Bâtir sur le Roc

Que faisons-nous ici ce matin dans la chapelle du Lycée pour célébrer une messe de l’Avent. Après tout, Jésus est déjà venu il y a 2000 ans, on pourrait passer directement à la phase Noël : il est né le divin enfant, le foie gras et les cadeaux c’est tout de même plus fun…

C’est sûr que si pour nous l’Avent consiste seulement à attendre Noël comme on attendrait la composition de l’équipe de France pour la coupe de Monde on a du mal à en voir le sens. Certains se disent aussi que l’Avent, et c’était l’Evangile de dimanche dernier, consiste à veiller. Alors hop, je me mets en veille prolongée dans mon lit et je profite de Netflix au calme et j’attends que ça passe…

En fait l’Avent correspond précisément  à la période dans laquelle vous êtes, vous qui êtes au Lycée : le temps de la construction, le temps des fondations. C’est un temps qui nous est donné pour pouvoir accueillir le Sauveur qui vient. L’Avent et l’adolescence, c’est le moment pour bâtir sur le Roc. Au fond, la question posée par Jésus est la suivante : veux-tu que ta vie s’effondre au premier coup de tempête, à la première difficulté ? Ou veux-tu être un homme et une femme solide ?

Pour bâtir sur le Roc il faut commencer par faire des fondations. Quel est le problème des fondations ? Bah… c’est que l’on ne voit rien. Quand ils ont construit la tour Eiffel, les mecs ont commencé par faire un trou géant sur les 4 piles… pendant des mois et des mois alors qu’ils construisaient la plus grande tour du monde, on ne voyait rien dépasser. Juste un grand trou… un peu frustrant. Et pourtant sans elles la tour n’aurait pas résisté jusqu’à nous.

Bâtir sur le Roc, ça veut dire déjà accepter de prendre du temps. J’ai été très marqué par cette phrase qu’un prêtre m’avait dit à votre âge : « le temps ne respecte pas ce que l’on fait sans lui ». Autrement dit : si je fais les choses de manière hâtive, je suis à peu près sûr que ça ne tiendra pas le coup. Je suis marqué de voir certains jeunes qui rencontrent un garçon ou une fille à une soirée et hop, sortent ensemble tout de suite, sans prendre le temps de bâtir des fondations. Accepter de faire des fondations, c’est être humble et accepter que « j’ai  besoin de grandir ». Ce n’est pas parce que j’ai de la moustache que je suis un homme construit. Bâtir sur le Roc, c’est donc prendre le temps de grandir. Et c’est accepter que la vie chrétienne demande du temps. On aimerait que dans notre vie tout soit comme dans Harry Potter : un coup de baguette magique et hop c’est fini, c’est accompli. La vie chrétienne ça ne marche pas comme cela. Si Dieu vient sur la terre, s’il se fait homme, il choisit de rentrer dans l’histoire, dans le temps. Dites-vous que Jésus a passé 33 ans dans la vie cachée alors qu’il devait sauver le monde ! 33 ans… de quoi nous aider à patienter un peu !

Dans notre vie numérique, on est dans le temps réel : tu me mets un snap, faut que je réponde tout de suite, tu me mets un SMS, faut que j’ai répondu en 10s sinon c’est que tu ne m’aimes pas… la vie chrétienne,  elle, prend du temps. Alors soyons persévérants ! L’Avent, c’est prendre du temps pour se préparer à la venue de Dieu dans ma vie.

Bâtir sur le Roc, ça veut dire aussi accepter de dépendre d’un autre. La Tour Eiffel ne flotte pas dans le vide, comme si elle se reposait sur elle-même. Elle repose sur le Roc, ils ont creusé 30 m pour trouver le sol dur pour y couler le béton. Dans notre vie c’est la même chose. Sur quoi repose ma vie ? Est-ce que le fondement de ma vie, c’est le sentiment du moment, c’est simplement mon petit nombril : là je suis amoureux de Gertrude, demain on verra, là j’ai envie de faire des maths… là j’ai envie de glander sur le net… Ou bien est-ce que le fondement de ma vie c’est un don plus durable, c’est le fait de vouloir donner ma vie pour les autres ?

Jésus nous dit dans les lectures d’aujourd’hui : accepte que ta vie dépende de moi, tu goûteras la joie. Nous l’entendions dans la lecture : « Le Seigneur est mon Roc ». J’en suis convaincu si je fonde ma vie sur le Seigneur, je ne serai pas déçu, car ma vie sera ancrée sur ce qu’il y a de plus solide. Fonder sur le Roc, c’est donc accepter que le Seigneur me donne une règle de vie, me donne un cap, me dise : « là tu trouveras la vie, mais si tu fais cela tu n’avanceras pas ». Comme s’il nous disait : si tu suis ma parole tu planteras tes fondations bien profondément, tu seras bien solidement accroché. Si tu n’en fais qu’à ta guise tu risques de vaciller à la première tempête.

Pendant ce temps de l’Avent : ouvrez votre cœur au Christ ! Confessez-vous avant Noël (je suis prêt à faire des heures sup !!) même si ça fait 5 ans que vous ne l’avez pas fait ! Lisez un bout de la Bible ! Venez à la messe du jeudi matin.

J’en suis convaincu, celui qui fait entrer le Christ ne perd rien, rien – absolument rien de ce qui rend la vie libre, belle et grande. Non! Dans cette amitié seulement s’ouvrent toutes grandes les portes de la vie. Dans cette amitié seulement, nous faisons l’expérience de ce qui est beau et de ce qui libère. Ainsi, aujourd’hui, je voudrais, avec une grande force et une grande conviction,  vous dire, à vous les jeunes du lycée St Aspais : n’ayez pas peur du Christ! Il n’enlève rien et il donne tout. Celui qui se donne à lui reçoit le centuple. Oui, ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ – et vous trouverez la vraie vie. Amen.