Soyez fort en attendant le jour du Seigneur
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Le jour du Seigneur
Le temps est à l’Apocalypse, l’Évangile d’aujourd’hui c’est un peu stupeur et tremblement. Lorsque je l’entends, je ne peux que penser à la description que le cinéma nous offre d’une forme d’Apocalypse dans des films comme Docteur Folamour (1964), Terminator Independance Day (1996), ou plus récemment, et mieux connu des jeunes : le dernier Hunger Games. Dans ces films, la guerre fait rage, il devient difficile de discerner quelles sont les intentions des différents personnages, le monde est en proie à une violence réelle et l’espérance semble avoir laissé place à un immense chao où seule la mort peut avoir son mot à dire. Si dans le cadre du cinéma de tels scénarios offre une distraction plaisante pour un dimanche soir, comment ne pas trembler en entendant dans la bouche du Christ ces paroles terribles « on se dressera nation contre nation » « il n’en restera pas pierre sur pierre, tout sera détruit ». Cela peut être d’autant plus déroutant pour nous dans le contexte du monde d’aujourd’hui, des attentats de Paris, Bruxelles et Nice.
Ces tragédies que nous vivons sur la terre, où le cœur de l’homme est obscurci par le péché, les apôtres et les disciples des premiers temps en ont vécu. [Le temple de Pierre, dont Jésus parle dans l’Evangile, un bâtiment magnifique dont nous avons du mal à imaginer la taille et la beauté, sera détruit seulement quelques dizaines d’années après la mort du Christ. Il n’en reste aujourd’hui quasi rien si ce n’est le mur des « Lamentations » que nous pouvons voir lorsque nous allons à Jérusalem. Ces tragédies d’hier et d’aujourd’hui] le journal TV en est rempli. Elles nous font sentir combien notre vie est fragile, combien notre passage sur la terre peut être précaire, combien notre vie ne tient qu’à un fil. Et pourtant… ces événements ne sont pas le Jour du Seigneur promis par Malachie, mais une forme de prélude.
Le jour du Seigneur, dont nous parle Malachie est en réalité la véritable épreuve de nos vies. Un jour, au terme, quand nous serons mort, nous serons conduits nu face à Dieu et nous serons appelés à rendre compte de ce que fut notre vie. Nous associons trop souvent cette vision du jugement à un procès d’assise face à un juge implacable, où pour les plus jeunes à un conseil de discipline qui ne viserait qu’à exclure le jeune de son lycée. Le jour du Seigneur, cette rencontre brûlante et dévorante avec le Seigneur est d’abord une œuvre de vérité. Devant Dieu, je ne peux pas cacher ma petite vie, je n’ai plus de de beau vêtement , de belles voitures, un téléphone dernière génération ou la liste de mes bonnes œuvres dans la paroisse, je suis devant lui nu et pauvre. Ce jour-là le Seigneur braquera sa lumière sur nous : il fera la vérité pour faire apparaître aussi bien les pleins que les vides. Vous savez lorsque vous braquez une lampe sur une surface un peu rugueuse, vous percevez d’une manière nouvelle les aspérités. Je crois qu’en ce jour là nous découvrirons aussi bien les creux que les pleins insoupçonnés de nos vies.
Mais surtout rappelons-nous que cette lumière est jetée non par un inspecteur chargé de remplir un dossier d’accusation, mais par un Dieu qui nous aime et veut « que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Tm 2,4).
C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie
En attendant ce jour du Seigneur, nous sommes confronté aux évènemnts du mondes ils se présentent à nous et dont l’Evangile nous parle de manière un peu effrayante auourd’hui. Face à eux nous pouvons être tenté d’au moins 2 manières :
La première tentation c’est de croire que c’était mieux avant. Que nous sommes quand même dans une époque où rien ne va plus. C’est la tentation du catastrophisme. Nous rêvons d’un univers harmonieux où tout le monde serait d’accord avec les préceptes de l’Évangile. Comme hélas il n’existe pas autour de nous, nous imaginons que cet idéal a existé par le passé. Mais quand nous regardons l’histoire de l’Église, de l’Ascension du Seigneur à aujourd’hui, nous sommes bien loin d’un équilibre parfait entre la société et l’Evangile. Nous constatons plutôt qu’il s’agit d’une lutte continuel entre les deux. Allant de la lapidation d’Etienne, jusqu’aux témoignages des martyrs de notre temps, tués à cause de leur fidélité à l’Évangile. « On vous traduira devant les tribunaux, on vous mettre à mort et en faisant cela on croira servir Dieu » (Lc 21, 12). Voici le climat et la situation réels dans lesquels nous sommes appelés à vivre notre fidélité quotidienne à Dieu ! Du coup, dans cette situation nous nous raidissons, nous nous enfermons sur nous même, nous fermons la porte de notre cœur, convaincu que nous sommes les derniers des Moicans et qu’autour de nous le monde court à sa perte, qu’il faut donc s’en protéger … avouons-le c’est parfois un peu notre tentation. Dans l’Évangile d’aujourd’hui le Seigneur pourtant ne commande pas à ses disciples de fuir les tribulations ou de rester enfermé en petit club catho…
La deuxième tentation, qui nous guette aussi par moment, c’est de nous laisser décourager dès que nos convictions sont ébranlés par une majorité ou une minorité autour de nous. Allons-nous baisser les bras en disant : « Puisque personne n’est d’accord, je ne vais pas changer le monde à moi tout seul, et je préfère me mettre d’accord avec les autres puisque qu’ils ne veulent pas se mettre d’accord avec moi » ? Pour échapper à cette hostilité ou cette indifférence à l’Évangile, allons-nous peu à peu intérioriser notre foi et nous habituer à vivre une vie comme si le Christ n’était jamais venu ? Je deviens un chrétien « sous marin » (c’est une expression mieux adaptée à la vie toulonnaise que parisienne) voulez-vous devenir de bons citoyens, un bon collégien lambda, un bon salarié sans histoire, comme les autres, sans problème et sans question, qui se réunissent de temps en temps dans une église pour faire des dévotions qui leur permettent d’exprimer leur foi pourvu que personne ne le sache, pourvu qu’en vous voyant sortir de votre maison le dimanche matin, vos voisins croient que vous allez faire votre marché ? C’est peut-être ce qui nous plairait parfois, mais ce n’est pas ainsi que l’Évangile porte du fruit.
Entre ces deux tentations, sur une ligne de crête, se situe la vie avec le Seigneur.
Avons nous suffisamment confiance en lui pour croire que « Rien n’est impossible à Dieu » . L’Évangile se réalise si nous sommes fidèles à la Parole du Christ, si nous ne vivons pas dans la crainte d’être submergé par l’adversité, ni dans l’idée que l’indifférence ambiante (voire même l’hostilité) devienne plus forte que notre foi, ou que quelques groupes fanatiques et fanatisés puissent venir détruire ce que nous avons construit.
Voilà la véritable épreuve de la foi. Avons-nous vraiment confiance en cette parole que Dieu prononce pour nous comme il l’a prononcé jadis pour ses disciples ? Croyons-nous vraiment que la puissance de l’amour de Dieu, à l’œuvre à travers l’histoire des hommes, sera plus forte et finira par l’emporter ? Croyons nous vraiment que malgré nos faiblesses et nos péchés, malgré nos difficultés à aimer, le Seigneur peut et veut faire de nous les saints du XXIème siècle ?
Viens Esprit de Force !
Oui, Frères et sœurs bien aimés, les lectures de ce jours nous redisent combien la « vie n’est pas un long fleuve tranquille ». Combien il faut un certain courage pour être chrétien. Oui c’est vrai et j’aime le redire aux jeunes chrétiens que je vois : il faut être fort, de la vertu de force, pour être un jeune ou un moins jeune chrétien dans le monde d’aujourd’hui : en école de commerce, dans le monde la finance, dans la famille… tant les oppositions ou les tentations sont fortes.
Pensez-vous que les apôtres aient vécu des années tendres et douces au soleil de Toulon ? Je ne pense pas que St Etienne, au moment de sa lapidation se pensait au Club Med ou en thalasso ! Ne nous en étonnons pas, le Christ non plus n’est pas né dans le monde des bisounours et ne s’est pas endormi dans l’herbe fraîche du printemps… il est né rejeté de tous dans une étable et est mort crucifié … Pourquoi en serait-il autrement pour nous ?
Il nous faut donc ne pas nous désespérer, car le Seigneur ne nous laisse pas seuls. « Je vous enverrai un autre défenseur » promet-il à ses apôtres la veille de sa passion. « C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront
ni résister ni s’opposer. » nous dit il aujourd’hui. C’est précisément l’Esprit saint qui fait grandir en nous la vertu de force dont nous avons tant besoin.
Mais attention lorsque l’on parle de vertu de Force, vient tout de suite dans notre Esprit l’image du héros de Terminator, grand musclé et armé qui en impose. (Là-dessus de mon côté avec mes 1,70 m j’aurai du mal à rivaliser) : vous savez le plus fort de la classe ? La force comme vertu est d’abord un don de Dieu à cultiver. C’est ce que St Paul ou sainte Thérèse avaient bien compris : c’est lorsque que je suis faible c’est alors que je suis fort. Autrement dit c’est lorsque je n’ai plus de sécurité humaine, lorsque je ne suis pas dans ma zone de confort, que je dois m’en remettre à Dieu, que je m’appuie sur la Force de Dieu. La seule solution face aux tribulations c’est de vivre dans la confiance en la Parole du Christ qui nous dit : « Confiance, j’ai vaincu le monde ». Je me souviens lorsque petit scout nous faisons des raids en solitaire combien nous mesurions notre petitesse et combien nous nous tournions plus facilement vers le Seigneur dans ces moments-là que dans le secret de notre chambre. Il convient donc de demander au Seigneur de faire de nous, par son Esprit, des forts. Ainsi au jour d’Épreuve nous serons capables d’être ses témoins authentiques. Si je demande au Seigneur l’Esprit force, j’aurai le courage dans la cour du lycée, face à ma belle famille, devant mes collègues de bureau ou dans la rue de témoigner de la vérité et du Christ même si je me retrouve seul contre tous. Oui Viens Esprit de Force !
La force est aussi une vertu à cultiver par mon effort personnel. J’aime à suggérer à des adolescents, mais je crois que c’est valable pour tout le monde, ces petits exercices spirituels : choisir de renoncer à un petit plaisir : une cigarette, un carré de chocolat, une application ipad, 1 h de jeu vidéo, un bon film, à un diner en ville… non pour le plaisir de renoncer, mais pour choisir quelque chose de meilleur. Casser une petite habitude, combattre un petit péché mignon… autant d’efforts qui font grandir en nous la force et nous font choisir le bien véritable, celui qui ne sera pas détruit par l’avènement du Fils de l’homme. Pourquoi ne pas prendre cette semaine une résolution dans ce sens ?
Venons souvent puiser au pied de l’autel, au confessionnal ou un chapelet à la main de force que Dieu donne et nous serons, j’en suis sûr prêt le jour J à être de véritables Témoins du Christ et plus tard prêt à venir à paraître devenant notre juge et notre Sauveur, le Christ qui a donné sa vie pour nous.
Amen !