Jésus, le blessé et moi dans tout cela

Avec les lectures d’aujourd’hui on pourrait facilement s’arrêter a un aspect moral des choses.

En entendant cet Evangile on se dit facilement : «bah oui, le Christ nous parle d’une jolie histoire pour nous dire qu’il faut être charitable et aider les pauvres. Éventuellement, vous continuerez en disant : mais mon père, vous savez je suis engagé dans telle association au service des pauvres et tout cela est très beau. ». En fait, l’Evangile d’aujourd’hui nous parle de Dieu, nous parle du Christ. 

C’est un bon exercice à faire dans votre vie intérieure et spirituelle : prendre un Evangile et se demander : comment cet evangile me parle de dieu ? Qu’est ce qu’il me dit du Christ ? 

Ainsi donc, il nous faut faire l’expérience, il nous faut demander la grâce de découvrir le visage du Christ dans cet Evangile. Les pères de l’eglise ont largement contemplé cet évangile bien connu. Ils nous éclairent dans cette démarche.

L’homme blessé, celui qui descend de Jérusalem à Jéricho, c’est Adam, figure de l’humanité, l’homme qui est attaqué et blessé. C’est en fait l’image de notre propre vie. Nous ne cessons de subir les assauts du malin et du péché. A l’échelle de notre propre vie, dans le combat spirituel et dans la tentation, mais aussi à l’échelle de l’Église ou du monde. Lorsque l’on va en Terre Sainte, on remarque bien que Jéricho est un lieu de sécheresse et de chaleur, une terre relativement inhospitalière. Quitter Jérusalem, c’est donc partir de la ville sainte, pour aller dans un lieu plus hostile, et moins bon. 

Le prêtre qui descend et le lévite c’est la figure de la loi ancienne, la loi de Moïse. La loi ne suffit pas à nous sauver. On le voit bien dans chacune de nos existences. Respecter seulement la loi ne suffit pas à combler notre vie, et à nous offrir la vie éternelle. 

Le bon samaritain, c’est la figure du Christ : il descend de Jérusalem, la ville sainte, comme il descend du ciel, pour se faire proche de nous. Il se penche avec délicatesse sur notre humanité blessée. Jésus n’a pas peur de cet homme défiguré, Jésus n’a pas peur du pécheur que nous sommes, il n’a pas peur de nos histoires tourmentées et de nos vies cabossées. Vous noterez d’ailleurs, que le Bon Samaritain de la parabole ne moralise pas, il ne demande pas ce qui s’est passé. Il se contente d’accueillir, de prendre sur ses épaules et de soigner. 

Voici ce que le Bon Samaritain fait pour l’homme blessé. Voilà ce que le Seigneur fait pour nous.

L’auberge, c’est l’Eglise. C’est le lieu où l’on reçoit les soins. L’auberge est l’Église, où tous les pécheurs sont conviés pour y recevoir l’huile et le vin de la doctrine et des sacrements.

 Le pape François aime à parler de l’Eglise comme d’un hôpital de campagne. Et cette parabole peut nous interroger : faisons-nous de notre paroisse un hôpital de campagne ? Un lieu, où tous sont accueillis et soignés ? 

En comprenant que le Christ est ce Bon Samaritain, la perspective est complètement changée. Jésus ne nous enseigne pas simplement à être des gentilles personnes charitables, il nous invite à nous laisser aimer et conduire. 

Un certain nombre de paroissiens ont déjà fait l’expérience du soin des plus pauvres. Que ce soit les personnes à la rue avec l’Ordre de Malte, les jeunes mineurs isolés, dont s’occupe le secours catholique, ou d’autres situations. Dans ces situations là, parfois le plus difficile, pour la personne concernée, c’est de se laisser approcher, de se laisser aider. Et bien, nous sommes pareil avec le Christ : est-ce que nous laissons le Christ être notre bon samaritain ? c’est à dire guérir nos blessures ? nous soigner et nous confier à l’Eglise ? 

Le Christianisme n’est pas une morale. Il comporte certes une morale, et exigeante, mais celle-ci ne peut être saisie et vécue qu’au plan décisif, où le christianisme est une mystique, c’est-à-dire réalise progressivement en nous une incorporation au Christ: «Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » : c’est en moi et par moi que le Christ se fait proche de tous, pour nous sauver. «  Elle est tout près de toi, cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur,afin que tu la mettes en pratique. ». Cette Parole, c’est le Christ par son Esprit, dans sa Parole reçue et confessée, dans ses sacrements qui donnent, ce que la Parole révèle. Cette Parole, c’est elle qui vient, si nous la mettons en pratique, guérir nos cœurs et faire de nous, à notre tour, des Bons Samaritains pour les autres. 

En ce dimanche, puisse la Parole de Dieu toucher notre cœur, puissions nous comprendre en profondeur, que cette Parole vient de Dieu et qu’Il nous donne la vie véritable. Que l’Evangile, tout l’Evangile, parle de Dieu, que notre Bon Samaritain, c’est d’abord le Christ qui soigne nos blessures, pour qu’à notre tour nous puissions devenir des Bons samaritains. 

Que cette eucharistie célébrée avec Amour nous aide à le vivre davantage.