Dommage ? (Lycée)
Si je vous dis « Diego est affalé au fond du canapé, il engueule son petit frère quand il passe devant la TV, ses amis sont sortis il ne les a pas suivis, Diego est triste il ne veut rien faire de sa vie il déprime de ne pas trouver la femme de sa vie mais mon pauvre Diego tu t’es tellement trompé, c’était à cette soirée que tu allais la rencontrer ». Vous aurez reconnu le tube de Big Flo & Oli « dommage ».
Hé bien chers amis, la Vierge Marie ne ressemble pas à Diego. Elle n’a pas raté le coche. Pour reprendre une expression du pape François elle a quitté son bon vieux divan, pour le Bon Dieu vivant. Elle n’est pas restée simplement à glander dans son canapé.
Se mettre en marche
La première chose à laquelle nous invite cette fête de la visitation, c’est de ne pas suivre l’exemple de Diego, pour qu’à notre arrivée au ciel le Seigneur ne nous chante pas « on a tous dit ah c’est dommage, ah c’est dommage, ah c’est dommage ». Vous le savez bien pour réussir un examen, et il me semble qu’un certain nombre d’entre vous auront le bac dans quelques semaines, il faut commencer par sortir de son canapé ou de son smartphone (vous noterez j’ai pas dit iphone), pour se mettre à sa table de travail.
Imaginez un peu, la Vierge Marie vient de recevoir un ange, elle apprend qu’elle est enceinte, et qui plus est du Fils de Dieu, qu’elle n’est pas mariée et qu’elle est toute jeune. Et quelle est sa première pensée ? appeler ses copines ? non ! Jouer à Fortnite ? non plus ! C’est de se mettre en route pour aider sa cousine. Elle sait par l’expérience qu’une femme enceinte est fatiguée, elle sait que sa cousine est agée. Elle va donc se mettre au service. Elle se bouge pour aimer en acte.
Ainsi donc, dans notre vie chrétienne, comme dans notre vie scolaire nous sommes appelés à nous bouger, à avancer. « non mais mon père, c’est de notre âge… quand j’aurai 25 ans je me bougerai… » illusion terrible… car à 25 ans on est le résultat des 10 années qui ont précédé.
Il me semble qu’il nous faut nous bouger dans 2 directions : la première, scolaire, c’est que mon travail, y compris pour réussir mes examens est une œuvre spirituelle : à chaque fois que je me mets à bosser, que je fais des maths ou de la physique ou de l’histoire… en l’offrant à Jésus, je grandis dans l’amitié avec lui… et je me construis comme un homme ou une femme forte.
La seconde, spirituelle, c’est que notre vie chrétienne ne se construira pas sans nous. Marie s’est levée, elle est partie de chez elle pour avancer, pour aller chez sa cousine. Nous aussi nous sommes appelés à suivre ce mouvement, à sortir de notre petite vie pépère pour grandir dans la vie chrétienne.
Rendre grâce pour les rencontres qui me font grandir
Au terme de notre année scolaire, il nous faut aussi regarder un autre aspect de l’attitude de Marie. Marie rend grâce, elle remercie Dieu pour la rencontre qui s’opère. Car à regarder de près l’Evangile, il y a la rencontre de 2 mères : Elisabeth et Marie… et la rencontre de deux Fils : Jean-Baptiste et Jésus. Pendant une année scolaire, vous avez tous fait des rencontres, tissé des relations privilégiés, des esquisses d’amitié… c’est beau. Et dans notre vie, il y a 2 sortes de rencontres : celles qui me font grandir et les autres. Elisabeth en disant « comment ai-je le bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi » reconnaît que la rencontre qui se déroule est une œuvre de Dieu. Au terme de cette année j’aimerai que nous puissions rendre grâce pour les rencontres qui nous ont fait grandir. Les amitiés exigeantes, ceux qui m’ont aidé à avancer… pas juste les potes avec qui j’ai passé du bon temps… mais ceux qui sont exigeants, qui me font grandir. Et remercier Dieu pour cela.
Saint Joseph de Cupertino
Enfin, comme c’est la Messe des Examens j’aimerai vous parler d’un homme qui a véritablement rencontré le Seigneur. Il s’appelait Joseph et vivait en Italie au début du 17èmesiècle. Il avait en lui même un vrai désir d’aimer Dieu et de le servir. Et au fond de son cœur il se sentait appelé à servir Dieu d’une manière particulière. Il voulait devenir franciscain. A l’époque, il fallait passer un examen pour entrer dans l’ordre. Mais notre ami n’avait pas beaucoup de science… il n’était pas vraiment en train de savoir s’il serait pris en prépa à Henri IV ou à Ginette… il avait du mal à lire et à écrire correctement mais il avait foi dans le Seigneur et il travaillait de tout cœur. Il passe donc l’examen et se fait jeter pour insuffisance intellectuelle. Confiant dans l’œuvre de Dieu, il prie de tout cœur et travaille encore plus. Le 3 janvier 1627, l’évêque du lieu consent à lui refaire passer l’examen. Il ouvre la bible au hasard (en latin), et à la surprise générale notre cher Joseph fait un magnifique commentaire, clair, simple, limpide. L’évêque lui confère rapidement les ordres. Aujourd’hui, il est canonisé, il s’agit de Saint Joseph de Cupertino, le saint patron des examens.
Qu’a-t-il fait de particulier ? Il a confié sa vie à Dieu et il a travaillé de tout son cœur.
En fait, il a fait comme Marie : il s’est mis en marche, il a fait un effort … puis a laissé le Seigneur opérer la rencontre et se manifester.
C’est pour nous un programme de vie ! Se mettre en marche, avancer, se fortifier, se prendre en main, quitter son divan, arrêter d’être un mollusque… prendre en main sa vie humaine et chrétienne. Et en même temps laisser à Dieu l’espace de se manifester contre vents et tempête.
Ainsi donc, comme vous êtes tout sauf des Diego de BigFlo et Oli… rendons grâce pour les rencontres de cette année qui nous ont fait vraiment grandir, sortons de notre paresse pour nous prendre en main et laissons Dieu opérer la vraie rencontre, celle qui changera notre vie définitivement : la rencontre avec le Christ.
Amen !