Quelle autorité !

Vous voici plongés en direct sur un plateau de « Qui veut gagner des millions » et voilà que la question surgit : « d’où vient l’autorité de Jésus ? ». Le présentateur, entraînant le suspens habituel égraine avec une solennité déconcertante les 4 réponses possibles. « son apparence physique, réponse A », « sa violence légendaire, réponse B », « sa thèse de théologie, réponse C », « sa cohérence de vie et son lien au Père, réponse D ».

Dans la tête de notre brave candidat, les choses se bousculent… quelle peut être la bonne réponse? Il était pourtant à la messe ce dimanche, il a entendu cet Évangile où les gens de la synagogue disent que Jésus « enseignait en homme qui a autorité ». Il poursuit sa réflexion en analysant chacune des réponses possible.

La juste autorité de Jésus

L’apparence physique… voyons, est-ce que Jésus passait ses heures à la salle de sport pour améliorer sa masse musculaire ? L’Évangile ne nous dit rien. Il ne semblait pas faire la taille de Goliath… non à priori ce n’est pas de ce coté là qu’il en impose comme certaines personnes dont la seule présence corporelle, il est vraiment impressionnant : 95 kg de muscles ! … Etait-il un pro du Karaté ? Nous l’ignorons… Donc pas la réponse A…

Sa violence légendaire ? Fier de ses souvenirs de catéchisme le candidat se souvient : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés »… a priori l’option braquage arme au point n’était pas son Credo, et dans l’Évangile les interlocuteurs ne semblent pas franchement effrayés par cela. Bon alors on élimine aussi la réponse B.

Sa thèse en théologie ? Plus difficile là. Bah après tout il est le fils du Père, et on nous dit que « tous étaient frappés par son enseignement. » C’était peut être le meilleur prof du coin ? Super méthode pédagogique, vous savez celui qu’on respecte parce qu’il est vraiment doué. Et puis qui a fait des brillantes études à Harvard ou Polytechnique. Bon, il semblerait qu’il vienne de Nazareth car même le démon le reconnaît. De Nazareth ? hmmm ça sent pas très bon pour les grandes études à Harvard.

Il dit ce qu’il fait :

La dernière réponse me semble plus convaincante se dit notre candidat… je pourrai la reformuler autrement « ce qu’il dit sonne vrai ».  Ou dit encore autrement, il dit ce qu’il fait et il fait ce qu’il dit. Dans l’ensemble des juifs de l’époque du Christ, les scribes, les lettrés de l’époque, enseignent dans les synagogues, souvent ils sont associés avec les pharisiens dans l’Évangile. Et, si vous avez bonne mémoire, vous vous rappellerez que dans l’Évangile de Matthieu, le Christ dans une longue anaphore reprend l’expression : Malheureux êtes-vous, scribes et Pharisiens hypocrites” … Jésus se distingue donc de ceux qui « disent mais ne font pas ».

Au démon qui l’interpelle, le Christ ordonne : « Tais toi, Sors » et le démon se tait et il sort. Il dit et il fait. La Parole du Christ peut-être dite, pour reprendre un terme de théologie : « performative ». Il dit ce qu’il fait, il fait ce qu’il dit. C’est quelque chose tout de même ! Lire la Bible, entendre à la messe une parole de Dieu peut changer ma vie. Comme cet homme de l’Évangile qui a entendu Jésus rabrouer le démon et qui fut ainsi délivré.

Cette cohérence intérieure entre le dire et le faire, on la voit dans le vie du Christ jusqu’au bout. A la Cène, alors qu’il sait très bien qu’il va donner sa vie sur la croix il déclare :  « ma vie, nul ne la prend mais c’est moi qui la donne ». Il dit encore « Ceci est mon corps livré pour vous » et il livre son corps quelques heures plus tard sur la Croix.

Qu’en est-il de notre propre cohérence ?

On pressent bien que si la cohérence du Christ n’est pas à démontrer, la nôtre est souvent plus difficile. Petit exemple dans la vie quotidienne « Chéri, tu peux t’occuper des poubelles ? » « oui oui t’inquiète »… et 2 h plus tard les poubelles n’ont pas bougé d’un centimètre.  Alors bien sûr l’exemple est un peu bête mais il nous permet de prendre conscience que ce n’est pas simple. Et pourtant c’est si important. Le jour du mariage les époux se disent l’un à l’autre : « je me donne à toi pour t’aimer fidèlement dans le bonheur et les épreuves ». Et chaque fois que l’un d’eux cherche plus à profiter de l’autre qu’à se donner à lui… il entre en contradiction avec la parole de son engagement de mariage.  Chaque fois que je dis au Seigneur que je l’aime de tout mon cœur et que 5 min après je commets un péché… et bien je ne suis pas cohérent.

La cohérence évangélique c’est difficile ! Parce que précisément le malin veut toujours faire autrement : « non mais c’est pas grave, tu t’es engagé à cela, mais c’était pas vraiment un engagement. » « L’Évangile de dimanche disait cela… mais bon c’est une manière de dire, toi tu peux faire autrement… ».

Dans l’Évangélisation, c’est souvent à cela qu’on se heurte. Joyeusement, on annonce la parole de Dieu et puis nos interlocuteurs nous renvoient à la figure notre incohérence personnelle ou les grands péchés de l’histoire pour démonter tout notre témoignage.

La bonne nouvelle de ce dimanche, c’est que Dieu exauce nos prières. Quand il annonce au peuple par la bouche de Moïse qu’il donnera un prophète … il le fait ! La bonne nouvelle c’est aussi que cette cohérence de vie la première communauté chrétienne en était l’exemple : « voyez comme ils s’aiment ». Cela veut dire qu’avec pas mal de la grâce de Dieu… et un peu de nos efforts personnels nous pourrons grandir dans la cohérence de vie, pour qu’aucun de nos proches ne puissent nous traiter de pharisien ou de scribe !

Alors notre ami candidat reprit ses esprits, et sans l’ombre d’une hésitation déclara : la réponse D : sa cohérence de vie et son lien au Père ». Est-ce votre dernier mot ? « C’est mon dernier mot ».