Rencontre au puits de la soif

L’autre jour je saisissais cette conversation : « Si cet Évangile nous parle du mariage chrétien, moi je deviens bouddhiste » « non mais franchement, c’est l’horreur. Tu as vu le cadre ? Ils sont au milieu du désert, il doit faire au moins 50 degrés, tu as un pauvre gars assoiffé écrasé par la chaleur du jour, tu penses il est midi. Et puis y a une femme… elle a pas l’air très heureuse cette femme et que fait-elle à midi en plein désert… » « bon je te l’accorde, on vu plus cool comme mariage, déjà y a juste de l’eau à boire, t’imagines la tête des invités… et en plus, moi j’avais entendu dire qu’à l’église on se mariait qu’une seule fois et c’était pour la vie… et celle-là elle a déjà eu 5 maris… on a vu mieux tu ne trouves pas ». Si c’est çà le mariage chrétien moi je retourne à mairie… « pas faux, étrange tout de même c’est pas le genre de Jésus de prêcher l’infidélité… mais tout de même j’avais entendu dire y a longtemps quand j’étais au KT que cette histoire nous parlait d’un mariage… » 

La soif ou le désir profond

Alors oui chers fiancés, frères et sœurs bien aimés, cette longue histoire de l’Évangile nous parle des noces. N’en déplaise à certains d’entre nous, ce n’est pas l’Évangile où Jésus change l’eau en vin… mais il nous parle de soif tout de même. « Donne-moi à boire ». Il est midi, en plein désert. Il a soif. Peut-être connaissez-vous Tintin au Pays de l’or noir. Dans cette bande dessinée, nos amis Tintin et le Capitaine Haddock traversent le désert. Ils ont tellement soif et sont tellement épuisés qu’ils ont vitalement besoin d’eau. Ils sont au bord de l’évanouissement et voient de nombreux mirages. Sans en arriver à de tels excès, Jésus a soif. Fatigué par les jours, Jésus pleinement homme et pleinement Dieu se repose au bord d’un puits. Ce n’est pas n’importe quel puits, c’est celui de Jacob et nombre d’histoires de la Bible se sont passées à proximité d’un puits. Le puits dans la bible c’est notamment le lieu de la demande en mariage. Je doute que beaucoup d’entre vous aient fait leur demande sur la margelle d’un puits, sans doute plutôt à Pise, à Venise ou à Disneyland… mais dans l’histoire sainte ça se faisait !

De son coté, voilà une femme qui arrive au loin. Elle aussi a soif. Elle vient puiser de l’eau en plein milieu de la journée. Quelle idée ! On vient plutôt le matin ou le soir puiser. Mais c’est peut-être une autre soif qui l’anime. Elle a soif d’amour. Elle est bien seule en fait cette femme. Un peu en marge de la communauté, elle n’a pas réussi à trouver le grand amour puisque elle semble avoir vécu avec six hommes différents… niveau fidélité on a vu mieux !

Voilà le décor planté. A notre générique il faudrait encore ajouter une information. Tout les oppose dans la vie. Elle est un femme. C’est un homme. Il est juif, elle est samaritaine, c’est à dire hérétique aux yeux des juifs. Elle a eu de multiples relations amoureuses, il prêche la fidélité et l’amour avec une seule femme.

La grâce d’une rencontre 

Pourtant le génie de l’Évangile, c’est qu’ils vont se rencontrer. Si vous relisez chacune de vos histoires d’amour, de ce qui vous a mené jusqu’à vous dire que vous alliez sonner à la porte de l’église pour demander le sacrement de mariage, vous verriez sans doute que tout ne vous destinait pas à vous rencontrer. En venant sur la margelle du puits au milieu du jour, Jésus provoque la rencontre entre ces deux êtres qui ont soif. L’un et l’autre a du désir. Comme vous avez le désir d’aimé et d’être aimé. Lui, le Christ est l’amour véritable. Elle, la samaritaine a du mal à être aimer et à aimer en vérité. Le problème : ils ne parlent pas la même langue… ou plutôt ils utilisent les mêmes mots mais pour dire deux choses différentes. Mais Jésus est patient et, petit à petit, la rencontre se fait. D’un homme simple qui demande un peu d’eau car il a soif, la femme comprend que l’homme qu’elle a en face de lui est un prophète, qu’il a quelque chose à lui donner au point qu’elle finit par lui demander : « donne-moi de cette eau-là ». Celui qui avait soif se retrouve à devoir donner de l’eau à celle qui a de quoi puiser… Elle pourrait croire à une caméra cachée ou quelque chose du même genre… non mais c’est bizarre tout de même. Et dans son cœur elle se pose beaucoup de questions « mais c’est qui lui ? Il me parle, çà m’intéresse, je sens qu’il y a quelque chose de différent chez lui. Il n’est pas comme tous ces hommes qui ont partagé ma couche. Lui il me regarde avec douceur, avec bienveillance. »

Alors, une question sonne au bord du puits… « Appelle ton mari ». « Cet homme me regarde comme personne ne m’a regardé. On dirait qu’il voit en moi. Il voit en moi ce désir d’aimer et d’être aimée. Il voit mes multiples relations. Que puis-je lui répondre. Et si je lui disait ce qui est vrai… « Je n’ai pas de mari ». 

Le Christ : véritable époux qui donne sa vie 

Une femme sans mari, un homme sans femme… si l’on était dans « l’amour est dans le désert  » (version samaritaine de « l’amour est dans le pré ») on pourrait le penser… et l’on n’aurait pas tout à fait tort. Mais pas de la manière dont  on croit. Jésus ne cherche pas à être un homme supplémentaire pour être avec elle à la manière de ses autres maris. Au même titre, je vous rassure messieurs, le Christ ne viendra pas prendre votre place dans la chambre conjugale. Et pourtant il est rempli de désir. Il a soif de l’amour de chacun d’entre nous. Quand Jésus rencontre la samaritaine, c’est chacune de nos âmes qu’il vient rencontrer. Combien de fois nous sommes nous égarés sur le chemin de la Foi ? C’est pas facile d’aimer pleinement et sans retour. Je veux dire sans égoïsme. Seul ce n’est pas possible. Mais la samaritaine qui avant sa rencontre avec le Christ était bien seule, exclue de la vie sociale, comme enfermée dans son passé et dans son présent tumultueux, change de vie. On la voit bouillonnante, ardente, enthousiaste : « venez voir vous aussi cet homme-là : il m’a dit tout ce que j’ai fait ».

Oui chers amis, chers fiancés, au début de ce parcours de préparation au mariage cette rencontre au bord d’un puits est une grâce. Car le Seigneur a une eau vive à vous donner. Avec celle-là, vous n’aurez pas besoin de votre maillot de bain ni de plonger dans la Seine. Il vous suffira de faire comme la samaritaine, vous laisser rencontrer par Dieu . Se préparer au mariage à l’Église, c’est choisir de laisser une place à Dieu dans son couple et dans sa vie.

Je peux vous le promettre, ce n’est pas du temps perdu. Laisser de la place à Dieu dans sa vie, c’est s’assurer d’une joie durable, profonde, que rien, pas même la mort ne pourra vous ravir.

« Oui j’ai soif de ton amour nous dit le Seigneur, ouvre ton cœur. Oui toi qui veux te marier, tu brûles du désir d’aimer et d’être aimé, découvre jour après jour combien moi seul je peux combler pleinement ce désir-là ». 

Alors, moi, le Seigneur, je pourrais épouser ton âme. Alors moi, le Seigneur je pourrais te combler de tout ton amour. Alors moi le Seigneur je rendrais ton mariage fécond et indissoluble. Alors moi le Seigneur je donnerais à ton couple une fidélité nouvelle.

N’ayez pas peur ! Celui qui ouvre son cœur à Dieu ne perd rien, absolument rien de ce qui fait la vie belle et grande. Ouvrez, ouvrez tout grand vos cœurs au Seigneur et vous recevrez l’eau véritable, la vraie vie.