L’amour du Seigneur dans chaque chose ordinaire !

Quelle est la chose que l’on dit le plus facilement et qui est pourtant le plus difficile à vivre en vérité ? … l’Amour.  Combien de fois ai-je entendu sur le quai d’une gare, à la sortie d’un lycée ou de la fac ou encore au téléphone des gens dire : je t’aime ma chérie. « je t’aime, je t’aime, je t’aime ».  Ou plus spirituellement dire à la messe : « Seigneur je t’aime ». Facile à dire. Facile à chanter : « Je t’aime, comme un fou comme un soldat, comme une star de cinéma… »

Vivre d’Amour 

A force de le dire ou de le chanter on finit parfois par oublier de le vivre. Aimer c’est quelque chose de très concret. Il me semble l’avoir déjà dit ici, pour un chrétien aimer ce n’est pas d’abord avoir une affection débordante. Nul besoin d’être amoureux de son patron pour l’aimer comme un chrétien. Aimer c’est d’abord et très profondément vouloir le vrai bien de l’autre.  En ce dimanche, Saint Paul nous fait un inventaire à la Prévert de ce que veut dire aimer concrètement : l’amour prend patience, rend service, ne jalouse pas, ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil, ne fait rien d’inconvenant, ne cherche pas son intérêt , ne s’emporte pas, n’entretient aucune rancune, ne se réjouit pas de ce qui est injuste… il supporte tout, espère tout, il endure tout… 

Dans l’assemblée deux réactions possibles à l’audition de cette lecture. Ou bien madame met un joli coup de coude à monsieur quand elle entend « l’amour prend patience » et monsieur jette un regard appuyé à madame sur « l’amour ne jalouse pas ». Ou bien, en s’enfonçant dans son siège le paroissien se dit que franchement la religion chrétienne c’est quelque chose d’impossible et que le curé est mal placé pour parler de l’amour lui qui est célibataire … 

Mais au fait, de quel amour parle de Saint Paul ? Le nôtre ? Oui peut-être. Mais d’abord il parle de celui de Dieu. Qui prend patience envers nous ? le Seigneur qui nous pardonne sans cesse et toujours. Qui rend service ? Le Seigneur qui nous dit « le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie ». Qui ne cherche pas son intérêt ? Jésus qui meurt en Croix comme un pécheur alors qu’il n’a jamais péché. Qui n’entretient pas de rancune ? Le Christ qui pardonne à ses accusateurs… On pourrait ainsi continuer la liste longtemps.

Je crois qu’en entendant cette lecture nous sommes parfois un peu trop centrés sur nous-mêmes. A force de se regarder le nombril nous sommes tentés de  désespérer de nos impatiences, de nos faiblesses, de nos manques d’amour. C’est que nous ne nous appuyons pas assez sur Dieu. C’est lui qu’il faut regarder. C’est lui qui donne d’aimer, c’est lui qui nous montre le chemin et l’exemple… non pas par des mots seuls mais en acte et en vérité. 

Aimer concrètement

Ce qui est super c’est que dans nos familles il y a plein de possibilités d’aimer concrètement. Pour la semaine qui arrive nous pourrions chacun choisir un des axes que propose Saint Paul en ce jour. 

Par exemple, père ou mère de famille, je suis très impatient vis-à-vis de mon fils car il a du mal à ranger sa chambre ou encore qu’il fait ses devoirs plus lentement que je ne le voudrais. Une belle preuve d’amour c’est d’offrir un acte de patience à Dieu. Ou encore au volant, quand le feu vient de passer au rouge devant vous car la personne devant n’est pas passée assez vite… se souvenir que « l’amour prend patience » et offrir à Dieu cet acte de patience… ce n’est pas facile… spécialement boulevard Gambetta à 18 h le vendredi… En faire une prière.  Quelle belle manière de se convertir et devenir saint : « Seigneur je te confie cette personne qui a du mal à démarrer rapidement au feu rouge… ». Si je me mets souvent en colère dans la cours du collège ou avec les copains, peut-être faut-il que je me souvienne que l’amour des amis, c’est un amour doux et que je demande à Jésus à la fois pardon pour ma colère mais surtout la force d’aimer dans la douceur. Si je regarde les autres femmes avec jalousie, peut-être que je peux me rappeler ce que j’ai reçu avec la force de l’Esprit Saint pour en rendre grâce et éviter de me comparer inutilement. Toutes ces attitudes sont des actes d’amour authentique. 

Être prophète de l’amour au quotidien

Peut-être nous est-il plus dur d’aimer dans certains lieux. La famille en est un. C’est toujours plus facile d’aimer en dehors de sa famille. Sans doute plus dur d’aimer sa belle mère que son meilleur ami… C’est donc dans la famille que je vous propose cette semaine de vous entraîner à aimer en acte. L’autre jour au presbytère, j’avais lancé une machine de linge le matin et j’ai oublié de l’étendre. Le soir venu, je descends à la buanderie et découvre qu’un de mes confrères l’a étendue. C’est un acte concret d’amour. Discret, mais véritable. 

Entre frère et sœur, entre parents et enfants, entre époux, l’amour peut être dur, la critique facile, l’impatience notable. Et bien figurez-vous que Jésus a vécu une situation semblable comme nous l’entendions dans l’Évangile : « aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays ». Au point que les habitants de sa propre ville, de Nazareth, là où il a grandi,  sont prêts à le jeter dans le vide pour le faire mourir. 

Parfois dans certaines situations de la vie de la famille, de l’école ou du travail il nous est pas possible d’aimer par des mots ou de témoigner de notre foi par des mots. Mais il nous est toujours possible d’aimer par des gestes concrets : il nous est possible d’être des prophètes de l’Amour.

Sainte Thérèse de l’enfant Jésus nous enseigne une voix très douce et très sûre pour la sainteté mais ô combien exigeante : la sainteté des choses simples. « Ramasser une aiguille avec amour peut convertir un âme ». Être prophète de l’amour c’est le vivre d’amour dans mon quotidien, par des choses simples ! Pour qu’à notre contact les autres puissent dire : « voyez comme ils s’aiment ».  Le défi est de taille ! 

C’est cela la vraie sainteté, faire de toute chose un acte d’amour. Je peux jouer à la console avec amour… si c’est pour vivre l’amitié avec mon copain ou la fraternité avec mon petit frère. Il peut être aussi beau aux yeux de Dieu d’éplucher des pommes de terre avec amour ou de passer le balai que d’assister pieusement à la messe en semaine !

Choisissons donc, frères et sœurs bien aimés, ce petit effort d’amour du quotidien pour transfigurer notre semaine. Et puissions-nous dire avec Sainte Thérèse : « j’ai choisis l’amour du Seigneur dans chaque chose ordinaire, alors je mettrai tant de cœur à les rendre extraordinaire ». Amen.