Il est parti, il nous envoie ! (Ascension)
Je ne sais pas si vous connaissez la série « Joséphine Ange Gardien » à la télévision, mais il me semble qu’un détail peut éclairer ce que nous entendions dans la première lecture. A la fin de l’épisode, Joséphine disparaît mystérieusement comme elle était arrivée et la personne qu’elle a secouru se retrouve seule. Ou bien encore, la situation des apôtres me fait penser à la situation que nous vivons lorsque, arrivé à la gare pour l’horaire de notre train habituel, on le voit partir devant nous… et béatement nous le contemplons s’en aller sans nous. Bref il est parti. Plus là. Nous nous retrouvons seuls.
Pour les Apôtres, il y a aussi quelque chose d’un coup dur : eux qui pensaient que le Christ serait d’abord un Messie politique, qui avait été abattu par la croix sont stupéfaits par la résurrection. Et s’il faut un ange pour arracher les Apôtres à la stupéfaction de l’instant le récit des Actes des Apôtres nous dit pourtant « qu’ils retournèrent à Jérusalem, remplis de joie ».
Sommes-nous habituellement dans la joie lorsqu’un être proche nous quitte ? En réalité la joie qui inonde le cœur des Apôtres est celle d’une victoire, dont la prière d’ouverture se faisait écho tout à l’heure : « Dieu qui élève le Christ au-dessus de tout, ouvre-nous à la joie et à l’action de grâce, car l’Ascension de ton Fils est déjà notre victoire ».
La joie de l’Ascension, c’est que le Christ nous ouvre un chemin. Avec l’Ascension, Jésus nous permet déjà d’espérer nous-même entrer dans la gloire. A la manière des pionniers qui vont inaugurer une nouvelle ère. Imaginez ainsi Christophe Colomb qui découvre l’Amérique, en étant le premier à fouler le sol du « nouveau monde », il va ouvrir pour le monde une perspective nouvelle en modifiant à jamais les rapports des peuples. Jésus ouvre ici une ère nouvelle. Unie à Sa tête, l’humanité est appelée à entrer dans la Gloire avec Jésus. La joie de l’Ascension, c’est l’espérance que nous-même, un jour, sommes appelés à entrer au Ciel. Saint Paul a une belle phrase pour exprimer cela : « notre cité se trouve dans les cieux » (Ph 3).
La présence dans l’absence
Pour autant, le Christ dans l’Ascension abandonne-t-il l’humanité à son triste sort ? En nous disant : « alors les gars, moi je retourne au chaud là haut près du Père… débrouillez-vous tout seul… à plus ! » Bien sûr, Jésus ne sera plus présent désormais avec ses Apôtres physiquement, bien sûr ils vont faire l’expérience de l’absence. Et pour autant, il ne laisse pas ses Apôtres seuls. Il leur promet la présence de l’Esprit Saint. L’Esprit Saint, c’est la présence du Christ en nous. « C’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés d’ici quelques jours ».
Parfois, nous sommes tentés de nous dire : c’était tellement plus facile pour Pierre, Jacques et Jean de croire car ils avaient Jésus en direct live en face… vous vous n’avez que le vicaire, pas de chance, c’est moins convaincant ! Et pourtant, frères et sœurs bien aimés, nous sommes le temple de l’Esprit Saint. En nous-même, il y a la présence de Dieu, au plus profond de nos cœurs « plus intime à moi même que moi-même » dira Saint Augustin. Oui après l’Ascension Dieu est toujours présent… mais d’une manière différente. Il est présent dans l’œuvre de l’Esprit Saint en moi. « Moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps ».
Croyons-nous vraiment à cette œuvre-là ? Est-ce que je crois que l’Esprit Saint peut transformer ma vie ? Avec l’Ascension, nous inaugurons un temps d’attente et de prière pour demander la présence de l’Esprit Saint dans nos vies. Je vous propose que nous puissions choisir ensemble de demander à l’Esprit d’enflammer nos vies de l’amour de Dieu au jour de la Pentecôte, en priant chaque jour d’ici là pour cela. « Viens Esprit Saint, viens embraser mon cœur, viens au secours de mes faiblesses ».
Allez, dans la paix du Christ !
Le Christ s’en va, sans pour autant nous laisser seuls, mais surtout il nous envoie ! « Allez donc de toutes les nations, faites des disciples, baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ». Le Seigneur n’est plus présent après l’Ascension dans son corps humain terrestre, mais il est présent dans son Corps qui est l’Église. Avec l’Ascension, et plus encore dans quelques jours la Pentecôte, nous, chrétiens devenons à la suite des Apôtres les bras et la bouche du Sauveur.
Nous concluons chacune de nos messes par l’envoi : « Allez dans la paix du Christ ». Faudrait-il comprendre cette phrase comme un « Allez maintenant retrouver votre canapé » ou plutôt comme un appel à nous mettre en marche, en route, en mission. La mission n’est pas une invention de l’Eglise, mais bien un commandement du Seigneur. Vous noterez que Jésus ne dit pas : « à l’occasion, entre DirectAuto et Téléfoot proposez à vos voisins de découvrir le Christ si vous avez un peu de temps »… « Allez de toutes les nations faites des disciples ». Car en envoyant ses disciples sur la montagne, c’est nous qu’il envoie. Il nous envoie à tous, pas seulement à ceux qui accueilleront bien le message, mais à tous ! Peut-être ne le savez-vous pas mais dans notre paroisse, il est un petit groupe qui fait cela une fois par mois. Un groupe de paroissien avec la Communauté de l’Emmanuel va faire du porte à porte dans le quartier de Montaigu pour annoncer la Foi. Ils sonnent à la porte des gens en témoignant de leur Foi. Voilà une modalité possible de réponse à l’impératif du Seigneur d’annoncer l’Évangile.
Ainsi donc, dans les dimanches à venir, en entendant le diacre nous envoyer dans la paix, nous pourrions laisser l’Esprit Saint nous suggérer ce que nous allons faire très concrètement cette semaine pour annoncer l’Évangile.