Le petit berger dans la prairie !
Cette année, Covid oblige, il n’y a pas eu de Salon de l’Agriculture. En ce dimanche, l’Église vous l’offre donc sur un plateau d’argent. Nul besoin d’aller à la porte de Versailles, voici que le Salon de l’Agriculture se délocalise dans cette église Saint Sulpice… où Berger et Brebis se rencontrent sur les frais pâturages du Seigneur. Puisque la petite maison dans la prairie est un peu loin de nos mémoires et que le jardin du Luxembourg ne ressemble pas encore à un grand pré… voici quelques éléments pour nous aider à méditer.
Jésus le seul bon Pasteur
En bons apprentis-bergers, il nous faut d’abord regarder un homme d’expérience : Jésus, le bon pasteur. Et que nous promet-il ? « La vie, et la vie en abondance ». La vie en abondance, qui de vous veut moins que ça ? Qui de vous ne voudrait qu’une vie rabougrie, une vie confinée, une vie qui se réduirait aux activités essentielles, comme on a tendance à dire depuis un an, c’est-à-dire pouvoir faire des courses, aller au McDo, travailler, promener son chien et faire son jogging. Non, c’est trop peu que de réduire l’essentiel de la vie de l’homme à cela : nous voulons plus, nous voulons la vie, plus de vie, la vie en abondance, c’est ce que le bon pasteur nous promet, c’est ce que Jésus nous propose ce dimanche. Jésus nous propose la vie en abondance en devenant pour nous l’unique « Bon Pasteur ». Je ne suis pas un spécialiste de l’élevage et je n’ai pas été élevé par Charles Ingalls comme dans la petite maison dans la pairie… mais je sais pourtant que le métier de berger exige de prendre grand soin de ses brebis : il faut les tondre, leur donner de l’herbe grasse, aller rechercher celle qui est perdue… Eh bien c’est précisément ce que Jésus fait avec nous pour que nous ayons la vie et la vie en abondance.
Jésus est bon pasteur parce qu’il prend soin de son troupeau : « je n’ai perdu aucun de ceux que tu m’as confié » dira-t-il juste avant d’offrir sa vie sur la croix. Il est frappant de voir combien Jésus prend soin de ses disciples, en les secouant parfois avec vigueur, mais pour les faire avancer vers la vie véritable.
Jésus est bon pasteur parce qu’il donne sa vie pour ses brebis, afin que nous ayons la vie. Étonnante image que celle du berger qui donnerait sa vie pour une petite brebis égarée…
Jésus est bon pasteur parce qu’il nous conduit « sur des prés d’herbe fraîche », c’est-à-dire qu’il nous ouvre les portes du Ciel en nous montrant le chemin à suivre ! C’est là que notre vie trouvera pleinement son sens.
Le prêtre appelé par le bon pasteur et être un bon pasteur
En ce dimanche du « Bon pasteur », c’est la Journée mondiale de prière pour les vocations. Sacerdotales, en particulier. Car c’est bien gentil que Jésus soit bon pasteur et qu’il guide son peuple… mais il a du mal à le faire tout seul. On raconte qu’un jour un évêque, venu faire une visite pastorale dans une paroisse, dit au curé : « Eh bien, Monsieur le curé, quel travail l’Esprit Saint fait dans votre paroisse, c’est merveilleux ! » Et le curé de lui répondre : « Oui Monseigneur, mais il fallait voir l’état de la paroisse quand l’Esprit Saint était seul à s’en occuper… » Quel réalisme ! C’est pourquoi Jésus a institué des prêtres qu’il configure à son image, pour qu’à leur tour ils donnent leur vie pour les brebis, pour en prendre soin et pour les conduire. C’est beau tout cela, mais qu’est-ce qu’un prêtre ?
Un prêtre, c’est une brebis qui a entendu l’appel du Bon Pasteur. Depuis 2000 ans, avec une constance étonnante, le Seigneur appelle. Il a commencé par 12 bonhommes, en se plantant devant eux et en leur disant « Viens et suis-moi ». Ils auraient pu trouver des excuses : non, non, j’ai piscine, non désolé mais là je suis pris par mon boulot, c’est urgent car je veux le grade de consultant supérieur… Ah, non, pardon mais là j’ai Cunégonde qui m’a regardé du coin de l’œil… Mais au lieu de cela ils ont choisi l’aventure avec le Seigneur : ils ont risqué leur vie au risque de Dieu ! Aujourd’hui comme hier le Seigneur appelle des jeunes au fond de leur cœur, comme un murmure : « Pourquoi pas prêtre ? »
Un prêtre c’est un homme imparfait dont Jésus veut se servir pour communiquer sa grâce. On attend beaucoup de nos prêtres… peut-être trop, au point de faire peur à des jeunes. Quelle pression met-on parfois sur le prêtre, je le disais le Jeudi Saint ici même. Car le prêtre est un homme, comme vous, comme moi, avec des qualités et des défauts. Mais c’est un homme que Jésus a greffé sur lui pour communiquer la grâce de son amour. Pour que par lui nous recevions les sacrements.
Demandons au Seigneur d’arriver à toujours voir cela par-delà les qualités et les défauts humains de nos prêtres. J’ai un ami prêtre qui me racontait qu’un jour un jeune homme était venu le voir. « Je te remercie car c’est grâce à toi que j’ai eu le désir d’être prêtre ». Le prêtre un peu fier, se dit que c’est surement par son attitude pieuse à l’adoration ou bien par une parole en confession… Mais je jeune de poursuivre : « Tu sais, mon dernier camp scout, tu étais tout jeune prêtre… Eh bien j’ai compris une chose en te voyant : qu’il n’y avait pas besoin d’être parfait pour être prêtre ! ». Pierre, Jacques, Paul, André n’étaient pas parfait. Nous non plus, et ceux qui deviendront prêtres demain non plus.
Un prêtre c’est un homme qui a choisi de consacrer son humanité dans le célibat. Souvent, quand nous rencontrons des non-croyants, ils se sont intrigués, interpellés par ce signe du célibat. Sans vraiment connaître le Christ, ces personnes sentent la radicalité de ce choix du Seigneur : « Ne rien préférer à l’amour du Christ ». Oui dans le monde certains hommes choisissent de donner toute leur vie à Dieu pour que le monde ait la vie, la vie de Dieu en abondance. Le prêtre offre son corps et sa personne à Dieu comme le Christ l’a fait : « Ceci est mon corps livré pour vous ».
Le prêtre est un homme qui donne la vie pour que les autres aient la vie de Dieu. Pensez donc que sans prêtre vous n’auriez pas l’Eucharistie, sans prêtre vos péchés ne seraient pas remis, sans prêtre vous n’auriez pas le secours de la grâce du sacrement de mariage, et sans prêtre, qui viendrait secourir vos mourants ?
Être prêtre, c’est beau !
Quelle joie de remettre les péchés et les fardeaux si lourds de tous ceux qui viennent chaque jour dans ce confessionnal. Quelle joie d’accompagner des personnes sur le chemin de la vie avec Dieu, pour qu’elles apprennent à prier, à discerner, à aimer selon Dieu. Quelle joie de pouvoir par sa parole et par ses mains faire venir Jésus sur l’autel pour que le peuple de Dieu soit nourri des sacrements. Quelle joie d’annoncer l’Évangile et de prêcher avec enthousiasme une bonne nouvelle.
Oui, frères et sœurs, en ce dimanche et c’est mon dernier point, j’aimerais vous redire qu’être prêtre, c’est beau. C’est prendre au sérieux que Jésus nous donne la vie et la vie en abondance. Le job du prêtre, c’est donc de répandre dans le monde cette vie en abondance. Quelle joie de remettre les péchés et les fardeaux si lourds de tous ceux qui viennent chaque jour se confesser. Quelle joie d’accompagner des personnes sur le chemin de la vie avec Dieu, pour qu’elles apprennent à prier, à discerner, à aimer selon Dieu. Quelle joie de pouvoir, par sa parole et par ses mains, faire venir Jésus sur l’autel pour que le peuple de Dieu soit nourri des sacrements. Quelle joie d’annoncer l’Évangile et de prêcher avec enthousiasme une bonne nouvelle. Quelle joie de monter des projets d’évangélisation pour que le quartier, notre ville, notre pays et le monde entier entendent parler de l’Évangile du Christ. Quelle joie de pouvoir être témoin de l’action de l’Esprit Saint dans les cœurs, en accompagnant les gens vers le mariage ou le baptême, ou en les aidant à franchir le cap de la mort. Quelle joie !
Être prêtre, c’est un bien beau cadeau que le Seigneur puisse nous faire. Certains d’entre nous se sont peut-être déjà posé cette question dans leur cœur, prions pour eux, parce que si le Seigneur les appelle, ce sera un chemin de joie pour eux et pour toute l’Église. Prions pour qu’ils trouvent dans notre regard et notre amitié un encouragement.
D’autres savent qu’ils ne seront jamais prêtres. Alors pourquoi ne pas prier pour devenir pères de prêtre ? Mères de prêtre ? Grand-mères de prêtre ? oncles de prêtre ? Sœurs de prêtre ? Parce que si aujourd’hui vous êtes sauvés, si aujourd’hui vous pouvez communier à la messe, si aujourd’hui vous recevez l’absolution des mains d’un prêtre, c’est parce qu’un jour, un père, une mère, ont accepté de laisser partir leur fils pour qu’il ne soit plus tout à fait à eux, mais qu’il soit tout à tous. Parce qu’un jour un garçon a renoncé à une carrière, à une femme pour choisir une épouse plus merveilleuse encore : l’Église de Dieu. Parce qu’un jour ce garçon a vu des prêtres, des diacres et des séminaristes heureux, entourés par la communauté paroissiale et qu’il s’est dit que c’était possible. Parce qu’un jour ce garçon a entendu au fond de son cœur ce murmure : « Viens et suis-moi pour devenir Bon Pasteur ».
Dans un moment de méditation, confions ceux qui dans nos familles, nos écoles, nos groupes d’amis, deviendront les prêtres de demain. Confions les prêtres que nous connaissons pour qu’ils soient des joyeux témoins du sacerdoce du Christ. Confions-nous au Seigneur pour demeurer toujours des brebis dociles qui écoutent la voix du Maître et avancent joyeusement vers les prés du Salut. La petite maison dans la prairie deviendra alors la Jérusalem Céleste, où le Christ le bon Pasteur nous accueillera.