En veille ?
L’Evangile nous inviter à « veiller » … faisons un petit sondage à la sortie de la messe sur le sens de ce mot :
Alors vous jeune homme : bon alors l’Evangile a dit qu’il fallait se mettre en veille du coup, hop, je mets mon pyjama, et je me mets en mode « veille prolongée » dans mon lit jusqu’au jour de Noël. Et les parents ne pourront pas me dire que je dois me lever… De toute façon il fait froid, il pleut bref… je ne perds rien et avec un peu de chance j’aurai le temps de me faire l’intégral des StarWars d’ici la sortie du 8…
– C’est un peu comme quand l’ordinateur est en veille, il ne fait rien… et il arrive que pendant notre Avent nous ne fassions rien.
Et vous mademoiselle qu’est-ce que veiller veut dire pour vous ? Ah ah la veillée au coin du feu… quand j’étais chez les scouts : les chants, les amis… et puis surtout, il fallait se coucher le plus tard possible. Maintenant c’est plutôt les soirées entre copains ou en famille, on est content d’être ensemble, on est joyeux.
– Il arrive que notre Avent soit cela : on est contents d’être ensemble, on s’occupe de soi. Mais ce n’est pas encore le sens de l’Avent.
Personne suivante s’il vous plait : Moi, monsieur le curé, je veille. Le soir, au clair de lune, je suis à l’accueil de l’hôtel et j’attends l’arrivée des clients. Je ne dors jamais la nuit mais du coup je suis sûr de faire mon travail. Je ne fais pas grand-chose c’est vrai, mais je suis là et je suis prêt à accueillir celui qui arrive.
– C’est déjà pas mal, mais le risque c’est de voir l’Avent juste comme l’attente de Noël : plus que 24 jours avant de revoir mon petit-fils, plus que 12 jours et je pourrai tester ma nouvelle perceuse à percussion pour faire du bricolage à la maison.
Et vous madame : moi quand je dis veiller, je pense à : j’y veillerai j’y penserai. « Je vais veiller à préparer la chambre pour mon neveu qui arrive ». Bref, je vais m’occuper de ces choses-là.
– C’est cela le véritable sens de l’Avent : je vais m’occuper des affaires du Seigneur. Je vais le mettre dans mes préoccupations.
Pourquoi veiller pendant l’Avent ?
On peut légitiment se demander pourquoi est-ce que 2000 ans après on continue à attendre le Christ. Après tout c’est vrai, il est né bon dans la crèche à Bethléem, la paille, les bergers et compagnie, on peut peut- être zapper la phase attente et arriver directement à « Il est né le divin enfant… », hop foie gras, confettis et cadeaux. Etape suivante.
Lorsque Jésus nous demande de veiller, il nous demande de nous mettre à la fenêtre pour guetter. Pour le guetter. Car si Jésus est venu un jour du temps, nous professons qu’il reviendra dans la gloire. Etre en Avent, c’est donc se rappeler que, un jour, Jésus « reviendra dans la gloire pour Juger les vivants et les morts » et c’est aussi se rappeler que Jésus vient chaque jour dans nos vies.
Il est une chanson de Reggae qui évoque bien cette attitude de l’Avent, « Moi je me bats pour devenir guetteur, attendre l’heure, la lueur. Moi je me bats pour devenir guetteur, attendre la lueur, mon sauveur ».
Il s’agit donc pour nous de guetter quelque chose. Pas simplement d’attendre que le Christ revienne avec des signes prodigieux, comme dans les films catastrophes comme Apocalypse Now ou Armagedon, non mais plutôt de guetter la lueur du Christ dans ma vie de chaque jour. Pendant ce temps de l’Avent, Jésus veut me parler, depuis mon baptême il allumé une bougie dans mon âme, et pendant ce temps de préparation il m’invite à regarder un peu cette lumière du Christ dans ma vie.
Pour guetter la lueur, il faut se battre contre la tentation
Mais pour guetter la lueur de cette petite flamme d’amour, il faut écarter ce qui nous empêche de la voir : j’ai nommé la tentation. Vous le savez sans doute si vous avez écouté les médias ces dernier temps, mais tout à l’heure dans la prière du Notre Père nous allons dire « ne nous laisse pas entrer en tentation » au lieu de « ne nous soumets pas » à la tentation. Après 50 ans de bons et loyaux services la traduction « ne nous soumets pas » est rangée au placard… non sans avoir fait couler beaucoup d’encre…
Mais au fait c’est quoi la tentation ?
Etre tenté ce n’est pas pécher… enfin pas encore. La tentation, c’est la petite voix au fond de moi qui me dis « vas-y fais le… rien qu’une fois… personne en saura rien… hé si tu le faisais… ». Exemple simple : Avec des amis la discussion vient sur une personne que je n’aime pas beaucoup. L’idée me vient de dire du mal de cette personne aux autres et j’entends dans ma tête « vas-y, fais-le, de toute façon ce que tu vas dire est vrai, et il faut que les autres le sachent… » . Ca c’est la tentation. Le péché c’est quand effectivement je vais ouvrir la bouche et dire « vous savez monsieur bidule… il est comme-ci ou comme-ça… » Autrement dit, ce n’est pas parce que je ressens quelque chose dans mon cœur ou dans mon corps que je dois forcement suivre cette idée.
Etre un guetteur ou un veilleur, c’est donc être attentif pour débusquer ce petit message de l’ennemi, du malin qui veut que l’on se casse la figure. En effet, si vous remarquez bien quand on est tenté au départ c’est juste une information « tiens tu pourrais faire cela »… et petit à petit dans notre tête on se dit « oui ce serait pas mal, agréable, et puis de toute façon personne n’en saura rien »… et c’est précisément là que l’on « entre en tentation » quand on commence à se dire que ça va être bien.
Pendant ce temps de l’Avent il y a une vraie bataille à mener. Il ne s’agit pas d’être un smartphone en veille… Il faut être un gardien, un veilleur, comme un homme qui est sur le rempart et qui est prêt pour le moment où l’autre viendra. Chers amis, l’ennemi c’est le malin, le diable, le mauvais. Lui il veut que nous soyons triste, que nous nous enfoncions dans le péché, lui il veut nous tenter, il veut éteindre cette bougie de l’Avent qui est au fond de notre cœur depuis notre baptême et il ne veut surtout pas que nous soyons en mesure d’apercevoir la lueur du Sauveur qui vient. C’est donc contre lui qu’il faut batailler ! avec l’aide de Dieu !
Je vous propose, frères et sœurs bien aimés, que nous puissions demander au Seigneur la grâce d’être des guetteurs. Concrètement, dans un moment de silence, nous pourrions chacun choisir une tentation de notre quotidien et demander la grâce d’être un veilleur attentif pour la débusquer dans notre vie. Quand on sent qu’elle survient dans notre vie de tous les jours, hop, se pencher dans la prière sur la petite lueur du Seigneur pour la repousser. Le malin ne peut rien faire contre la force de la prière. Si pendant ce temps de l’Avent, je repousse l’ennemi au loin, je ferai de la place à Jésus dans mon cœur et j’en suis sûr je recevrai au jour de Noël une grâce spéciale pour ma joie et celle des autres. Amen !