Guéris-moi Dieu très saint !

L’attente du Messie

Ceux qui me connaissent bien savent que j’apprécie particulièrement la saga du Seigneur des Anneaux. Dans le second, Les deux tours, on peut entendre cette phrase prononcée par Gandalf le blanc : « Attendez ma venue aux premières lueurs du cinquième jour. A l’aube, regardez à l’Est.« … C’est ce que feront Frodon et Sam, attendre, espérer la venue du Sauveur. Voilà une attitude qui résonne bien avec l’espérance du peuple juif dont se fait écho la première lecture. « Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds.    Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie ». Ces signes du Royaume, doivent accompagner la venue du Sauveur. Lorsque Jésus effectue la guérison d’un sourd muet… il vient montrer au monde, qu’il est ce Sauveur attendu. Qu’il ne s’agit plus simplement d’attendre le Sauveur… mais encore de l’écouter.

Mais pour que les choses soient plus manifestes encore Jésus sort des frontières du peuple d’Israël, il s’aventure en terre païenne pour rencontrer un homme qui apparemment cumule un peu les défauts : Sourd, Muet, Païen.

La douceur du Père

Mais ce n’est pas étonnant que Jésus s’intéresse de près à cet homme-là. Qu’il l’emmène à l’écart, qu’il prenne soin de lui. En effet, Dieu est pour nous comme un père pour ses enfants. J’ai pu le constater dans des familles où certains enfants demandent davantage de temps ou d’attention, que les parents en question n’hésitent pas à prendre ce temps-là. C’est le petit dernier qui a besoin de plus d’aide pour ses devoirs que l’aîné, c’est la grand-mère âgée dont il faut s’occuper, c’est celui qui est malade qu’il faut soigner. Ce que Jésus nous montre ici c’est que la pauvreté attire l’amour. Celui de Dieu… et le nôtre également. Celui qui est le plus pauvre, a en général le cœur plus ouvert car il a besoin des autres. Le Sourd Muet de l’Évangile d’aujourd’hui n’échappe pas à cette règle. Il lui faut l’aide, voir même l’initiative des autres pour rencontrer Jésus. Il y a là, je crois, un premier point intéressant pour nous en ce jour : ce travail d’intercession, cette grâce de confier les autres au Seigneur, de les y amener, fait partie de notre mission de chrétien. Lorsque l’on entend pauvreté, on a immédiatement en tête les plus pauvres de la sortie de nos églises, les familles entassées ou déplacées de force. Et nous avons raison, car il y a là un vrai travail de la charité. Mais l’œuvre par excellence de la miséricorde, c’est de leur annoncer la grâce du Royaume, et l’amour du Seigneur. Car « tout homme est un être unique, et que dans les plus disgraciés comme dans les plus obscurs, luit une étincelle divine qui mérite notre amour ».

Voici que je viens faire toute chose nouvelle

Cette pauvreté il est facile et parfois criant de la constater autour de nous. Mais en réalité, le pauvre  c’est nous. Cette parole que le Christ dit au sourd muet « Ephata, c’est à dire ouvre-toi », nous l’avons entendue au jour de notre Baptême. Et il me semble que nous avons encore besoin de l’entendre. Il est notable que dans l’Évangile d’aujourd’hui Jésus ne fasse que guérir. Il ne fait rien d’autre et ne prononce que ces paroles. En réalité nous avons tous besoin d’être guéris. Nous sommes tous ces plus pauvres qui ont besoin d’ouvrir leur cœur à Dieu. Nous lisons parfois les récits de guérison dans l’Evangile comme étant très loin de nous. Voire avec un peu d’envie : ils ont eu de la chance eux de connaitre Jésus de près, de le toucher et d’être guéris. Nous nous disons dans notre coeur : « moi j’ai telle blessure dans ma vie, telle douleur physique ou moral… et je n’en serai donc jamais délivré ». Là-dessus, je crois que nous manquons beaucoup de Foi. « Voici que je viens faire toute chose nouvelle ». Toute chose nouvelle ! Le contact avec Jésus est un contact réel. En particulier dans l’Eucharistie. A la messe, je suis en contact réel, réel ! avec Jésus. Au moins aussi réel si ce n’est plus que le Sourd Muet de l’Évangile. Je suis marqué par le nombre et le succès croissant des « soirées de guérison » dans nos paroisses. Dans chacune d’elle trône le Saint Sacrement. Jésus présent car l’Eucharistie est un sacrement de guérison. A la messe, à chaque adoration je suis en contact avec le Sauveur à condition que je veuille bien me laisser toucher par lui, à condition que je laisse le Seigneur ouvrir mon coeur à sa parole. Figurez-vous que c’est la grâce que demande le prêtre juste avant la communion. Dans une prière à voix basse qui dit : « Seigneur Jésus que cette communion à ton corps et à ton sang n’entraîne pour moi ni jugement ni condamnation ; mais qu’elle soutienne mon esprit et mon corps et me donne la guérison »… et c’est la phrase que nous disons avant de communier : « dis seulement une parole et je serai guéri ».

Cette parole Jésus nous la donne aujourd’hui « Ephata » ouvre-toi ! Crois que je suis capable de faire toute chose nouvelle. Crois que dans l’Eucharistie tu es en contact avec moi. Crois que je suis capable de te guérir vraiment.

En ce dimanche, frère et soeurs bien-aimés, ce n’est pas Gandalf qui revient avec ses armées, mais bien le Seigneur lui même qui vient nous guérir de toute maladie et toute infirmité. Que cette Eucharistie soit pour nous l’occasion d’un bel acte de Foi : oui Seigneur, je crois que tu peux me guérir. Viens soigner ma faiblesse et guérir mes blessures.