnet spirituel les visites de Dieu, les « coups de la grâce » qu’il nous a offerts aujourd’hui. Car chaque jour le Seigneur, si nous y sommes attentifs, si nous sommes dans une veille active et non pas une veille prolongée, nous communique comme des apéritifs du salut ! C’est cela se battre ! 

Demander la grâce d’un salut pour nous-mêmes et pour le monde : l’Espérance !

Mais ces grâces que le Seigneur nous fait ne sont pas pour nous seuls. Il nous faut aussi, dans notre monde actuel, nous faire des veilleurs au milieu de la nuit obscure. Dans les sombres temps que nous vivons, qui osera porter la flamme de l’Espérance au milieu d’un monde en proie à la peur et au doute ? Qui d’autre que nous, les chrétiens ? À notre monde qui ne sait pas réfléchir sans être anéanti par la perspective du risque de la mort ou de la contamination, c’est notre rôle que d’apporter l’Espérance. Notre vie chrétienne, en ce temps de l’Avent, est illuminée d’une certitude que nous découvrons dans la foi : le Seigneur vient nous sauver ! Réellement et concrètement.

N’ayons pas peur, pendant tout ce temps de l’Avent, de le redire au monde : oui, nous croyons, nous avons foi en un Sauveur ! Jésus : Dieu Sauve ! De redonner au cœur des ténèbres de notre quotidien la lumière de la foi et de l’Espérance. 

N’ayons pas peur non plus de demander une grâce au Seigneur pendant ce temps. Nous avons un peu moins de 4 semaines avant de fêter Noël : si chacun d’entre nous demandait une grâce particulière à Dieu ce soir. Et la demandait avec insistance pendant tout l’Avent. Si entre amis, en colloc’, en couple, en famille, vous osiez parler de cette grâce que vous aimeriez tant recevoir et que vous pourriez porter les uns les autres dans la prière. 

Chacun de nous pourrait guetter à travers cette prière continue de l’Avent les signes de la grâce de Dieu dans la vie de nos proches, les semences du salut que le Verbe dépose à chaque instant par son amour. 

Concrètement, ici, à Saint Sulpice, nous manifesterons notre prière continuelle et notre Espérance inébranlable dans le Salut que seul Dieu peut donner, en venant aux messes « Rorate », en participant à la journée du pardon, en illuminant nos fenêtres le 8 décembre, et en osant crier au monde le sens de l’Avent ! 

Choisir comment vivre l’Avent, tenir le carnet des grâces que Dieu nous donne au quotidien, confier dès maintenant et pour tout l’Avent une intention, et demander cette grâce ardemment jusqu’à Noël. Voici notre programme de bataille de la semaine pour sortir de notre veille prolongée et commencer la veille active de l’Avent !

Alors, oui cette semaine, bats-toi pour devenir guetteur, attendre l’heure, la lueur.

Bats-toi pour devenir guetteur, attendre ton sauveur, ton rédempteur.

Amen !