Les trois regards de Marie pour les vœux !

Hier soir, je ne sais combien de millions de SMS, messages sur Whatapp ou sur Snapchat pour les plus jeunes d’entre nous, se sont échangés en France mais je suis sûr que la plupart d’entre nous avons pris le temps de souhaiter à nos proches une bonne année 2017.

Elle commence pour nous sous les meilleurs jours, puisque le Seigneur nous donne, après une « nuit de folie » à passer la cap de la nouvelle année à danser sur les « Demons de Minuits »  pour certains, ou au calme de la cheminé pour d’autre, de nous lever vaillamment pour célébrer, en ce dimanche, la fête de  Sainte Marie Mère de Dieu. C’est déjà une première grâce de 2017 : que notre année s’ouvre par la célébration de la messe en l’honneur de la Vierge Marie.

Pour bien commencer cette année j’aimerai relever avec vous 3 attitudes, trois regards de la Marie et en tirer 3 vœux pour l’année à venir.

Marie bénie entre toutes les filles d’Israël : le vrai sens des vœux

Le premier regard de la Vierge Marie que je voudrai relever avec vous, c’est son regard sur l’œuvre divine.

Nous connaissons tous la prière du Je Vous Salue Marie, que nombre d’entre nous avons égrainée sous les voûtes de cette belle cathédrale. Chaque fois nous disons Marie « bénie entre toutes les femmes ». À l’annonciation elle entend de l’ange : » tu es bénie entre toutes les femmes », autrement dit : « Dieu t’a comblé d’une grâce spéciale unique, pour accomplir ce qui est juste pour toi ». La bénédiction divine, frères et soeurs n’est heureusement pas réservé à quelques privilégiés ou à la Vierge immaculée. Ainsi que nous le lisons dans la première lecture : « Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il se penche vers toi ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix ! ».

La vie chrétienne telle que la Vierge Marie nous l’enseigne est donc d’abord accueil de la bénédiction divine, Dieu agit en premier, Dieu parle en premier, Dieu bénit en abondance chacun d’entre nous.

La Vierge Marie, dans l’Évangile n’en reste pas à un accueil un peu passif d’une grâce divine, au jour de a Visitation lorsqu’elle  rencontre sa cousine Elisabeth, elle rend grâce, elle bénit à son tour le Très Haut : « le Seigneur fit pour moi des merveilles Saint est son nom » . Phrase d’une audace étonnante pour une toute jeune femme qui ne porte en elle qu’un tout jeune enfant.

Il me semble que nous pouvons retenir une première attitude du cœur pour nous, paroissien de Senlis en ce premier jour de l’année 2017. La saison est à l’échange des vœux ! Chacun d’entre nous pendant plusieurs semaines souhaitera santé, bonheur, prospérité à ses voisins, ses proches, ses collègues de travail ou ses camarades de classe. Parfois cet exercice peut paraître un peu formel : pourquoi souhaiter une bonne année à mon voisin qui s’obstine à passer la tondeuse lorsque je fais la sieste ? pourquoi souhaiter du bien à la fille de ma classe qui triche tout le temps en contrôle de latin (non ici personne n’a jamais triché en contrôle de latin à Anne Marie Javouhey… !)…

Je crois qu’en contemplant la Vierge Marie en ce matin nous avons la formule des vœux véritables. Transmettre des vœux c’est d’abord se faire témoin de la bénédiction divine sur autrui : oui Dieu bénit abondamment mon voisin jardiner ou la jeune fille un peu flémarde. Oui Dieu leur veut du bien, oui Dieu a mis dans leur cœur un trésor de grâce qui mérite mon amour.

C’est un exercice spirituel intéressant que nous pourrions faire en cette nouvelle année : prendre le temps de contempler dans les personnes que nous côtoyons l’œuvre de Dieu et s’en émerveiller, le dire ! Nous sommes souvent émerveillés devant les petits bébés ou les jeunes enfants, pourquoi nous est il si dur de nous émerveiller des qualités et des talents des autres ! C’est ce chef de patrouille scout qui découvrir que son petit cul de pat sait bien chanter : qu’il rende grâce à Dieu et le fasse chanter ! C’est ce mari qui s’émerveille parce qu’il s’aperçoit que son épouse a des talents artistiques insoupçonné après 30 ans de mariage !

Avec Marie, rendons grâce à Dieu chaque jour pour un don que nous contemplons chez nos proches ! Il est si facile de critiquer son curé, son prof de maths ou de dessin, son patron, sa femme… alors je vous en supplie en ce premier jour de l’année apprenons à bénir et à louer ! Et souhaitons à tous ceux que nous croisons de déployer en eux les dons divins !

Marie contemple son Fils et son Dieu

Le deuxième regard de Marie, c’est celui qu’elle porte sur l’enfant Jésus. Regardons là un instant à la crèche. L’évangéliste nous dit très sobrement « elle retenait ces évènements et les méditait dans son cœur »… autrement dit Marie prie ! Dans l’Évangile il ne nous est rapporté aucune Parole de Marie à la crèche. Dans la bonne société senlisienne on aurait pu imaginer que Marie accueille les bergers, leur présente le nouveau-né : « c’est notre petit Jésus, il va être baptisé par M. le curé à la cathédrale », autour d’une myriade de petits fours et à grand renfort de faire-part de naissance… au lieu de cela, dans le secret d’une crèche Marie prie en silence, son visage tout absorbé par celui de son Fils.

Elle semble spectatrice, mais est pourtant pleinement actrice de ce qui se joue là. Spectatrice de ce qui ne dépend pas d’elle : le mystère de l’Incarnation… mais actrice en tant qu’elle l’accueille et le féconde de l’intérieur. Elle n’y est pour rien et en même temps rien ne se fait sans elle.

Je crois que ce regard de la Vierge Marie nous apprend que la vie du chrétien ne consiste pas d’abord à s’étourdir d’activité, fussent être très catholique, mais à être là comme des contemplatifs, en prière. Une des plus belle définition de la prière est donnée par ce vieux paysan que le Curé d’Ars voyait planté au fond de l’Église pendant un moment chaque jour : « je l’avise et il m’avise » avait répondu le vieux paysan à son curé qui lui demandait ce qu’il faisait pendant tout ce temps.

En ce début d’année, je peux me demander combien de temps je passe par jour à me laisser aviser par le Seigneur. Mieux vaut 2 min chaque jour que 2 h de prière tous les mois, car le Seigneur nous attend chaque jour. Je sais que notre vie est trépidante, je sais que pour les plus jeunes les cours à St Vincent ou Hugues Capet, les activités sportives, le scoutisme, les soirées occupent déjà beaucoup. Je sais que dans la vie des parents les contraintes familiales et professionnelles ne laissent guère de temps. Mais 2 min, juste 2 min chaque jour. Je passe en ville acheter du pain, pourquoi ne pas m’arrêter saluer le Seigneur dans la cathédrale. Je suis à la récréation à Anne-Marie Javouhey, pourquoi ne pas monter à la chapelle entre deux passes de basket ?

Pour ma part, j’ai redécouvert le chemin de la prière lorsqu’à 16 ans, préparant ma confirmation, le P. Noblet nous a demandé de lire l’Évangile. J’ai alors commencé à lire de la première à la dernière page l’Évangile de St Matthieu. Ce fut pour moi le début d’une vie de prière : dès lors chaque soir j’essayais de prendre un moment pour le Seigneur d’intériorité et de prière, alimenté plus tard par la bienveillance vigilante de certains séminaristes et la joie de la prière des complies. C’était la grâce que le Seigneur m’avait donné pour moi à l’époque et avec vous dans cette cathédrale j’aimerai l’en remercier.

Pour nous qui ne sommes ni Marie ni même Joseph, allons à l’Enfant. Il ne se contente pas de naitre, il nous invite tout de même à nous bouger pour le rejoindre. La contemplation est tout sauf l’immobilité : elle est une action, prise sur d’autres activités. Ce qui est sûr, frères et sœurs bien aimés c’est qu’il y a une véritable urgence à la prière, à l’intériorité. Je sais que certains d’entre vous prendront peut être la résolution de manger moins chocolats pour la nouvelle année, ou d’aller courir dans la forêt d’halatte chaque semaine… moi je vous propose de vous engager dans votre cœur, en ce jour de fête à prendre au moins chaque jour 2 min d’arrêt pour le Seigneur. Par exemple en lisant l’Evangile (pour les plus geeek d’entre nous, on peut le faire sur son smartphone !) et en le méditant 2 min dans son cœur. Et c’est possible à 8 ans, à 15 ans à 45 ans ou à 90 ans !

Marie accueille les Bergers et les voient s’en aller

Le troisième regard de la Vierge Marie (rassurez-vous c’est le dernier), c’est celui qu’elle porte sur les Bergers. Ils sont étonnants ces bergers… ils se hâtent comme un enfant se hâte vers un paquet de bonbon. On peut les imaginer courants, marchant rapidement jusque Bethléem, ils découvrent l’enfant et ils repartent aussitôt… pour proclamer à tous ce qu’ils ont vu.

Marie regarde ces bergers comme les premiers Apôtres de son fils.

Ils ont contemplé la manifestation de Dieu et la manifestent à leur tour. Ils ont vu l’Enfant, la lumière de Dieu, et partent illuminer le monde, en quelque sorte en son nom. L’Enfant qui est le Verbe de Dieu comme nous l’entendions le jour de Noël, ne sait pas encore parler alors les Berger vont parler à sa place. Ainsi en est il de l’œuvre de Dieu dans ce monde. Le Christ est là qui veut parler à tous, mais semble ne pas parler.

Nous avons vocation de porter sa parole. Les vœux que nous pouvons nous adresser sont ceux d’une parole annoncée et proclamée : que nous puissions devenir Apôtre.

J’entends souvent : oui, mais bon ce n’est pas facile dans mon travail ils sont très anti catholique… ou encore, mais monsieur l’abbé, à l’université impossible il n’y a que des païens… qui c’est sur le resterons si je ne leur annonce pas la nouvelle. Notre monde crève de ne pas connaître le Christ, le Prince de la Paix. Alors j’aimerais nous poser à tous cette question : que voulons-nous faire cette année pour être comme les bergers des porteurs de la parole de vie.

Aux collégiens et lycéens j’oserai demander : qui vais je inviter à Deus Tecum le prochain vendredi ? à découvrir le scoutisme ? ou à venir assister à la messe de ma confirmation ou de ma profession de foi ? À qui vais je dire que le sers la messe ou que je prie chaque soir et combien j’en suis heureux ?

Aux adultes engagés dans la vie familiale ou professionnelle : quel voisin vais-je inviter au parcours alpha ? à qui je vais témoigner de mon engagement dans telle fraternité de prière ? à qui vais rendre compte de la joie que j’ai à partager ma vie de couple chrétien au sein d’une équipe Notre-Dame ou des AFC ?

Aux plus anciens d’entre nous : auquel de mes petits enfants ou petits neveux vais-je proposer d’aller à Lourdes ou à Rome en pèlerinage pour le faire grandir dans la foi chrétienne ?

En cette Solennité de Marie, mère de Dieu, la joie des vœux semble transfigurée, le point focal de la crèche c’est bien Jésus : C’est lui qui attire tout, c’est lui qui envoi tout dire de lui, c’est lui qui est la source de l’Amour. Alors bien confiant dans la force inébranlable de l’Esprit : « Rien n’est impossible à Dieu » souhaitons nous avec confiance, qu’en cette année 2017, à l’aide de nos efforts personnels et de sa grâce le Seigneur nous donne de devenir des hommes et des femmes de louanges qui reconnaissent et bénissent pour ceux qui est bon (c’était le premier regard) qui entre au moins 2 min par jour dans la grâce de la méditation de l’Évangile (c’était le deuxième regard) et qui témoignent autour d’eux de la grâce immense du Christ (c’était le dernier regard). Belle et Sainte Année sous le Regard de Marie.

 

Amen !