Le Bon Pasteur : contempler, écouter, prier !

En cette journée pluvieuse du mois de Mai, nous voici plongés dans le monde agricole, et transportés en image vers les grands lieux de l’élevage en France. Brebis et berger, il ne manque plus que les chiens pour que la panoplie soit complète et nous aide à nous lancer dans l’aventure de l’élevage. Après tout, chères sœurs, vous avez un peu de place dans le Parc. 

A moins que l’intention de l’Évangile soit plus spirituelle que d’avoir simplement une belle laine pour tisser de nouveaux habits de dominicaines ! Avec vous en ce soir, j’aimerai retenir quelques attitudes spirituelles : Contempler, écouter, prier ! 

Contempler le Bon Pasteur

« Moi je suis le Bon Pasteur » nous dit Jésus. En ce dimanche, il nous faut donc d’abord contempler le Bon Pasteur. Comment ? En regardant dans l’Evangile comment Jésus est « bon pasteur » ? Comment prend-t-il soin des brebis ? D’abord avec bonté. La première qualité du Bon Pasteur, c’est d’être bon. Avec la Samaritaine : quelle douceur ! Pour une femme qui vit tellement loin du «ecclésialement correct ». Avec la femme adultère également. Avec Zaché le publicain, avec Pierre après sa résurrection. Jésus est d’abord un bon. Il vient manifester sur la terre la douceur de la vie divine. Ce Bon pasteur ressemble au Bon samaritain qui vient soigner les blessures, et relever les petits. On présente trop souvent la vie chrétienne et la vie avec Dieu comme une sorte de perfection morale, et on n’insiste pas assez sur cette bonté de Dieu. « Je suis le Bon pasteur ». 

Jésus est bon pasteur parce qu’il prend soin de son troupeau : « je n’ai perdu aucun de ceux que tu m’as confié » dira-t- il juste avant d’offrir sa vie sur la croix. Il est frappant de voir combien Jésus prend soin de ses disciples, en les secouant parfois avec vigueur, mais pour les faire avancer vers la vie véritable. Jésus est bon pasteur parce qu’il donne sa vie pour ses brebis. « Je suis venu pour que les brebis aient la vie et la vie en abondance » entendions nous à la fin de l’Evangile. Toute la mission du Christ, de l’Annonciation à l’Ascension n’a d’autre but que de nous donner la vie véritable. Comment Jésus donne-t-il la vie ? Sur la croix ! Nous sommes habitués à ce texte et pourtant l’image est déroutante, avez-vous déjà vu un berger qui accepte de mourir pour laisser vivre son petit troupeau de brebis ? L’image bucolique du début trouve en fait ici sa pleine réalité : c’est sur la croix que Jésus est véritablement le Bon Pasteur. Pourquoi? Parce qu’il n’abandonne pas son troupeau au lien du péché et de la mort, mais il choisit de mourir à la place de chacun d’entre nous.  

Dans notre vie, y compris dans la vie religieuse, quand nous sommes amenés à prendre des responsabilités, à conduire d’autres personnes, et bien osons ouvrir notre cœur à la contemplation du Bon Pasteur, pour à notre tour lui ressembler, et aider nos frères à avancer vers les prés d’herbe fraîche qu’il nous a promis !

Écouter le Bon Pasteur 

« Mes brebis écoutent ma voix » nous dit Jésus. Écouter. Voilà une attitude authentiquement chrétienne. Pourquoi donc les brebis écoutent la voix du pasteur ? Parce qu’elles savent qu’il leur donne ce qu’il faut, qu’il les conduit sur les prés d’herbe fraîche, qu’il est attentif à elles. Dans notre propre vie chrétienne, sommes-nous vraiment attentifs à la voix du Bon Pasteur ? Je dis bien : écouter et pas seulement entendre. Dans le fait d’écouter, il y a ma personne qui est impliquée, mon cœur qui s’ouvre à la relation offerte. 

Il y a quelques années j’ai été frappé par la lecture d’un livre du Père Alphonse Gilbert,  un prêtre spiritain. Dans ce livre, il explique combien il a été Aventurier de l’Esprit Saint. C’est à dire combien il a su entendre la voix du Bon Pasteur qui l’emmenait sur des chemins auxquels il ne s’attendait pas. La vie religieuse que vous vivez, chères sœurs, est une véritable aventure de l’Esprit Saint. Bien qu’arrivées à un âge « canonique » comme on dit dans les presbytères, le Seigneur vous appelle encore à être des aventurières de l’Esprit Saint. Est-ce qu’en cela nous nous laissons déranger par la Parole de Dieu ? Est-ce que nous écoutons la Parole de Dieu comme étant une parole donnée pour nous aujourd’hui ? Une parole qui va changer notre vie ? Ou bien comme une parole que nous connaissons un peu par cœur ? Est-ce que notre cœur est encore ouvert aux appels de l’Esprit Saint ? Aux appels du Bon Pasteur? Ce n’est pas si facile ! Prendre une nouvelle responsabilité ? Entendre l’appel de Dieu à se convertir sur tel point ?

Prier le Bon Pasteur 

En ce dimanche du Bon Pasteur, c’est également la journée mondiale de prière pour les vocations sacerdotales. La troisième attitude, c’est donc de prier. 

On peut se plaindre du manque de prêtres, ou du manque de qualité des prêtres. On peut s’horrifier des scandales liés à quelques uns, on peut vouloir que les laïcs prennent la place des prêtres, car ils feront certainement mieux … On peut… oui, c’est vrai. Mais est-ce vraiment profitable ? Ainsi donc, il nous faut prier sans cesse et sans relâche. Prier le bon Pasteur pour qu’il suscite dans nos communautés, proche de nous, des prêtres pour demain. Des prêtres qui nous annoncent l’Evangile et qui célèbrent l’Eucharistie. Des prêtres qui nous pardonnent nos péchés et nous expliquent l’Evangile. Car si vous aujourd’hui pouvez communier à l’amour de Dieu, si vous êtes aujourd’hui pardonnés, c’est parce qu’un jour, un garçon a décidé, que sa vie ne serait pas tout à fait à lui, mais qu’elle serait tout à tous. Parce qu’un jour, un jeune homme, avec toutes ses imperfections et ses limites humaines a choisi de suivre la voix du Bon Pasteur et a accepté de mettre ses faiblesses au service de Dieu et de l’Eglise. Non, les prêtres ne sont pas meilleurs que vous. Ils sont même certainement moins bons. Mais ils ont donné leur vie pour que nous ayons la vie ! Ils ont eu l’audace de faire ce choix improbable par amour de Dieu et de l’Eglise. Osons-nous leur dire merci ? Par notre attitude intérieure et extérieure ? Par nos paroles et nos prières, donnons-nous envie à des jeunes de devenir prêtre ? Est-ce que notre manière de les regarder et de rendre grâce à Dieu en voyant ce qu’ils font de bien, donne envie ? 

Une autre question en découle : Est-ce que nous prions le Bon pasteur pour eux ? Est-ce que l’on prie et se sacrifie pour qu’il y ait plus de prêtres ? Pour que ceux qui sont déjà prêtres soient de meilleurs prêtres ? Est-ce que, comme Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus au fond de son couvent, on ose demander à Dieu, avec ardeur, la fécondité du ministère de prêtre ? 

Mes chères sœurs, les temps sont durs pour les prêtres, mais leur fidélité est dans vos mains. La fécondité de leur ministère est dans vos cœurs. Vous qui avez donné votre vie au Christ : priez, offrez, souffrez pour les prêtres. Peut être que vous ne verrez jamais les fruits de cette prière, mais j’en suis sûr, je vous le promets, elle ne restera pas vaine. Avez-vous déjà pris la liste des prêtres de paroisses alentours, en vous disant que vous alliez offrir votre chapelet ou votre office pour untel, puis untel, puis untel…?

Chères sœurs dominicaines, chers amis, je vous en supplie vivement et humblement, contemplez le Christ qui agit comme Bon Pasteur, écoutez sa voix pour votre propre vie, et Priez et aimez vos prêtres, ils en ont tant besoin !