Venez comme vous êtes ?
« Heureux les invités aux repas du Seigneur », voilà le programme de ce dimanche. Franchement Alain Ducasse ou Guy Savoy peuvent retourner à leur cuisine, c’est Dieu lui-même qui se met en cuisine. Le menu est savoureux tel qu’Isaïe nous le décrit dans la première lecture : « un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés. »
Désolé pour les Vegans, sans gluten ou alcool free… C’est la fête à ne pas manquer. The place to be. Et en plus ce sera doux pour votre porte monnaie car le Seigeur invite gracieusement.
Le roi nous invite
Voici la première conviction de ce banquet du Seigneur. Tous sont les bienvenus. Nul besoin d’appartenir à une élite sociale ou spirituelle. Nul besoin d’un doctorat de théologie (mais si vous l’avez tant mieux). Dieu convoque donc le monde entier à un festin… un festin qui n’aura pas de fin, un festin en forme de paradis où la nourriture comble véritablement. Où les barrières des peuples tomberont puisque tous ne feront qu’un dans le Christ Jésus.
Alors le Roi invite tout le monde. Les serviteurs sont partis porter la bonne nouvelle. L’événement facebook est créé, les faire-part sont postés, les amis prévenus. Comme dans une famille lorsque l’on célèbre le mariage du fils ou de la fille, les gens se passent le mot et bientôt le lieu du mariage devient une véritable ruche où grouillent tous ceux qui veulent venir fêter les nouveaux époux. Mais ici il semblerait que les invités aient mieux à faire.
Il y a celui qui part au champ. Le champ c’est son domaine, sa propriété. Il reste sur ses terres, dans son canapé, devant sa télévision. Il préfère son petit confort à l’invitation. C’est son petit pré carré, son lieu de prédilection où Dieu est prié de ne pas mettre son nez.
Il y a celui qui part à son commerce. En ancien français, le commerce désigne les relations, les affections, la séduction. Autrement dit il préfère ses petites relations, sa famille, ses amis, ses conquêtes à l’invitation du Roi.
Il y a ceux enfin qui, sans qu’on ne sache pourquoi, mettent la main sur les serviteurs et les réduisent au silence par la force. Comme si cette parole était déjà trop forte pour eux. Comme s’il était interdit d’inviter. Ce sont ceux qui trouvent que les chrétiens sont de trop ou que leur parole n’a pas sa place dans l’espace public ou dans le pays.
Face à tous ceux qui désertent l’invitation, tous ceux qui méprisent le maître, il y a tous ces petits croisés sur les chemins. Ils sont si défigurés qu’ils ne ressemblent plus à l’image de Dieu. Ils forment ensemble comme une cour des miracles. Ils ont compris que ce n’est pas en raison de leurs qualités personnelles que Dieu les invite… mais en raison de leur pauvreté. Le festin du ciel est un peu une cour des miracles de l’éternité.
L’Eucharistie : festin des noces de l’Agneau
Quelles sont donc ces noces si étranges ? Eh bien, cher amis, vous y êtes et vous êtes appelés à y demeurer… c’est la messe qui est comme l’avant goût du ciel. Si vous allez à Rome, l’église Saint Ignace vous aidera à comprendre cette réalité spirituelle. En effet sa place ressemble à une scène de théâtre classique et lorsque vous entrez dans l’église, voilà le ciel sur la terre par les représentations, les dorures, l’abondance. Que l’on aime ou que l’on n’aime pas le style baroque, peu importe, là n’est pas la question. Mais cette architecture veut rappeler cette réalité : la messe, c’est le ciel qui descend sur la terre. C’est le ciel qui touche la terre.
Je ne sais pas si vous avez remarqué mais, juste avant la communion, le prêtre dit « Heureux les invités au repas du Seigneur » ce qu’on pourrait traduire également par « Heureux les invités au festin des noces de l’Agneau ». Ce repas du Seigneur, celui auquel le maître nous invite, c’est celui du Sacrifice Eucharistique. Dans chaque messe, à chaque fois qu’une hostie est élevée entre ciel et terre par le prêtre, le Sauveur du monde se donne et les noces de l’Agneau sont rendues présentes. Le Christ s’oublie tout entier pour s’offrir pleinement à son Église sur la Croix. J’ai souvent été marqué par cette phrase : « La messe : c’est la croix qui s’avance dans l’histoire ». Chaque fois que j’assiste à la messe, je suis comme plongé, déposé au pied du festin de l’Agneau, je suis transporté au pied de la croix du Sauveur.
Parfois on ne sait plus trop pourquoi on vient chaque dimanche à la messe. Cela devient au fil des années une bonne habitude. Mais a-t-on vraiment conscience qu’à la messe nous sommes au Festin des Noces de l’Agneau ? Que le Roi nous invite à la table de son corps et de son sang ? À nous nourrir vraiment de sa parole et de son pain ? Avons-nous vraiment faim ?
Venez comme vous êtes ?
On imagine bien que les pauvres invités à la croisée des chemins avaient faim. Qu’ils n’étaient pas des blasés de la fête. Mais le roi ne les accepte pas comme cela. Il ne suffit pas d’avoir faim pour être admis à la table du Roi, il faut encore s’y être préparé. On pourrait trouver cela un peu cruel : il a convié le banc et l’arrière banc, mais n’accepterait pas celui qui dépareille ? Au festin des noces de l’Agneau, on ne pourrait donc pas appliquer la devise de MacDo, « venez comme vous êtes » ? Dieu ne jugerait-il que selon l’apparence ?
Je crois que l’invitation au festin pose en fait une question : acceptes-tu vraiment d’entrer dans le jeu de Dieu ? Veux-tu vraiment venir de tout ton cœur à un festin de noce ? Je sais que dans la culture de chacun d’entre nous, quelle que soit notre origine, le mariage et la fête ont une grande importance. On peut parfois passer longtemps à choisir une tenue pour la fête ou la couleur de la nappe. Le vêtement de noce, c’est donc dans la parabole le sérieux avec lequel je reçois l’invitation. Ce n’est pas le mérite ou la perfection de l’apparence car Dieu sonde les reins et les cœurs.
L’invité mal habillé aurait pu dire au maître : « écoute, j’avais rien à me mettre mais peut être as-tu un habit à m’offrir pour que je ne reste pas seul mal vêtu à la noce » ; au contraire de cela, il s’enferme dans le silence. Il y a au moins deux manières de recevoir de Dieu l’habit des noces pour le banquet eucharistique. La première c’est la confession. Depuis combien de temps ne me suis-je pas confessé en vérité ? 1 mois ? 6 mois ? 2 ans ? En donnant tout au Seigneur pour qu’il recrée un habit de noce.