La maladie d’amour ! (prépa. mariage)
Elle court, elle court, la maladie d’amour, dans le cœur des enfants de 7 à 77 ans ! Au point même qu’on dit qu’on peut mourir d’amour. Alors si maintenant l’amour est plus dangereux que le fameux Covid… que va-t-on devenir ? … Et en plus, non mais vous avez vu quand même, dans l’Évangile… Jésus se permet de guérir la belle-mère… erreur fatale, il tue l’amour par excellence ! De quoi dégoûter les fiancés de se marier à l’Église… Imaginez donc : enfin débarrassés de belle maman, vous vous dites que votre vie de couple sera enfin tranquille et là, Jésus surgit pour la guérir. Non mais franchement, si Jésus voulait guérir, il ferait mieux de guérir du covid.
Imaginez, ici à Saint Sulpice, une statue miraculeuse de Jésus qui vous guérit du Covid instantanément… c’est la fin des problèmes financiers de la paroisse, c’est le début de la gloire. Mais non, en fait, j’aimerais m’arrêter avec vous sur trois caractéristiques du Christ.
Jésus n’enlève pas la souffrance, il la vit avec nous
La vie chrétienne n’est pas une vie de bisounours. Et la foi n’est pas une assurance tous risques délivrée par Vatican Assistance qui vous rembourse en cas de sinistre. D’ailleurs, à l’heure du Covid, on pourrait se demander à quoi bon se marier ? On pourrait se dire que la souffrance ne fait que trop nous accabler. Télétravail, plus de sortie, risque de mort, éloignement familial, angoisse mortifère, et le tout, soumis à des interventions gouvernementales impromptues. On pourrait très bien reprendre pour nous-mêmes les paroles du Livre de Job que nous avons entendu en 1ère lecture : « Le soir n’en finit pas : je suis envahi de cauchemars jusqu’à l’aube. » On a vu plus réjouissant quand même ? En fait, être chrétien et, en ce qui vous concerne, vous marier devant Dieu, n’enlève pas et n’enlèvera pas les souffrances et les épreuves. Il faut quand même se rappeler que nous suivons Dieu qui est mort sur la croix … car l’inouï de la vie chrétienne, chers amis, ce n’est pas un évangile où Casimir serait le premier personnage, un évangile selon lequel « On ira tous au paradis » comme le dit la chanson… l’inouï de la vie chrétienne, c’est que Jésus a choisi de vivre la souffrance avec nous. Se marier devant Dieu, c’est comprendre que Jésus n’enlève pas toute souffrance mais la vit avec nous.
Le centre de la foi chrétienne c’est de comprendre que Dieu a choisi de se faire homme pour porter nos souffrances avec nous. En vous mariant à l’Église vous ne souscrivez donc pas une assurance anti-douleur du mariage mais vous choisissez le Christ comme compagnon de votre chemin.
Ainsi donc le Christ est celui qui porte vos souffrances, vos douleurs avec vous.
Jésus sauveur de notre amour
Mais en ce dimanche le Christ vous apporte encore quelque chose de meilleur. En ce dimanche le Christ se présente comme celui qui guérit. Vous pourriez me dire avec justesse que vous avez entre 25 et 35 ans, que vous êtes plutôt en pleine santé et qu’il n’y a pas grand-chose à guérir . Et pourtant, chers amis, comme le dit l’écriture, « le cœur de l’homme est compliqué et malade ». Bien sûr avant de vous marier, vous êtes peut-être dans une belle idylle où tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais posez-vous la question quand le sentiment aura cessé, quand l’autre sera devenu gros, moche et sénile ? Eh bien les réflexes reviendront. Les réflexes bien humains du repli sur soi et de l’égoïsme. Car la première chose qui blesse nos cœurs, depuis les premières pages de la Bible et donc de l’histoire de l’humanité, ce sont notre égoïsme et notre orgueil. Vouloir décider pour soi, choisir pour soi, préférer sa propre loi à celle de Dieu, rester buté ou blesser les autres par nos manques de charité.
Le Christ se présente comme celui qui guérit dans l’Évangile. Cependant il ne faut pas se tromper de guérison. Quand Jésus guérit les malades du corps, c’est surtout le signe d’une guérison intérieure. Bien sûr nous pouvons le prier pour Tante Germaine qui est malade. Mais avons-nous conscience que Jésus est le sauveur de notre amour ? Celui qui guérit nos cœurs incapables d’aimer correctement ? Il faut le dire, un couple sur deux divorce aujourd’hui… et pour être tout à fait franc, vous êtes rarement à votre première histoire d’amour. Qu’est-ce qui va vous permettre d’aimer véritablement et pour toute la vie ? Eh bien c’est la grâce du Christ. La bonne nouvelle de Jésus, c’est que Dieu guérit notre capacité à aimer.
Je vous le dis comme prêtre, la solidité de votre couple dépend au moins autant de l’accord humain qui réside entre vous que de votre capacité à recevoir la grâce du sacrement de mariage. Le Christ ne vous guérit pas de la maladie d’amour, il guérit votre cœur pour que vous puissiez vous aimer avec un cœur libre. Vous aimer sans retour. Vous aimer sans compter. Vous aimer jusqu’au bout.
Jésus est l’époux véritable
Enfin en ce dimanche j’aimerais vous partager une troisième idée. Si Jésus est celui qui partage nos souffrances et guérit notre capacité à aimer, c’est parce qu’il est d’abord l’époux véritable. Parce qu’en fait, je suis désolé pour ces dames mais votre mariage, aussi beau soit-il, est encore de la gnognote à côté du mariage véritable. Vous aurez beau choisir la plus belle table, le meilleur traiteur, le photographe de dingue, et espérer gagner 4 mariages pour une lune de miel sur TF1, les véritables noces qui raflent tout, ce sont celles du Christ et de l’Église. Et c’est celle que nous vivons aujourd’hui, maintenant, à la messe. À chaque messe, le Christ, l’époux, livre son corps à son épouse, l’Église, c’est-à-dire nous. La messe n’est pas d’abord un truc où l’on entend de belles paroles… C’est d’abord un acte d’amour intense et puissant. À chaque messe nous sommes plongés au cœur de l’acte d’amour le plus authentique et le plus fort : le Christ qui s’offre à son Église sur la croix. Quand Jésus donne sa vie sur la croix il nous montre ce que veux dire aimer sa femme : c’est aller jusqu’à accepter de mourir pour elle. Alors bien sûr, pleins de la passion du début vous me direz tous, messieurs, que vous êtes prêts à mourir pour elle… mais est-ce vraiment le cas ? À quoi suis-je prêt à renoncer pour elle ? À quelle détente ? À quelle sortie ? À quelle carrière ? En fait c’est sans doute plus facile de mourir d’un coup, en la sauvant de la noyade… mais dans le mariage vous êtes appelés à donner votre vie au goutte-à-goutte. Votre mariage ne se vit pas pour un jour… il se revit chaque jour. On ne se donne pas une fois pour toutes, on se redonne à chaque moment en s’oubliant soi-même. Si le Christ est l’époux véritable, c’est parce qu’il nous offre l’amour véritable.
En ce dimanche, ce n’est en réalité pas de la maladie d’amour qu’il est question, mais de la valeur de l’amour véritable. Aimer c’est donner sa vie. Le Christ est celui qui porte avec nous la souffrance pour nous permettre de la vivre. Le Christ est celui qui guérit notre capacité à aimer, blessée par l’égoïsme. Le Christ est enfin l’époux véritable qui nous montre sur la croix ce que signifie vraiment aimer. Cher fiancés, la bonne nouvelle de ce jour c’est que dans quelques mois vous formerez un ménage à 3… Dieu sera présent dans votre amour. Amen