Le Semeur de l’Amour

Je ne pouvais célébrer votre mariage sans parler un peu de ce qui vous anime depuis si longtemps : la passion de la nature et des cultures.  Ainsi donc, vous le savez bien mieux que moi (on n’a pas idée de demander à un prêtre informaticien, de marier un agriculteur avec une créatrice de roses !), pour avoir une belle moisson, il faut 3 étapes essentielles : Planter, faire croître et récolter.

Au pays de l’amour chrétien, il en est de même. 

Planter

Planter d’abord. Je vous rassure, nul besoin d’acheter fort cher semence et engrais. Car l’amour est planté dans votre cœur depuis votre création même. Car si Dieu nous a crée, c’est d’abord par amour, par don gratuit.

S’il choisit de faire l’homme et la femme à son image, c’est pour que nous puissions aimer Dieu et être aimé de Lui. D’autre part, qui donc a déposé dans le cœur du l’homme le désir d’aller vers la femme ? Qui donc a déposé dans la femme, le désir d’aller vers l’homme ? C’est Dieu lui même.

Lui, c’est le semeur, celui qui dépose dans le cœur les dons les plus parfaits. Si aujourd’hui, vous vous mariez, si aujourd’hui vous resplendissez d’un bonheur que toute l’assemblée peut voir, malgré votre petit stress, c’est parce que Dieu a semé dans votre cœur une belle capacité à aimer.

Mais comme vous le savez bien, et je n’ose à peine l’expliquer à une assemblée de personnes bien plus qualifiées que moi en agriculture, lorsque l’on sème, tout ne porte pas de fruit. Cela dépend dans quelle terre, dans quelle condition les grains sont semés et où ils atterrissent.

Le Semeur Dieu sème toujours en abondance. Il sait que certains ne porteront pas de fruits immédiats. Mais qu’importe, il donne, il sème dans la joie. 

De la même manière, dans votre couple, cher B. et chère A., n’ayez pas peur de donner ! De donner du temps à l’autre. De donner de l’attention à l’autre. De donner vos qualités profondes à l’autre. Dès lors que vous donnez en abondance, vous ressemblerez à Dieu et votre amour aura toute les chances de porter du fruit. 

Donner sa vie par amour. Voilà une belle vocation. C’est surtout un commandement : « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimé ». A chaque fois que vous verrez un calvaire sur le bord d’un chemin de campagne, rappelez-vous : celui que vous aimez le premier, c’est le Christ : il a donné sa vie pour vous, sur la Croix ! C’est lui qui nous montre le chemin exigeant de l’amour vrai, de l’amour qui se donne. 

Faire croître, désherber

Mais il est un ennemi terrible pour tout cultivateur qui se doit : la mauvaise herbe. Si j’ai bien compris elle empêche le grain de bien mûrir et se mélange au bon grain pour pourir la récolte. Au pays de l’amour chrétien cette mauvaise herbe a deux noms : l’égoisme et l’orgueil. Chaque fois que vous penserez à vous d’abord, chaque fois que vous ferrez primer votre petit plaisir égoiste avant le bien de l’autre, avant le bien de la famille que vous désirez fonder… vous empêcherez le grain de l’amour de murir. 

Pour l’heure, votre amour en est au stade de la petite pousse. Bien sûr, cela fait quelques années que vous vous êtes rencontrés, que vous avez appris à vous aimer. Mais votre amour, par la grâce du mariage doit encore grandir. 

Le mariage, que les agriculteurs bio me pardonnent, c’est comme un grand coup d’engrais  : ca vient fortifier la bonne graine. Ca vient lui permettre de grandir plus vite et plus loin. C’est aussi comme un tuteur. Le tuteur permet à la plante de grandir, soutenue par une sorte de béquille, pour grandir droit. Au cours de cette célébration de mariage, vous allez vous engager l’un envers l’autre, dans la liberté à vivre la fidélité. Pour l’heure, il ne vous coûte guère d’être fidèles. Pour l’heure les choses sont plutôt facile. Mais ce sacrement de mariage, c’est la promesse de Dieu, que jamais il ne vous abandonnera. Votre mariage, contracté devant moi en ce jour, est en réalité rattaché, greffé (comme on greffe une bouture de rosier, n’est-ce pas, Amandine ? ), à un cep plus grand et plus fort : le lien, qui unit le Christ et l’Eglise. 

Chaque fois que vous vous demanderez pardon, chaque fois que vous irez vers l’autre en disant : « Je te demande pardon, parce que j’ai fait telle chose qui t’a blessé ». Et bien ce sera comme passer le tracteur dans le champ pour désherber. N’ayez pas peur de souvent déserber et de ne pas vous coucher avec la mauvaise herbe de la rancune entre vous !

Votre fidélité, vous devrez la cultiver chaque jour. Et quel meilleur moyen de la cultiver que de s’émerveiller. Je ne sais B. si avant la moisson vous vous émerveillez devant le champ prêt à récolter, mais j’imagine Amandine, que vous vous émerveillez devant une nouvelle variété de rose que vous avez sélectionnée, préparée, bichonnée. Et bien, soyez des contemplatifs et ouvrez votre cœur à l’émerveillement :  « Wahoo, Seigneur, je te rends grâce, car tu as fait telle chose dans le cœur d’A. » « Merci Seigneur de m’avoir donné B.». Voilà deux petites prières, toutes simples, qui pourront facilement vous aider à demeurer fidèles. Laissez-vous surprendre par les qualités et les bontés de l’autre ! 

Votre fidélité sera aussi alimentée par le temps que vous passerez à deux. Le temps des petits voyages en amoureux. Le temps aussi de la prière offerte en commun. Dans cette église, l’église du mariage de vos parents A., l’église qui verra, je le souhaite le baptême de vos enfants. L’église qui vous accueillera toujours pour vous confier ensemble au semeur divin !

Récolter 

Enfin, après avoir planté, désherbé, il faut récolter. Oui parce que le grain de votre amour, en fait ne sera mur que dans l’éternité. Saint Augustin dit une belle phrase à sa façon : « Tu nous a fait pour toi, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi ». L’inventeur du mariage, le Seigneur des Anneaux, le Créateur du Ciel et de la terre, le Semeur vous donnera de vous épanouir pleinement… dans la vie éternelle. Là il viendra comme moissoner le fruit de l’amour. Votre mariage sur la terre, c’est un peu comme l’entrainement pour la coupe du monde de la rose (je ne sais pas si elle existe) : vous essayez, vous avancez petit à petit… humblement.

Et puis, un jour, au moment favorable, le Seigneur nous donnera de goûter à une coupe qui n’a pas de prix. A un amour qui est plus intense, plus grand, plus large, plus puissant que le vôtre. Un amour qui nous épanouira tous dans l’amour, c’est l’amour de Dieu lui-même. 

Alors, cher B., Chère A., en ce jour de sainte joie, le Seigneur vous invite à être aussi dans la joie.

C’est lui qui est l’auteur du mariage, c’est lui qui nous montre le chemin de l’amour vrai : l’amour qui se donne. Il vous invite à souvent désherber le champ de votre amour en vous demandant pardon autant que nécessaire et en entretenant la flamme de l’émerveillement. Enfin, votre mariage est la promesse d’une vie encore plus grande, encore plus belle : celle de la vie éternelle. 

Que le Seigneur, véritable semeur de l’amour, vous accompagne, et vous bénisse toujours au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.