Pierre et la foi !

Nous voici dans la série de l’été… série à succès, série étonnante, série à rebondissements qui va faire un carton sur Netflix… « La foi de Pierre »… Comme vous manquez peut-être un peu de mémoire, je vous refais le pitch de l’histoire.

Souvenez-vous, Pierre c’est le petit pécheur du lac qui se laisse interpeller par son frère André pour aller à la rencontre de Jésus, au début de l’Évangile. C’est lui qui fut témoin du miracle de Jésus à Cana, ce véritable rêve de tous les restaurateurs ou responsables de soirées étudiantes, où Jésus a changé des centaines de litres d’eau en vin. Pierre c’est l’audacieux Apôtre qui au cours d’une sortie en bateau, alors qu’il voit Jésus marcher sur la mer, lui demande de le rejoindre et finit par se faire enguirlander :  « Pourquoi as-tu douté ? » Eh oui, car Pierre, le bon élève, Pierre, le premier de la classe…. N’est pas si parfait qu’on le croit. 

En fait, comme chacun d’entre nous, Pierre doit faire un véritable chemin de foi.

L’autre jour, une jeune femme interloquée par la foi de certains de ses amis me demandait : « Comment peut-on avoir la foi, alors qu’on a pas été élevé dans la foi ? ». Je crois que c’est précisément à cela que veut répondre l’Évangile que nous avons entendu il y a un instant. 

Car pour Pierre, le premier des apôtres, le premier Pape…. le grand Saint Pierre, eh bien la foi a des étapes, et la foi n’est pas une évidence, la foi prend du temps… 

Reprenons la question de Jésus qui va provoquer la belle réponse de Pierre. 

« Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? »… autrement dit, que dit-on que je suis ? Quelle est l’opinion commune à mon sujet ? Si l’on faisait un sondage dans la rue ? La présence de Jésus interroge les gens de son époque. Est-il un agitateur politique, un illuminé style Jean-Baptiste vêtu d’un slip en peau de bison, est-il un prophète, c’est-à-dire quelqu’un qui parle de Dieu et au nom de Dieu… ? On peut partir de ce qu’on peut lire dans les statistiques : les catholiques ont généralement telle origine, ils ont tel type d’éducation, font tant d’études… C’est l’approche sociologique de la foi, mais ce n’est pas encore la foi.

En réalité, la question de Jésus est plus profonde et ne concerne pas que les gens de son époque. La question de Jésus n’est pas « comment me caractériser dans les statistiques… ? » mais « quelle relation avez-vous avec moi ? » Finalement, la question qui est posée à Pierre et aux autres apôtres est plus proche de la question qu’un homme amoureux peut poser à son amoureuse : que dis-tu que je suis, pour toi ? 

Car la foi de Pierre, et à sa suite la nôtre, se situent d’abord dans la relation personnelle avec Dieu. Croire, ce n’est pas d’abord faire partie d’un club social d’élus, ou simplement être un bon « citoyen du monde catholique ». Avoir la foi, ce n’est pas non plus un simple héritage du passé comme si l’on était supporter du Paris-Saint-Germain de Père en Fils ou passionné par la vie des langoustes en Amérique du Sud. Non, la foi se situe d’abord dans la relation personnelle avec Dieu. Pierre vit déjà depuis un petit moment avec Jésus, il le connaît un peu, il a vu quelques signes. La relation entre Jésus et lui a grandi, et la réponse qu’il donne, il n’aurait pas pu la donner au début.

La foi est donc la réponse que nous faisons à Dieu qui se révèle et se propose à nous. Alors ne vous attendez pas à de grandes révélations façon spectre de Star Wars… Non, Dieu se révèle à nous par la discrétion du témoignage d’un proche, par la lecture d’un Évangile, par la beauté d’un chant liturgique, par l’éclat de la nature. 

Pierre, dans l’Évangile, en répondant « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant », confesse qu’il a reconnu en Jésus plus qu’un ami, plus qu’un simple prophète, il a reconnu en Jésus le Messie, le Sauveur attendu depuis des siècles, il a reconnu que Jésus était son Sauveur. Il est entré dans une relation personnelle avec lui. Il a découvert comme le secret du cœur du Christ et c’est pourquoi Jésus lui dit : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. »

Entrer dans la foi aujourd’hui à la suite des apôtres

En réponse à sa profession de foi, Pierre reçoit une mission inscrite dans son nom. « Tu es Pierre et sur cette Pierre je bâtirai mon église ». En réalité, chers amis, notre propre foi s’appuie à sa manière sur la foi des apôtres. Car ce sont eux qui nous ont transmis la parole et la connaissance qu’ils ont eues du Christ. Ce sont eux qui ont parcouru au péril de leur vie tout le bassin méditerranéen pour annoncer la résurrection du Christ. Ce sont eux, les apôtres qui nous ont transmis l’héritage de Jésus. Si nous pouvons à notre tour, chaque dimanche dans la liturgie professer la foi de l’Église, c’est parce qu’un jour, un homme, Pierre, a au nom des autres apôtres reconnu dans la relation qu’il entretenait avec Jésus que cet homme-là n’était pas un simple agitateur politique, un simple tribun populaire mais qu’il était son Sauveur et son Dieu. 

Chers amis, de nos jours encore, à la suite des Apôtres, des hommes et des femmes à l’âge adulte font la rencontre du Christ et témoignent, comme Pierre, de leur foi. Il y a quelques années j’ai eu l’occasion de lire puis de voir au cinéma le témoignage de Thierry Bizot. Riche producteur de télé, qu’un prof du lycée de son fils a invité à une soirée découverte de la foi dans une crypte miteuse d’une église parisienne. Il avait été baptisé mais avait tout envoyé promener à l’adolescence, vivant loin de la foi, sans foi finalement. Critique et distant, il a fini par se laisser interpeller par quelques paroles de la Bible et s’est plongé dans la lecture de l’Évangile, sans même en avertir son épouse. Au fil du temps il va faire, un peu comme Pierre, une vraie rencontre du Christ et va découvrir la joie de croire en Dieu. Si cela vous amuse vous pourrez lire son livre : Catholique anonyme (Seuil, 2008). 

Alors, que l’on soit baptisé depuis toujours ou qu’on entre par hasard dans cette église en ce jour, le Seigneur nous invite en ce dimanche à la foi, c’est-à-dire à répondre personnellement à l’appel de son cœur, à sa parole qu’il nous livre dans l’écriture sainte. Que le « Je crois en Dieu » que nous allons professer ensemble dans un instant soit  notre manière à nous de dire « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ».