Vas-tu venir ? [Pentecôte]

La messe de la Pentecôte, ça ressemble parfois un peu à une tentative infructueuse de dressage d’un chien. Imaginez Medor, un joli chiot labrador que vous essayez de dresser pour qu’il vous obéisse et que vous puissiez aller faire du running en forêt avec lui. A grand coup de biscuits pour canidé, vous allez lui intimer l’ordre, sur tous les tons «  viens Médor », « tu vas venir, oui ou non » ? « allez médor, il faut suivre le maître… »

De la même manière depuis le début de la messe, on dit «  Viens Esprit Saint », on l’a chanté au moins 10 fois  depuis le début de la messe, c’est pas un peu lassant ces refrains (aussi bien chanté soient-ils) qui ne changent rien, ça ne vous fatigue pas vous de répéter en boucle : viens Esprit Saint ?

Viens Esprit Saint et Il est venu ? Alors oui, Il est venu, ça ! Il est venu, il y a 2000 ans parce que Jésus l’avait promis, ça on est d’accord, c’est même ce qu’on fête aujourd’hui, un bel événement passé. Impressionnant tout de même : langue de feu, ambiance lumineuse, c’était digne du concert de Johnny, « Allumer le feu » .

Il est venu et ça a tout changé ! 

Mais le truc le plus fou, c’est que ça a changé quelque chose. Petit flash back. Les Apôtres au moment de la Pentecôte sont un peu comme nous. Ils sont réunis en petite communauté, bien au chaud. Ils sont heureux d’être ensemble. Après tout, ils ont tous quelque chose en commun : ils ont aimé Jésus et ils l’ont vu Ressuscité. Bon, mais les Apôtres ne font pas les fiers quand même, car ils n’ont pas tellement de vision sur l’avenir. Ils étaient apeurés, un peu angoissés, comme quand on vient de se faire virer de son boulot, ou qu’on attend le conseil de classe, pour savoir si on passe dans la classe supérieure. L’Esprit est venu et là, ça a tout changé ils sont devenus des torches brûlantes. 

« Mon père, oui bah c’est ça la Pentecôte, la fête de la descente du Saint Esprit sur les Apôtres, c’est un peu l’anniversaire de ce moment-là, comme on commémore l’anniversaire du débarquement, l’anniversaire de la mort de grand-mère, l’anniversaire de mon premier gâteau aux fraises. »

Si vous pensez que la pentecôte est un événement pour avant, un anniversaire, j’aimerais vous le dire, avec toute l’amitié que je vous porte, que vous vous trompez, et vous vous trompez lourdement.  Vous avez l’impression que l’Esprit Saint est absent du monde, parce que la moitié de la ville, et je suis gentil, est indifférente à cette fête de Pentecôte, en dehors de son jolie WE de trois jours, propice aux plantations et au départ en WE. 

Se laisser conduire par l’Esprit

Cette fête de la Pentecôte, chers amis, au contraire est très actuelle. Elle est pour ici et maintenant. « Tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit Saint, ceux-là sont fils de Dieu ». Cette petite phrase de St Paul est capitale pour la vie chrétienne : la vie chrétienne n’est pas une perfection morale, la vie chrétienne n’est pas une conformité sociale, la vie chrétienne n’est pas non plus une connaissance intellectuelle, la vie chrétienne est une Pentecôte permanente !

Depuis 2000 ans, l’Esprit Saint agit avec puissance dans les cœurs, qui se laissent conduire. Tous ceux qui acceptent d’accueillir l’Esprit saint, une immense cohorte, ne sont pas des personnes dotées d’incroyables talents, ce ne sont pas des surhommes, vous voulez que je vous dise, j’ai même l’impression que Dieu se plait à prendre des bras cassés, des petits, des pauvres, des incapables pour mieux manifester sa puissance …

Regardez les saints, regardez ceux que Dieu appelle depuis le commencement : Abraham était trop vieux et Timothée trop jeune, Isaac rêveur et Jacob menteur, Gédéon était mort de trouille, Rahab était prostituée et  David infidèle, Jonas a fui comme un lâche, Noémie était veuve, Job avait fait faillite, Pierre a renié le Christ, les disciples s’endormaient en priant, Marthe s’inquiétait pour tout, Marie Madeleine avait été possédée, la samaritaine avait divorcée un paquet de fois, Zachée était trop petit, Paul était arrogant. Pas un pour rattraper l’autre et le Seigneur les a choisis.

Alors s’il les a choisis avec leurs imperfections, il peut bien s’arranger avec nous, non ? Le Seigneur ne choisit pas ceux qui sont  capables, il rend capable ceux qu’il choisit, par son Esprit Saint. Il nous rend capable de grandes choses et il nous choisit, il nous choisit tous. 

Nous même sommes de cette cohorte de témoins. Depuis notre baptême, nous sommes habités de l’Esprit Saint, et si nous choisissons en ce jour de nous laisser conduire par lui, si nous lui demandons de venir vraiment, avec foi, avec confiance, malgré nos péchés et nos faiblesses, alors oui il transformera, et a déjà commencé à transformer nos vies. Chaque jour, je rencontre des gens qui se sont laissés toucher par l’Esprit et leur vie a changé, et changé en mieux ! C’est cet étudiant qui a poussé la porte de l’Aumônerie des étudiants pour un café et qui se retrouve à préparer le sacrement de Confirmation, c’est ce couple de fiancés, qui au cours de la préparation au mariage découvre la joie de lire l’Evangile, c’est cette femme qui accepte de se laisser aimer par Dieu malgré son histoire cabossée, c’est ce jeune qui choisit de rentrer au séminaire… tous ceux-là ne sont pas parfaits, mais ils ont choisi de se laisser conduire par l’Esprit. 

Un choix pour aujourd’hui !

En ce jour de Pentecôte, le Seigneur nous met face à un choix : est-ce que je veux être de ceux qui, machinalement vivent le train-train métro-boulot-dodo bien au chaud ? De ceux qui vivent à 100 à l’heure, pour oublier que leur vie n’a pas de sens ? Ou bien veux-tu que l’Esprit donne un but et un sens à ta vie ? Veux-tu un coach véritable ? Veux tu de la présence de Dieu en toi, quelques soient les situations de ta vie présente ? ESt-ce que tu veux vivre de l’Esprit de paresse, de jalousie, d’orgueil, de séduction, d’ambition ? ou bien de l’Esprit Saint et de ces dons : Sagesse, intelligence, conseil et force, piété affection filial, adoration. 

« Mais mon père, franchement je suis désespéré, ça ne sert à rien »… et bien justement : l’Esprit Saint fait des miracles non pas avec les parfaits… mais avec les pauvres et les petits. Oui, quand on invoque l’Esprit, quand on lui demande de venir et qu’on lui fait une place, Il vient. Il répond, mieux que Médor.

Car l’Esprit Saint si on veut bien lui laisser une place dans nos vies, agit : il nous transforme de l’intérieur, il nous fait oser des choix nouveaux. Il transforme un pauvre homme en missionnaire de l’évangile, un pauvre informaticien en prêtre de Jésus. Et l’Esprit agit en chacun de manière différente : parfois de manière radicale et rapide, profonde et absolue : comme un vent de tempête, parfois dans le murmure d’une flamme. Mais une chose est sûre, si on lui ouvre la place, il nous remplira : il chassera les peurs, il guérira les blessures, il nous transformera. 

Oui chers amis, la Pentecôte n’est pas un anniversaire du passé, mais une sève du présent. 

Oui en ce jour, en disant « Viens Esprit Saint», il nous faut surtout lui ouvrir notre cœur. Viens Esprit Saint, change ma vie ! Viens Esprit Saint, fais de moi un saint ! Aujourd’hui et maintenant ! Amen !