Il est où le bonheur, il est où ?
L’autre jour je suis tombé sur la chanson « tout le bonheur du monde » qu’ont repris les kids united, figurez-vous qu’elle compte 42 millions de vue du YouTube… ça fait au moins autant de personnes qui cherchent le bonheur. Non mais c’est vrai, c’est quoi le bonheur ? C’est le club Med bien sûr: cocotiers, buffet à volonté, … au point que le slogan du club med en 1989 était « le bonheur si je veux ». En 1995 le bonheur était dans le pré dans un film d’Etienne Chatilliez. En 2002 on entendait « va chercher bonheur chez ton marchand de journaux » dans une publicité pour Universal Mobile, en 2012 Coca-Cola nous offrait du « bonheur pour tous »… J’ai une révélation à vous faire en ce jour : le bonheur ce sera sans doute à Madrid le 1erjuin prochain quand le PSG gagnera la ligue des champions… Et pour nos fiancés, si le curé ne leur casse pas les pieds et que belle maman n’est pas trop compliquée, le bonheur sera le jour de leurs noces…. Non mais tout de même, pourquoi donc Christophe Maé (en 2016) peut-il encore chanter : il est où le bonheur, il est où ? (46 millions de vue sur Youtube) puisqu’on nous le promet à chaque coin de télé ?
C’est qu’il doit encore exister quelques chercheurs de bonheur qui ne l’ont pas trouvé dans toute cette litanie. A ceux-là, et à nous qui sommes ici, que Jésus propose-t-il en ce dimanche de février ? « Heureux les pauvres » « heureux vous qui pleurez maintenant », « heureux quand des hommes vous haïssent et vous excluent » … « Coupez ! Euh Jésus c’était pas le texte prévu là, c’est pas terrible niveau Marketing, les gens ne viennent pas à la messe pour entendre cela … »
Eh bien non ! Frères et sœurs bien aimés, heureusement Jésus n’avait pas de directeur marketing. Car tout bien réfléchi ces bonheurs des chansons, des publicités ou des films sont un peu courts. Alors oui bien sûr c’est agréable de passer une semaine au Club Med. Bien sûr c’est formidable que Paris gagne la coupe. Mais est-ce bien cela le bonheur véritable ? Les plus amoureux d’entre nous me diront sans doute que « leur bonheur de tous les jours c’est leur moitié d’amour » … certes… mais tout de même… Jésus serait-il venu sur la terre pour nous dire juste que lorsque l’on est amoureux on voit la vie en rose ?
Le bonheur du Ciel
En descendant de la montagne avec ses disciples, Jésus nous invite à voir que la perspective de la vie ne s’arrête pas à l’immédiateté du temps présent. Que notre âme aspire à un bonheur plus grand, qu’un verre de bière même de l’abbé, ne saurait désaltérer… La foi chrétienne nous convoque à un bonheur éternel. « Une joie que, rien, pas même la mort ne saurait vous ravir (Jn 16,22) ». Cette joie c’est la vie éternelle. Je le disais à ceux qui se préparent au mariage. Le mariage de la terre, fût-il très beau, n’est en réalité qu’un entraînement à un autre mariage, à des noces plus grandes, plus belles. A des noces éternelles ! Oui frères et sœurs bien aimés, j’ai la joie de vous annoncer un mariage en ce jour, un mariage splendide, un mariage magnifique, un mariage éternel, un mariage qu’aucun divorce ne pourra atteindre, une union sans faille et sans fards. L’union de Dieu avec tout homme qui veut bien le recevoir. Une union qui se consommera dans la vie éternelle mais qui débute dès aujourd’hui. Le but de notre vie chers amis, c’est la vie éternelle, le croyons-nous vraiment ? c’est le Salut ! Nous sommes faits pour cela ! C’est au ciel que nous sommes appelés, à la vie éternelle, à un bonheur profond et durable ! Imaginez le moment le plus incroyable de votre vie, le plus exceptionnel… vous l’avez ? Eh bien c’est de la gnognotte à côté de ce qui nous attend au ciel. Dieu sera tout en tous ! Rien de moins ! N’ayons pas peur de le croire vraiment ! De l’espérer de tout notre cœur. Parce que dans la vie avec Dieu nous sommes appelés à être rassasiés, à rire, à posséder le royaume, à toucher la récompense des vainqueurs dans le ciel. C’est le sens de notre foi ! Heureux sommes-nous de le croire !
Le chemin du bonheur : le choix de Dieu
Mais vous voyez frères et sœurs, Dieu ne choisit pas à notre place. Nous ne sommes pas des pantins téléguidés. Ce bonheur-là, nous devons le choisir ! Ce chemin des béatitudes est un choix libre. Le Seigneur se contente d’être comme la DDE qui plante des poteaux le long des routes de montagne pour nous indiquer où est la route… à nous de la suivre ou de partir dans le ravin. Lorsque Saint Jean-Marie Vianney fut nommé curé d’Ars et qu’il ne trouvait pas le minuscule village à cause de la brume, un petit garçon le lui indiqua. A celui-ci le saint fit cette réponse fulgurante : « tu m’as montré le chemin d’Ars, je te montrerai le chemin du ciel ». Jésus ne fait pas autre chose dans les lectures d’aujourd’hui: nous montrer le chemin du ciel. La foi n’est pas une assurance multi-risque habitation mais un chemin vers Dieu. Un chemin de confiance. Les repères que l’Évangile nous plante en ce dimanche peuvent nous aider à discerner à construire notre vie d’ici-bas les yeux fixés sur l’au-delà. Sur une perspective plus haute qu’une réussite humaine immédiate. On rencontre des gens, qui vous disent fièrement « mon père c’est bon les enfants sont tirés d’affaire » sous-entendu ils ont fait les bonnes études, le bon CDI et ils fréquentent la bonne personne… je comprends les parents qui ont besoin de sécurité et s’inquiètent pour leur enfant. Mais tout de même, comme chrétien ce qui devrait nous angoisser c’est la sainteté, le bonheur sans limite, pas simplement le CDI dans la grande banque anglaise que le petit dernier vient de signer à Londres. Est-ce que nous voulons pour nous et pour les autres le bonheur périssable des pubs ou le bonheur durable de Dieu ?
Choisir d’être chrétien, de vivre de Dieu c’est un risque. Se marier à l’église c’est un risque. Cela vaut le coup car même les épreuves peuvent y trouver un sens : « Heureux serez-vous car votre récompense sera grande » parce que si nous supportons les épreuves avec amour, si nous vivons unis au Christ qui souffre avec nous… alors au même cœur de notre épreuve notre cœur se prépare au bonheur infini.
Qui a envie d’être heureux ici ? qui a envie d’être aimé ? Dieu te demande donc de choisir : veux-tu être heureux profondément ? ou profiter juste du bonheur que te propose la pub ? Veux-tu le bonheur ou le bien-être ? Si tu veux le bien-être, un abonnement au Spa détente à Bois-le-Roi suffira ! « Heureux est l’homme qui se plait dans la loi du Seigneur et murmure sa loi jour et nuit » ! Personne ne peut choisir Dieu à ta place. Personne.
Parfois on vit notre vie chrétienne trop centré sur son petit nombril, on se demande si on en a besoin, si ça nous fait du bien, si l’église est décorée à notre goût… c’est un peu oublier que si la foi est un chemin de bonheur c’est qu’elle est une relation d’amour. Si je viens prier c’est que lui, le Seigneur, le veut, c’est que lui, Jésus, m’y invite et m’attends. Serai-je présent à ce rendez-vous d’amour ?
Alors oui, « heureux est l’homme qui met sa foi dans le Seigneur ». Je peux choisir la richesse et le confort, je peux choisir d’être repu maintenant, je peux choisir de me regarder le nombril. Ou je peux choisir d’ouvrir mon cœur à Dieu aujourd’hui et maintenant.
Heureux le chrétien qui prie maintenant, non pour que ça lui fasse du bien mais parce que le fiancé de son âme, le seigneur est là et qu’il l’attend.
Heureux le chrétien qui désire au fond de son cœur un bonheur plus grand et plus durable : le bonheur du ciel.
Heureux le chrétien qui a compris que l’évangile était pour lui comme les poteaux indicateurs du chemin du ciel qui l’aiderait à montrer vers le ciel.
Heureux le chrétien qui décide, de toute sa volonté de choisir la vie avec Dieu, qui met sa confiance dans le Seigneur malgré fatigues et contradictions.
Heureux le chrétien qui sait qu’il est trop faible pour avancer tout seul et qui compte sur Dieu pour le parfaire, pour le perfectionner, pour l’accompagner.
Heureux les fiancés qui ont compris que le mariage n’était pas simplement leur petit bonheur personnel mais bien une relation d’alliance où Dieu a tout sa place.
« Heureux l’homme qui met sa foi dans le Seigneur, il est comme un arbre planté près d’un ruisseau qui donne son fruit en son temps et jamais son feuillage ne meurt ; tout ce qu’il entreprend réussira. »
Amen.