Les portes du Ciel
Quelle drôle d’affaire, nous retrouver un mardi matin dans cet église de Loriol… Il nous est possible de voir ce 15 août de multiples manière : l’occasion de retrouvaille en famille autour d’un bon barbecue permis par le WE prolongé, le fameux pont ? L’ancienne fête nationale instituée par Louis XIII au 17ème siècle en remerciement de la naissance de Louis XIV ? Une occasion que les curés ont trouvé de nous obliger à revenir à la messe deux jours après le dimanche alors qu’on aurait bien dormi quelques heures de plus ? Ou bien encore une scène digne du Seigneur des Anneaux où une toute petite dame se trouve revêtu de Lumière et de Gloire ? En ce jour je crois qu’il est surtout question de portes !
Mis à la porte ?
Pour comprendre un peu le sens de la fête d’aujourd’hui, nul besoin d’aller fouiller dans les anales de nos cours d’histoire de 4ème, mais plutôt dans ceux de notre mémoire biblique. Souvenons nous, au debut de la Bible, dans le livre de la Genèse, une histoire bucolique de pomme (enfin la Bible ne nous parle jamais de Pomme), de serpent et d’arbre… à laquelle nous comprenons souvent pas grand chose. C’est en fait l’histoire d’une mise à la porte. L’homme et la femme, Adam et Eve pense que Dieu ne veut pas leur bien véritable, ils choisissent librement de dire non à Dieu. En posant cet acte symbolique de manger le fruit, l’homme et la femme disent simplement : entre Dieu et ma propre existence, je choisis ma propre existence et Dieu peut aller voir ailleur si j’y suis. C’est ce que nous faisons à chaque fois que nous faisons un péché : je dis à Dieu, tu peux aller te faire voir, je préfère ma propre vie. Et dès lors notre vie, et celle de nos premiers parents prend une orientation nouvelle, plus triste marqué par la mort, marqué par l’égoisme et le péché.
Et c’est notre quotidien : il nous est plus facile de faire le mal que de faire le bien, le mal ronge notre monde : il suffit d’allumer la télé ou de se connecter sur facebook pour en faire l’expérience.
Du coup Dieu avait pris les devant, puisque l’homme s’exclu de la vie divine, il ne falait pas le forcer, il était libre. La porte du ciel s’était alors fermée. Et pourtant déjà dès ces premiers pages de la Bible, était annoncé comme en filigrame l’annonce d’une femme nouvelle, d’une nouvelle Eve, qui renverserait l’ordre des choses. Cette femme c’est Marie, celle que l’on voit triompher du dragon dans la première lecture que nous venons d’entendre. Car avec Marie la porte s’est ouverte à nouveau.
La porte s’est ouverte
En fait en cette fête de l’Assomption nous anticipons ce que nous serons au terme. Marie, parce qu’elle a été préservé de ce péché « originel », a été capable d’entrer dans la plénitude du projet de Dieu. On se dit souvent : « franchement pour Marie c’était facile de dire oui à Dieu car elle était préservé du péché » « tu es bénie entre toutes les femmes »… c’était peut être plus facile que pour nous mais n’empêche qu’elle a dit oui. Au jour de l’annonciation, quand elle reçoit la visite de l’ange, elle nous offre le Sérurier, celui qui a le pouvoir d’ouvrir à nouveau les portes du ciel.
En cela la vie de Marie nous parait souvent extraordinaire, inaccessible, et il est vrai qu’à priori aucun d’autre nous n’aura à accueillir un ange pour recevoir un enfant.
En fait Marie est extraordinaire dans sa vie ordinaire . C’est ce que chante Sainte Thérèse de Lisieux : « j’ai choisi l’amour du Seigneur dans chaque chose ordinaire, alors je mettrai tant de cœur à la rendre extraordinaire ». En fait Marie ne s’est pas contenter d’accueillir la volonté de Dieu une fois dans sa vie lors de la visite de l’ange, mais elle l’a accomplie toute sa vie durant.
En faisant grandir humblement son fils, en vivant la vie de la famille la plus ordinaire : l’amour de la cuisine, les conversation au coin du feu, le rangement, aller chercher de l’eau… tous ces services partagé en famille ont été le quotidien de la Vierge Marie.
Ce qui la rend vraiment extraordinaire c’est qu’elle a accueilli au quotidien l’amour du Seigneur. C’est le sens de la fête d’aujourd’hui : il est une femme, humaine, de chair et d’os comme nous qui a déjà vécu pleinement une vie humaine en étant parfaitement uni à Dieu. Et cette femme qui est Marie entre dans le Ciel.
Autrement dit, le Christ, le Serrurier qui a ouvert à nouveau la porte refermé derrière Adam et Eve au commencement de l’histoire, accueille en ce jour sa Mère : la première à vivre de la ressurection jusqu’au bout. Je m’explique : Marie en étant préservé du péché des origines a vécu toute sa vie ordinaire uni au Christ. Ainsi donc, nous pouvons voir dans son entrée au ciel l’espérance de notre propre vie ! Un jour, quand nous serons mort, ce sera le jour de la rencontre. Nous serons conduit dans la salle du trône, avec le Roi, le Christ, et à sa droite sa mère, Marie. Et là ce que nous pouvons connaître de mieux sur la terre : vous savez ce moment d’exception, ce coucher de soleil sur le vercors, ce moment en famille ou cette rencontre amoureuse si forte… ne sera encore rien à coté de ce que nous serons appeler à vivre alors. Marie en ce jour nous montre une gloire, c’est à dire une joie rayonnante incomparable à ce que nous vivons sur la terre, que nous sommes appelés à partager. Une gloire que même Eve n’aurai jamais pu espérer dans la paradis des origines.
La grâce toque à la porte de mon cœur
On pourrait finalement se désespérer en disant que cette fête est bien inaccessible et pourtant je crois qu’il nous faut à notre tour ouvrir une porte. Celle de notre cœur.
En fait le Seigneur nous donne un Marie un exempe à suivre : il nous dit surtout qu’il est possible d’aller au Ciel. Marie est la preuve vivante que ma vie peut être entièrement tournée vers le ciel. Cette fête nous dit que pour celui qui accueille comme Marie la présence de Dieu en lui, l’avenir est tourné vers le ciel.
En ce matin du 15 aout, les fils de Marie vient nous demander : qu’as tu fais de Marie dans ta vie ? Est-ce que tu la prie de temps en temps ? Est-ce que tu accepte de la prendre comme un Mère ? Le Saint Pape Jean-Paul II lui qui avait perdu sa mère très jeune avait choisis de mettre toute sa vie sous la protection de Marie jusque dans sa devise de pape « Totus Tuus ». Je suis tout à toi Marie. Non qu’il serait mariolatre, mais qu’en honorant la Vierge Marie, nous entrons dans le plan de Dieu qui veut que chacun d’entre nous suive ce chemin de Marie jusqu’au jour où à notre tour nous serons appelés à entrer au Ciel.
En ce matin du 15 août, le Seigneur toque à ta porte et te demande : qu’as tu fais de Marie, ma Mère ? Elle est un rempart contre toute tentation : car le tentateur ne peut cohabiter dans une âme avec la Vierge Marie toute pure et toute belle. Un prêtre plus agé me disait un jour avec humour que chaque je vous salue Marie était un pétard envoyé au démon. L’expression n’est pas très théologique. Alors arme toi de l’épée la plus tranchante contre toute tentation et contre tout mal, la protection de la Vierge Marie si pure en gardant une image de Marie sur toi, une médaille ou un chapelet.
En ce matin du 15 août, la Vierge Marie toque à la porte de notre cœur, pour nous dire « suis moi ». « viens à la suite de mon fils, car moi sa mère, je suis devenu son disciple ». Ouvre ton cœur, accueille mon fils
En ce matin du 15 août, la joie touche notre cœur lorsque nous entendons les paroles de Marie : « Le puissant fait pour moi des merveilles, saint est son nom » ! Oui Seigneur
Sainte Marie, toi qui aujourd’hui nous montre le chemin du ciel, donne nous de goûter dès cette messe à la joie du ciel en communiant à l’amour de ton Fils !
Amen !