Maintenant, Seigneur !
En ce jour où nous accompagnons de notre prière notre frère Etienne et où nous venons d’entendre un évangile qui ne se trouve pas habituellement pour une telle célébration, il nous faut, il me semble, vivre 3 choses : entendre un cri d’abord, contempler une rencontre ensuite, forger une équipe enfin.
Un cri ! Maintenant Seigneur !
Lorsque Joseph et Marie sont montés au Temple avec leur petit nouveau né d’à peine quelques semaines, ils ne se doutaient pas de ce qui pourrait leur arriver dans ce lieu saint. L’Evangile est très pudique sur le rite de la présentation de l’enfant, il nous met cependant devant les yeux, un veillard, poussé par l’Esprit Saint. L’Etrange Syméon. Il est étonnant Symeon car on sait peu de chose sur lui, il n’est jamais question de sa famille, finalement seul contre son rapport au Père qu’il bénit, au Fils qu’il reçoit dans ses bras et au Saint Esprit qui le pousse à venir. En un instant il a reconnu que toute son attente, toute son espérance ne pouvait être comblé que par la venu du Sauveur véritable. Que les attentes bien humaines, d’une vie familiale comblée, n’étaient finalement rien en comparaison de ce que le Seigneur peut nous donner. Syméon se rend au temple, comment ne pas comparer son attitude à celle d’Etienne que nous accompagnons jusqu’à la maison du Père en ce jour. Il déclarait juste avant de partir à la messe dans cette Eglise dimanche dernier à vous Valentine, : « je vais faire une petite prière, j’en ressens le besoin ». D’un certaine manière il était poussé par l’Esprit Saint, l’Esprit qu’il a recu au jour de son baptême, l’Esprit qui fait de lui un Fils de Dieu. Je pense que cela peut nous interroger à notre tour aujourd’hui. Comment parvenons nous à répondre à ces appels de l’Esprit Saint. Serions nous capable à notre tour, à l’exemple de Syméon de répondre à l’appel de l’Esprit qui nous pousse à une plus grande intériorité. Serions capable de dire à notre tour : « je vais prier, car c’est important pour moi » et de le faire. A 10 ans, à 20 ans, à 50 ans, à 75 ans cet appel peut ressentir en notre cœur. C’est le cri du Seigneur qui nous dis « viens, suis moi ». C’est le cri que nous entendons en ce jour de notre douleur aussi alors qu’il nous faut nous séparer de celui que nous aimions et sans qui notre vie ne sera nécessairement plus tout à fait comme avant. Et pourtant avec ce cri de Syméon « Maintenant Seigneur », tu nous appelle à la vie ! Maintenant Seigneur tu nous appelle à la vie avec toi ! Maintenant Seigneur tu nous appelle à croire qu’au délà de la mort, qu’au délà du péché, il y a une vie juste, belle et grande, une joie que rien ne peut nous ravir.
Une rencontre !
Mais au juste qu’est-ce qui a comblé Syméon ? Etait ce simplement de rencontre un nouveau né à peine plus jeune que l’arrière petite fille d’Etienne devant laquelle il était attendrit. Non, mais c’est qu’au delà des yeux de la chair, Syméon avait reconnu dans ce petit bébé le Sauveur attendu. Il ne pouvait mourir sans d’abord rencontrer le Christ. Si nous confions aujourd’hui Etienne à la miséricorde de Dieu, c’est pour qu’il puisse vivre cette rencontre véritable dans lequel se trouve le sens premier de notre vie. Saint Augustin a cette belle phrase : « tu nous as fait pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en toi ». La tradition de l’Eglise aime aussi à parler d’un pèlerinage sur le terre pour évoquer notre vie terrestre. En effet, le but d’un pèlerinage n’est pas tellement de marcher pour marcher, comme on irait de Paris à Chartres le plus rapidement possible simplement pour un exploit sportif mais bien de rencontrer Dieu dans un amour renouvelé. Cette rencontre Etienne l’a déjà vécu de nombreuses fois. D’abord par son baptême, et tous les symboles liturgiques de cette messe y font référence comme l’eau bénite ou le cierge allumé au cierge pascal ; mais aussi le sacrement des malades qu’il avait recu il y a un peu plus de 2 mois, mais surtout chacune de ses communions lorsqu’il venait à la messe dans cette église le dimanche ou à l’occasion d’événement familiaux comme les confirmations de ses petits enfants il y a quelques années. En réalité chacune de ses communions l’ont préparé, chacune de nos communions nous prépare à une communion plus grande encore. Dans un instant juste avant la communion je vous présenterai l’hostie, le corps du Christ en disant : « heureux les invités aux festins des noces de l’Agneau ». Les noces de l’Agneau c’est la célébration de l’Eucharistie, mais c’est ultimement la vie avec Dieu à laquelle nous sommes appelés. C’est notre Espérance en ce jour, que notre frère Etienne vive d’une communion permanente. Peut être vous souvenez vous d’un moment magique, une marche en montagne avec l’Eau Vive, un coucher de soleil sur la mer à Royan, la joie d’une naissance ou d’un baptême. Bref autant de moments où l’on se dit « j’aimerai que cela dure toujours ». Et bien notre Espérance est là : ces moment d’instance joie sur la terre ne sont rien, rien à coté du bonheur sans nom que nous sommes appelés à vivre dans la communion d’amour avec Dieu. Si nous prions pour Etienne aujourd’hui, c’est pour qu’il se hâte d’entrer dans ce bonheur durable pour qu’il puisse, comme Syméon rencontrer son Sauveur dans la lumière.
Une équipe !
Il me semble que votre grand père, cher Gauthier, Thibault, Ghislain, Henri, Brune, Constance et Solène était un grand sportif ou tout au moins, dans ces dernières années un grand amateur de sport. Je crois que les commentaires de match de Rugby ont pu alimenter les conversations de la table familiale …. Peut être plus avec les garçons que les filles. Une chose est sûre en tout cas il s’agit d’un transfert : Etienne vient d’être transférer dans une équipe meilleure encore, il passe de la Fédéral 3 au Top 14 ! Il passe de l’église de la terre à l’Eglise du Ciel. Car le petit enfant de l’Evangile est devenu le Maitre véritable, le seul entraineur qui en vaille la peine, celui qui conduit à la victoire assuré.
Et comme dans tout transfert il y a une séparation douloureuse. Nous qui constituons l’équipe de la terre, avons le droit de crier vers le Ciel notre douleur. Notre souffrance de la séparation, toujours trop brutale, et même à un âge avancé toujours douloureuse. Il ne faudrait pas la nier. Et en ce jour nous avons le droit de pleurer, comme Jésus a pleuré son ami Lazare. Mais au fond de nos larmes, nous savons que le chemin d’Etienne est le bon. Il a eu une promotion, il a réjouis la seule équipe qui gagne a tous les coups : « Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité, de même nous le croyons aussi, ceux qui se sont endormis Dieu, par Jésus les emmènera avec lui. » entendions nous dans la 2nd lecture.
Et comme dans tout championnat qui se respecte (Guillaume, les garçons vous me corrigerez si je me trompe… je suis moins spécialiste que vous du Rugby français), il existe des rencontre inter divisions. Des match amicaux. Les liens entre ces deux niveaux là. Et bien pour nous aussi ! Depuis que le Christ, ressuscité des morts a ouvert pour nous les écluses du ciel, depuis que par le grâce des sacrements nous pouvons communion à l’amour du Seigneur pour nous, depuis que le Christ nous a appris à dire « Notre Père », nous pouvons nous unir aussi à ceux qui nous précède. En priant aujourd’hui, nous nous unissons au Christ, auquel notre frère Etienne est uni. Dans la communion des saints, nous vivons déjà d’un même mystère, nous communion à un même amour.
Entendons pour nous même en ce matin ce cri de Syméon au Seigneur : Maintenant Seigneur ! Maintenant viens visiter nos cœurs, maintenant viens essuyer de nos yeux toute larmes, maintenant accueille en ta paix, ta joie et ta lumière ton fils Etienne qui vient de nous quitter. Seigneur, Dieu très bon, Accueille le sans tarder dans l’équipe véritable : celle du ciel où la joie de la victoire est sans fin et change nos cœurs pour nous préparer nous aussi à te rencontrer dans la prière et à te recevoir en cette eucharistie.
Amen.