Y a d’la joie !

« Y a d’la joie ! Bonjour, bonjour les hirondelles, y a de la joie dans le ciel par dessus le toit,  Y a d’la joie ! Et du soleil dans les ruelles, y a d’la joie ! Partout y a d’la joie » ! Chantait Charles Trenet en … 1937.  Et le moins que l’on puisse dire c’est que toute la liturgie de ce dimanche en est tinté : puisque si vous avez été attentif vous avez dû entendre au moins 11 fois le mot joie depuis le début de cette messe. La joie est tellement présente dans ce dimanche de Gaudete, que le violet traditionnel de l’avent s’est remplie déjà de quelques touches de la joie de Noël au point de virer au rose. 

Est-ce possible d’être joyeux dans ce monde ? 

Là, si vous êtes des gens normaux dans le monde, vous me dites : attendez mon Père, Gilet Jaune, Attentat de Strasbourg, grêve à la RATP, relatif échec de la Cop 24, défaite de Monaco au foot, froid de canard et facture à payer … franchement on a vu mieux au niveau de la joie. Et puis de toute façon les chrétiens c’est toujours pareil : ils disent qu’il faut être joyeux, mais ils ont tous une mine d’enterrement, même le pape François l’a dit j’crois. « ils ont des têtes de Carême sans Pâques ». Et pourtant à l’unisson les lectures du jour nous invitent à la joie… y aurait-il tromperie sur la marchandise ? 

Encore faudrait il savoir ce qu’est la joie. Est-ce simplement une excitation hystérique au concert de mon chanteur préféré ou à l’annonce des résultats du Quinté + ou du loto ? 

Menons donc l’enquête dans la liturgie de ce jour pour discerner les signes de la vraie joie chrétienne. 

La joie divine et la joie de Dieu 

La première chose que nous pouvons remarquer c’est que, dans les lectures d’aujourd’hui, cette joie est toujours liée à la venue du Seigneur. Par exemple, dans la première lecture, «Pousse des cris de joie, fille de Sion!  Le Seigneur est en toi». S. Paul aussi dit «Soyez dans la joie!» parce que le Seigneur est proche. C’est parce que le Seigneur est là (ou parce qu’il va arriver) que le prophète et S. Paul se réjouissent. Un peu comme nous nous réjouissons de la venue d’un ami. Plus l’affection qui nous uni est grande et plus la joie des retrouvailles est intense. Souvent sur les quais des gares j’ai pu admirer la joie des amoureux qui se retrouve après une longue attente. Où l’épouse attend son mari sur le quai de la gare et où son visage s’illumine lorsque le train entre en gare. Ce temps de l’avent, c’est un temps pour désirer plus ardemment la venue du Sauveur. Le train de la grâce divine entre en gare… mais c’est à nous d’être à l’heure sur le quai. 

Mais il y a encore un peu plus que cela: leur joie n’est pas seulement une joie humaine causée par la présence de Dieu, mais leur joie est une joie divine. Dans la première lecture, Sophonie nous dit: «Dieu aura en toi sa joie». Par la puissance de sa grâce Dieu vient déverser dans nos cœurs quelque chose de la joie qu’il possède en plénitude. Je suis certain que vous avez tous en mémoire un moment extraordinaire de votre vie : un souvenir qui reste à jamais graver dans votre mémoire, un souvenir tellement puissant et heureux qu’il vous permettrait de créer un Patronus si vous étiez Harry Potter. Et bien dites vous que ce n’est rien à coté de ce que nous vivrons dans la vie éternelle. « Votre joie nul ne la ravira ». Notre joie chrétienne, c’est de vivre pleinement de la joie de Dieu, car seul Dieu peut combler véritablement et pleinement les désirs de nos cœurs. 

Mais la vie éternelle est déjà commencé sur cette terre, au point que si nous ouvrons vraiment notre cœur à lui nous pouvons être la joie de Dieu. Comme des enfants aimant sont la joie de leur parent, nous pouvons être la joie de Dieu. Dieu se réjouit en nous regardant. Oui frères et sœurs bien aimés n’ayons pas peur d’imaginer le Seigneur, dans la gloire du ciel se réjouir profondément de nous voir vivre plus intensément à l’approche de Noël de la vie chrétienne. Chrétiens, mes amis vous êtes la joie de Dieu ! Dieu se réjouit profondément de vous voir ici ce matin lui donner votre vie, de prier et le louer.

La puissance de la gratitude

En ce dimanche l’Évangile nous ouvre une piste pour gouter à la vraie joie de Noël. Je l’appellerai la puissance de la gratitude. Par trois fois on demande à Jean-Baptiste ce qu’il faut faire pour se convertir, pour changer sa vie, pour préparer la venue de celui qui doit venir. Et par trois fois Jean-Baptiste répond qu’il faut se contenter de ce que nous avons et cela au-delà de la simple condition financière. En bon français râleur, proche de Louis de Funès, je sais qu’il n’est facile de vivre la gratitude. Alors en ce dimanche de la joie j’aimerai vous proposer deux exercice spirituels pour grandir dans la gratitude et nous ouvrir à la joie selon le commandement de Saint Paul dans la 2èmelecture : « je le redis : soyez dans la joie.
Que votre bienveillance soit connue de tous les hommes. »

D’abord un exercice de don : dire merci. Nous savons si peu dire merci dans nos familles ou nos communautés. Féliciter, encourager, bénir, c’est à dire dire du bien. Nous savons combien un jeune homme est valorisé lorsque son père, assistant à son match de rugby lui dit à l’issue : « mon fils, tu m’as impressionné dans telle action, bravo ». Où encore lorsque rentrant à la maison après un long trajet le père de famille se tourne vers son épouse en lui disant : merci de t’être occupé des enfants et d’avoir mis le couvert. Valorisé par le compliment l’autre personne éprouvera une vraie joie. 

Ensuite un exercice d’accueil. Vous croisez votre patron à la machine à café et il vous dit droit dans les yeux : « J’apprécié particulièrement chez vous vos dossiers qui sont toujours clairs et bien documentés. Merci ». Revenu dans votre bureau, plutôt que de reprendre votre travail aussitôt arrêtez-vous un instant. Goûter la joie que vous éprouvez pour ce compliment inattendu. Considérez le dans la gratuité et la sincérité. Apprenons à accueillir sans arrière-pensée, la gratitude qui viens des autres. La recevant pour nous même nous goûterons à la joie de la donner de la transmettre. 

La joie du don, entraine la joie de donner

Car la joie de Dieu, c’est aussi celle de nous donner la vie. Et je crois qu’en ce dimanche, à l’approche de Noël, il nous faut entendre cette parole des actes de Apôtres : « il y a plus de joie à donner qu’à recevoir ». Pour illustrer cela, j’aimerai vous rapporter cette petite histoire qui s’est passé en 2009 à Philadelphie. La scène se passe dans un restaurant où deux amis déjeune ensemble. Au moment de régler l’addition la serveuse leur indique que le couple qui vient de partir a payé pour eux. Bouleversé par ce geste ils décident d’en faire autant de régler pour les clients d’une autre table. La serveuse, les larmes aux yeux racontera que cela a entrainer une épidémie de générosité qui a durée pendant près de 5h. Non seulement les personnes payaient pour d’autres, mais elles ne s’inquiétaient pas du prix et ajoutaient souvent un généreux pourboire.

Tout à l’heure dans l’oraison d’ouverture nous demandions au Seigneur de « diriger notre joie, vers la joie d’un si grand mystère ». Je vous propose que nous puissions demander au Seigneur, en cette messe d’ouvrir nos cœurs à la joie de sa venue, en entrant davantage dans la puissance de la gratitude, et dans la joie du don gratuit.

Oui Seigneur, tu es ma joie et mon espérance. Donne-moi la joie de donner ma vie par amour. Donne-moi la joie d’éprouver la puissance de la gratitude pour tous les bienfaits que tu fais dans ma vie par mes proches.

Amen