Appelé, Consacré, Envoyé ! [St Rieul]
Il est une grâce pour nous que de célébrer en ce jour, de manière un peu exceptionel la mémoire de St Rieul, évangélisateur et évêque de ce lieu où il m’a été donné de un certain nombre d’année comme enfant et adolescent. Les lectures de cette fête me donne l’occasion de méditer avec vous sur le mystère du sacerdoce.
Prêtre appelé !
Le prêtre est tout d’abord un homme appelé par Dieu, mis à part pour un service particulier. Il est celui que le « maitre de la moisson a appelé » pour servir. Il est celui qui a entendu dans son cœur cette parole de St Jean que nous entendions à l’Alleluia : « je vous ai choisis du milieu du monde afin que vous alliez que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure ». L’initiative vient d’abord de Dieu. Mais je peux vous en témoigner Dieu n’agit pas avec nous à la manière de la Vierge Marie par l’apparition d’un ange. Pour ma part, et j’aimerai en rendre grâce avec vous en ce jour, le Seigneur a déposé au milieu de mon lycée comme un premier désir fortifié petit à petit par la grâce de l’amitié fidèle de certains prêtres et séminaristes. Le prêtre c’est donc d’abord celui qui est interpelé dans sa propre existence par Dieu lui même. Un peu comme un jeune serait interpelé dans son cœur par la beauté d’une demoiselle rencontré lors d’une soirée. Dieu vient frapper à la porte du cœur et lui dit « regarde les foules sans berger, regarde ces jeunes autour de toi qui sont perdu sans vie chrétienne… ne veux tu pas devenir leur berger ? ». Par cette question parfois discrete ou éclatante le Christ convoque une liberté : que veux tu faire de ta vie ?
Mes parents et sœurs pourraient en témoigner, mon adolescence n’aura pas été un grand moment de don de moi même. J’étais sans doute un adolescent plus tourné vers mon nombril que vers les autres. Cette question intérieure qui a commencé à raisonner dans mon âme l’année de ma confirmation, en 2003, a petit a petit changé ma vie de l’intérieur. Etre prêtre c’est donc d’abord se laissé interpeler par le Seigneur, ouvrir son cœur pour dire à Jésus « non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ».
En ce soir nous pouvons faire cet examen de conscience : est-ce que notre manière de parler des prêtre, d’aimer les prêtres, d’éduquer nos enfants ou petits enfants peut être un climat adéquat pour entendre cet appel ? Ou bien la mondanité et les plans de carrière brouille-t-ils un peu le réseau au point de ne pas laisser une qualité de connexion suffisante pour que la parole de Dieu passe ?
Prêtre consacré pour un peuple particulier
Le prêtre est ensuite un homme consacré. La vocation de tout homme est de donner sa vie. C’est le Christ qui nous offre le véritable modèle d’homme lui qui a donné toute sa vie sur la Croix. A sa suite, le jeune époux se donne à son épouse, sans rien attendre en retour. Le prêtre lui, au jour de son ordination s’est donné totalement. Au jour de mon ordination diaconale il y a maintenant un an j’avais choisi comme devise, cette phrase du rituel du mariage appliqué pour moi à ma consacréation : « Seigneur, je me donne à toi pour t’aimer fidèlement tout au long de ma vie ». « Je me donne à toi ». Comme prêtre je suis consacré tout entier à Dieu pour le service de l’Evangile. Cette phrase de la règle de St Benoit peut nous aider à mieux comprendre le sens profond du célibat sacerdotal : « Ne rien préférer à l’amour du Christ ». Le prêtre en ne choisissant de vivre que pour Dieu, renoncer à une vie de famille ordinaire, renoncer à vivre la vie du monde ordinaire, mais pour être le signe de ce que nous serons appelé à vivre plus tard. Un jour, quand nous serons mort, quand nous vivrons pleinement avec Dieu il ne sera plus question de mariage, il ne sera question que de vivre avec Dieu pleinement, entièrement. Et cette vie avec Dieu, sera la joie la plus grande et la plus comblante.
Mais cette consécration du prêtre n’est pas une vie solitaire centré sur soi : elle est une donation. Paul nous l’évoque à demi mot dans la première lecture : ce qui donne du sens à la vie de Paul ce n’est pas de vivre pour son petit Jésus tout seul dans son petit coin mais d’annoncer l’Evangile. Etre prêtre c’est donc être mis à part, consacré pour un peuple particulier. Dans ma propre vie, alors que j’étais étudiant en informatique à Paris, à travers les prêtres que j’ai pu rencontrer la bas j’ai découvert combien l’Eglise pouvait être une épouse fidèle à aimer et à servir et j’y ai puisé une vraie joie. Ainsi, quand une communauté célèbre la beauté de son Seigneur, quand elle prend le temps et le talent d’offrir à son Seigneur ses plus beaux chants, ses plus nobles sentiments, son agenouillement et son désistement, elle devient ce qu’elle est : la plus belle des femmes. Quand malgré nos douleurs ou nos contradictions personnelles, chacun d’entre nous cherche de tout son cœur à adhérer au Christ, notre communauté exprime et s’imprime de la splendeur du Père. Quand chacun de nous lave son vêtement dans le sang de l’Agneau, notre communauté se revêt d’un lin d’une blancheur éclatante. Elle devient attrayante, elle devient belle car de Jésus elle devient sienne.
Ainsi donc, que faisons nous pour rendre la communauté de l’Eglise épouse plus belle et plus attrayante pour nos prêtres ? Un prêtre s’use quand il ne s’use pas. Alors confessons nous souvent, assistons à la messe le dimanche oui mais pourquoi pas en semaine si nos obligations nous le permette. Prions certainement pour faire de nous même une éternelle offrande à Dieu.
Prêtre envoyé pour annoncer l’Evangile
Le prêtre enfin est un homme envoyé pour annoncé l’Evangile. Saint Paul interpelé sur le chemin de Damas le ressent vivement : « Si j’annonce l’Evangile je n’ai pas à m’en vanter c’est une nécessité qui s’impose à moi : malheur à moi si je n’annonçais pas l’Evangile ». Un cœur de prêtre souffre de ne pas voir le monde Evangéliser comme un cœur de chrétien devrait souffrir de cela. Le prêtre dépense son énergie pour annoncer l’Evangile à temps et à contre temps. C’est le sens de sa vie : annoncer une bonne nouvelle qu’il a lui même reconnu. Demandez à ma famille, ils connaissent tous mes défauts, ils savent bien que Dieu n’appelle pas les meilleurs, mais être prêtre c’est annoncer la miséricorde que l’on a soit même reçu, c’est dispenser les sacrements dont on vit soit même. Cette mission d’annonce de l’Evangile le prêtre la reçoit du Christ via son evêque. Je ne choisis pas où j’exerce ma mission, je reçois de Dieu le champ à labourer pour faire grandir le peuple de Dieu. Pour ma part, ce ne sera pas à Senlis ou dans l’Oise, ni même à Paris dans un premier temps mais à Melun où mon évêque m’envoi aider le diocèse de Meaux pour quelques temps.
Cependant il ne faudrait pas que cette Evangélisation soit reservé au prêtre… où il serait un peu facile pour les gentils chrétien d’aller à la messe et de reléguer à d’autre la tâche de l’annonce de l’Evangile. Sans l’audace de St Rieul cette ville de Senlis serait resté paienne. Sans l’audance de certains séminaristes zélés je ne serai pas ici entrain de célébrer la messe. En ce jour béni, où je veux rendre grâce pour ces années senlisiennes, j’aimerai vous demander à tous : que faites vous pour annoncer l’Evangile autour de vous ? à la boulangerie ? au travail ? au lycée St Vincent ?
Que l’intercession de St Rieul nous aide à avoir une attitude qui favorise l’appel de Dieu, change notre cœur pour que la communauté que nous formons deviennent plus resplandissante de la grâce de Dieu, et que nous ayons l’audace d’être chaque jour de fidèles Evangélisateurs !