Mon pays c’est l’amour !
« Quand on que l’amour à offrir en partage, au jour du grand voyage qu’est notre grand amour » chantait Brel, « S’il suffisait qu’on s’aime, s’il suffisait d’aimer, si l’on changeait les choses un peu rien qu’en aimant donner » « Aimer c’est ce qu’il y a de plus beau, aimer c’est monter si haut et toucher les ailes des oiseaux, aimer c’est ce qu’il y a de plus beau. » ou encore dans l’actualité musicale plus récente : « mon pays c’est l’amour ». Au rayon disque de votre magasin préféré, ou pour les plus modernes d’entre nous sur Spotify, il ne faut pas avoir fait polytechnique pour se rendre compte que le thème de l’amour est dans le best-of de tous les chanteurs.
Si toutes ces chansons nous parlaient de l’amour véritable, peut être aurait-il suffit que Jésus renvoie le scribe de l’Évangile d’aujourd’hui à toute cette discographie pour découvrir le secret de la vie chrétienne. Mais en fait l’amour chrétien est à la fois plus grand et plus simple que toutes ces proses artistiques.
Aimer, pour un chrétien, c’est d’abord un commandement
C’est à l’impératif que Dieu s’adresse à son peuple au livre du Deutéronome : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. » Aimer pour un chrétien, c’est en premier chef un commandement. Ceux d’entre nous qui sont jeunes depuis un peu plus longtemps que moi le savent bien, l’affection, le sentiment, l’attachement connaissent des hauts et des bas et bien imprudents les jeunes époux qui se lancent dans l’aventure du mariage en se disant que jamais leur amour ne connaîtra d’épreuve. Alors, comment Dieu peut-il commander de nous aimer ? L’homme serait-il pourvu d’un bouton greffé sur le cœur pour activer cette fonction ?
Aimer, pour un chrétien c’est d’abord l’engagement de la volonté. Une décision. Notre langue française est pauvre pour décrire l’amour. On aime le chocolat avec le même mot qu’on utilise pour dire à son fils qu’on l’aime ou à son chien. Le grec de l’Evangile est plus riche. Il distingue trois mots pour parler de l’amour : Phileo : l’amour d’amitié, l’affection. Eros : l’amour charnel et Agapé l’amour de charité, l’amour divin. En nous commandant d’aimer notre prochain comme nous-même, Dieu ne nous demande pas d’avoir la même affection pour notre épouse et pour le guichetier du cinéma. Par contre, Dieu nous invite à aimer, c’est à dire à lui vouloir le même bien. Et cet amour là ne dépend pas d’un ressenti ou d’une émotion mais bien d’un acte de la volonté. Si Dieu peut nous commander d’aimer c’est bien parce qu’aimer, c’est choisir de vouloir le bien de l’autre. Le bien véritable.
Aimer, pour un chrétien, c’est ensuite une grâce
En effet, Dieu n’est pas un sadique qui nous commanderait d’aimer et nous abandonnerait à notre propre sort une fois l’ordre envoyé. Si Dieu nous commande d’aimer, c’est bien parce qu’il nous en donne la grâce. « Dieu est amour ». Voilà la grande révélation de toute l’écriture sainte et particulièrement du Nouveau Testament. Si nous sommes capable d’aimer, si Jésus peut nous redire avec force ce double commandement de l’amour de Dieu et du prochain c’est que Dieu nous a aimés le premier. Plus encore « Dieu est amour ». Cela signifie que tout amour véritable est une œuvre de Dieu. La grâce de l’amour de Dieu dans notre vie, cela s’appelle la vertu de charité. C’est un don que Dieu nous fait. Par la grâce du baptême, en nous nourrissant de la Parole de vie et du pain de l’immortalité, nous sommes remplis de l’amour de Dieu. Il y a 2 jours nous fêtions la Toussaint. Cette fête nous donnait précisément de contempler des hommes et des femmes qui sont restés comme des vitraux traversés par l’amour divin. Quelle est la caractéristique du vitrail ? Sans la lumière qui le traverse, il n’est rien. Il en va de même pour un chrétien. Aimer comme un chrétien c’est donc d’abord recevoir la grâce de Dieu : se laisser aimer par Dieu. « Mes petits-enfants, demeurez dans mon amour. »
Aimer pour un chrétien c’est enfin se donner.
Dans la réponse que Jésus fait au scribe de l’Evangile, il prend bien soin d’unir le commandement d’aimer son prochain et celui d’aimer Dieu. Pourquoi ? Parce qu’il n’est pas possible d’aimer en théorie. Sur la papier, c’est assez facile d’aimer et de vouloir du bien à tous. Dans la pratique, les enfants de la voisine un peu trop bruyants, la collègue de travail agaçante, le jeune qui dégrade la cage d’escalier, le voleur de ma voiture ou ma belle-mère… c’est parfois plus difficile. La foi chrétienne est agissante. Aimer son prochain comme soi-même c’est comme le reflet de l’amour de Dieu. Dans les monastères bénédictins, la règle précise que les « hôtes seront reçus comme le Christ » qu’ils soient princes de la terre ou dernier des marginaux. Aimer c’est ce qu’il y a de plus beau oui… si c’est concret et réel. Aimer pour un chrétien c’est se donner, s’oublier soi-même, faire passer les autres avant moi. Alors comment faire concrètement ? Je vous propose en ce dimanche que nous puissions nous lancer dans la politique des petits pas… en 3 étapes. 1erétape : Choisir une personne que nous avons du mal à aimer concrètement (ma voisine, mon collège, mon beau frère… quelqu’un de proche). 2èmeétape : demander à Dieu la grâce d’être capable de l’aimer, prier pour cela, le soir, à la messe, ou bien avant une occasion de rencontre. 3èmeétape : lorsque je vois cette personne poser un petit acte de charité, mais petit, tout simple, une manière de s’oublier. Parfois simplement un sourire, une main tendue, une délicatesse du cœur, un micro service rendu.
De petit don, en petit don, de communion en communion, avec la force que Dieu nous donne nous pourrons répondre, par nos actes et dans notre vie au commandement de l’amour de Dieu et du prochain.
Amen.