Mais qu’attendons-nous au juste ?
Qu’attendons-nous dans notre vie ? Qu’est-ce qui nous fait veiller ? Quelle est l’espérance qui nous met en tension, nous maintient en vie ? C’est bien connu l’espoir fait vivre. Qu’attendons-nous ? Pour certains sans doute la fin de l’homélie, espérant que celle ci ne dépasse pas les 7 minutes réglementaires car cela compromettrait la cuisson du poulet du dimanche… d’autres attendent la finale de « Danse avec les stars », le dénouement de la série préférée pour savoir si Brendan va enfin oser demander en mariage Jessica autour de laquelle il tourne depuis 283 épisodes. D’autres attendent la victoire de Paris en Ligue des champions ou le sacre de Mbappé pour le ballon d’or lundi soir. D’autres attendent chaque jour de pouvoir ouvrir la case du calendrier de l’Avent espérant y déguster un bon chocolat ou une bonne bière. Et peut-être que, pour les plus jeunes d’entre nous, il y a l’attente insoutenable du saint jour de Noël pour savoir si la nouvelle boite de lego StarWars ou le dernier iPhone sera bien au rendez-vous sous le sapin.
Heureusement, il y a des attentes plus profondes, reflets de désirs plus profonds. L’attente de l’adolescent qui se construit, et qui petit à petit se voit devenir un homme et attend que sa personnalité, son corps et son cœur arrivent à maturité. Il y a l’attente du fiancé qui attend de pouvoir dire pleinement oui à sa promise au jour de ses noces. Il y a l’attente pleine de douceur et de douleur parfois de la femme enceinte qui attend l’arrivée de son enfant. Aussi belles qu’elles soient, ces attentes restent partielles, comme suspendues à une fin rapide. Elles ne sont pas encore capables de remplir l’intégralité de notre cœur.
Quand on y réfléchit, il y a, au fond de notre cœur, comme une attente plus grande, une attente de salut, d’une situation meilleure et plus grande. Un but, une fin dernière qui donne un sens à toute chose. C’est ce que nous appelons le bonheur ou le salut.
Dans l’histoire passée, cette attente s’incarnait volontiers dans un désir de grandeur politique,un Reich de mille ans pour les uns, un grand soir ou des matins qui chantent pour les autres. Aujourd’hui, il n’en est rien. L’homme occidental préfère l’avènement d’un bonheur individuel : son petit nid douillet où il est bien confortablement installé dans le canapé Ikéa, son petit pavillon qu’il a acheté avec ses économies entouré de ceux qu’il aime. Dans notre vie, il y a encore de la place pour une attente plus grande ? La visite hebdomadaire au Carré Sénart ou au Carrefour de Villiers-en-Bière remplit-elle vraiment notre espérance ?
Face à ces attentes biens parcellaires, les mots de l’Évangile d’aujourd’hui nous secouent « tenez-vous sur vos gardes de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie ». Ces mots sonnent pour nous comme un avertissement. Ne vous endormez pas ! « Veillez » ! Espérez encore quelque chose de plus grand !
Veiller, c’est l’attitude spirituelle de l’Avent.
Veiller, c’est bien l’attitude de l’Avent. Mais il ne s’agit pas de la veille de l’ordinateur qui éteint son écran en attente que son utilisateur appuie sur une touche du clavier pour le rallumer. Il ne s’agit pas non plus de la veillée des scouts ou des amis où tard dans la nuit on se retrouve ensemble. Ce n’est pas non plus la veille du travailleur assis à son bureau pour terminer un devoir d’école ou écrire le dernier rapport pour un client. Veiller, dans une attitude chrétienne, a plutôt le sens de « faire attention à ». « Maman, peux-tu préparer la chambre pour Pierre qui vient dormir ce soir » « J’y veillerai mon chéri ». J’y penserai, je le mettrai au centre de mon attention.
Le temps de l’Avent, c’est donc le temps de la veille spirituelle. Face à ces illusions de bonheur dont je vous parlais il y a quelques instants, l’Église nous offre un temps de grâce pour nous remettre en selle, pour nous préparer, pour réactiver notre désir intérieur. Ceux d’entre nous qui ont la chance d’être parents le savent, lors de la grossesse, on prépare la venue de l’enfant, on dispose le berceau, on prépare les enfants à l’heureux événement…
Le temps de l’Avent nous entraîne, avec Marie qui est enceinte, à préparer dans notre vie l’avènement du Sauveur. Le Christ est le seul capable de combler pleinement ce bonheur auquel nous aspirons nous. Saint Augustin le dit à sa façon : « Tu nous as fait pour toi et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi ». Notre foi chrétienne nous conduit à croire que notre épanouissement véritable ne peut se trouver qu’en Dieu. Toutes les joies de la terre ne sont qu’un avant-gout, une Bande annonce, un Teaser, du véritable bonheur qui vient si nous nous laissons vraiment saisir par la puissance du Seigneur. Un jour, nous serons aimés pleinement. Un jour, ce grand désir d’un amour véritable, durable, sans faille sera comblé totalement par la présence de Dieu.
C’est donc vers lui qu’il faut concentrer notre attention. Au jour de Noël, la Vierge Marie ne donne pas naissance à un enfant pour elle-même, elle donne naissance à Dieu qui se donne à nous par amour. Elle donne naissance à l’Emmanuel : « Dieu avec nous ». Encore faudrait-il que nous ayons laissé dans notre coeur un peu de place pour accueillir le Sauveur.
L’attente de Noël est donc une veille active, une tension vers un but qu’est la vie éternelle. Pendant 4 semaines, le Seigneur nous donne de reprendre conscience que notre vie ne trouvera son sens véritable qu’en Dieu. Sans doute que le temps de l’Avent est plus dur à vivre que celui du Carême car moins perturbé par les inévitables préparatifs matériels de Noël : course dans les magasins, décorations multiples, construction de la crèche … Ainsi donc il nous faut, frères et sœurs bien aimés en ce premier dimanche de l’Avent prendre fermement le chemin de la préparation de notre cœur et pas seulement celui de notre table.
Cette semaine, je vous propose deux pistes concrètes pour démarrer l’Avent d’un bon pied :
« Restez éveillez et priez !» : Le temps de l’Avent est celui de la prière. Personnelle et communautaire. Je sais que dans la vie de famille il n’est pas facile de prier en couple, en famille ou seul. Il y a la pudeur naturelle, le rythme frénétique Train Boulot Dodo de la vie en Ile de France… Pendant ces quelques jours de l’Avent, ayons l’audace d’allumer une bougie, et de prier ensemble le Seigneur. Vous ne priez jamais en semaine ? pourquoi ne pas profiter des courses de Noël pour s’arrêter dans l’Église quelques instants le samedi ? Il fait froid et il pleut, pourquoi ne pas lire l’Évangile en famille le samedi soir avant le dîner ? Prier, c’est ouvrir son cœur au Seigneur qui vient. Et c’est tellement plus beau à plusieurs.
« Redressez-vous et relevez la tête » : Le temps de l’Avent est aussi celui de la Pénitence. Quel meilleur moyen de se relever que de recevoir le sacrement de la réconciliation. Se confesser, c’est être remis debout par le Seigneur. Pour un chrétien, ce n’est pas une option. C’est une question de vie ou de mort spirituelle. Seigneur viens, viens me sauver, Seigneur délivre-moi de mon péché. Pendant l’Avent, plusieurs temps de confession seront proposés pour que chacun puisse être relevé par le Seigneur. N’ayez pas peur ! Quelle joie d’être sauvé et délivré par le Seigneur. Même si cela fait 30 ans que vous ne l’avez pas fait, laissez-vous aimez par le Seigneur. Laissez-le disposer votre cœur à sa présence. Vous vivrez Noël d’une manière nouvelle.
Oui Seigneur, viens pour notre attente ne tarde plus, pour notre délivrance, viens Seigneur Jésus.